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L’agneau de lait corse prêt à conquérir le marché parisien pour Pâques


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Lundi 23 Décembre 2024 à 11:23

L’agneau de lait corse pourrait figurer en bonne place sur les tables parisiennes pour les fêtes de Pâques. Dans le cadre du projet visant à créer un marché de gros en Corse, un test grandeur nature autour de ce produit de choix est en effet programmé. Une bonne nouvelle pour cette filière qui traverse bien des difficultés !



La création d’un marché de gros n’est pas une mince affaire. “Depuis trois ans, je suis en contact avec Rungis et notamment son président, Stéphane Layali”, explique Joseph Colombani, Président de la Chambre d’Agriculture de Haute-Corse et du syndicat FDSEA. C’est à ce double titre qu’il travaille à ce projet important, auquel l’ODARC s’est rallié en janvier 2024, en acceptant de financer l’étude de faisabilité nécessaire à sa création. Ce contact privilégié est précieux : l’expérience du marché de Rungis est un atout pour la réussite du projet. “Rungis, c’est le meilleur pour son savoir-faire : il installe des marchés de ce type dans le monde entier”, estime Joseph Colombani, soulignant la volonté du Président de cette structure, de créer des réseaux de marché de gros qui s’appuient sur une production locale, l’objectif étant de travailler sur la souveraineté alimentaire : “On parle bien de soutenir la production locale, insiste-t-il, pas d’organiser l’importation de marchandises en Corse !"

Tester un produit emblématique
C’est dans ce cadre que Stéphane Layali a proposé de travailler un produit particulier qui pourrait concrètement démontrer qu’un partenariat avec Rungis est possible. Un test, en quelque sorte. Le choix a porté sur l’agneau de lait corse. L’opération, pilotée par la Chambre d’Agriculture de Haute-Corse, se fait en partenariat avec le Marché International de Rungis, bien sûr, mais également la Fédération des bouchers de Rungis, la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Île-de-France et la Fédération des bouchers parisiens. Elle se déroule en plusieurs rounds.

Un premier essai vient d’être effectué : après abattage, cinquante agneaux ont été envoyés à Rungis le 6 décembre. Reçus à Paris le 9 décembre, ils ont alors franchi les différentes étapes, de la vente aux bouchers jusqu’au consommateur final. Les trois grossistes en viande du marché spécialisés sur les petits ruminants, dont un spécialiste des agneaux, ont rendu leur verdict lundi 16 décembre, après retours de leurs clients : le produit est bon, tant du point de vue de sa qualité que de son goût. L’essai est donc validé, même s’il y a encore des choses à améliorer. “Il faut faire des ajustements au niveau du transport, pour les délais et la sécurité,” explique Joseph Colombani. “Mais j’ai vu ça avec le transporteur. Nous y travaillons déjà. C’est un projet qui suit son cours : il s’améliore en permanence.”

Rendez-vous pris pour Pâques !
Le Président de Rungis avait imaginé tester ces agneaux pour les fêtes de Noël puis pour celles de Pâques. “Mais, pour Noël, nous avons un problème. On est un peu juste”, explique le Président de la Chambre d’Agriculture. À cela, deux raisons : le délai très court – Noël, c’est demain ! Et surtout la fièvre catarrhale qui a fait des ravages dans le cheptel corse : “Les bêtes sont belles, mais on a un déficit d’agneaux. Par contre, d’ores et déjà, l’engagement est pris de préparer Pâques. C’est une opération “agneau pascal”, avec ces mêmes agneaux corses que ceux que nous avons servis au repas du pape ! Rendez-vous est pris !”

Un rendez-vous qu’il va maintenant falloir élargir à toutes les parties prenantes, partenaires en Corse de cette opération, afin de les coordonner : l’abattoir de Cuttoli – qui était déjà dans la boucle – le GPC – U Gruppamentu di i Pastori Corsi – qui assure le ramassage des agneaux en Haute-Corse, l’AREO – Association Régionale des Éleveurs Ovins – qui fait, notamment, le ramassage en Corse-du-Sud, et évidemment le transporteur. “Il faudra être sûr des éleveurs, de la quantité et de la qualité, en tenant compte de l’expérience de ce premier essai, et bien caler notre prochain envoi.” Les organisateurs espèrent une commande de 500 à 600 agneaux. “C’est une action commerciale collective, sur le modèle de ce que font les viticulteurs ou les agrumiculteurs,” estime Joseph Colombani. “Nous voulons faire ça, de telle sorte que l’ensemble des producteurs d’agneaux corses soient susceptibles de profiter équitablement, et dans les meilleures conditions, de cette opportunité de marché.” 

Un beau cadeau de Noël...