Corse Net Infos - Pure player corse

François Alfonsi élu président de RetPS : "La France a besoin de se séparer de ses habitudes jacobines"


Livia Santana le Lundi 29 Août 2022 à 17:34

L'eurodéputé écologiste corse, François Alfonsi a pris la tête de la confédération de partis "Région peuple et solidaire", fédérant les élus venus des régions identitaires de France et d'Europe, ce samedi 27 août. Dans un entretien accordé à CNI, le nouveau président de la confédération de partis, membre depuis sa création en 1994, évoque l'autonomie des régions, cheval de bataille de sa mandature.



François Alfonsi élu président de RetPS : "La France a besoin de se séparer de ses habitudes jacobines"
- Vous venez d'être élu à la tête de la confédération de partis région peuples et solidaire, quelle direction allez-vous lui donner ?
D’abord, je tiens à rappeler que nous sommes composés de nombreux partis dont deux Corses (Femu a Corsica et le PNC), un parti breton, trois partis basques, deux Catalans, des Alsaciens, des Savoyards et des Occitans. Cette fédération a installé une structure solide aux dernières élections législatives notamment grâce au nombre de candidats élus et à l’accroissement du nombre de voix recueillies. Nous comptons aujourd’hui parmi nous nos parlementaires insulaires,mais aussi un Breton, Paul Molac et plusieurs élus en train de s’affilier à RPS. Ce sont des gens qui nous sont proches etavec qui nous sommes toujours en cours de discussions, mais qui devraient bientôt se rattacher. Les axes politiques de la fédération porteront sur l’ouverture du grand débat en Corse concernant la décentralisation et la régionalisation.Aujourd’hui on parle d’une réforme constitutionnelle et les autres partis régionaux veulent y être associés, ce qui est bon pour nous, car nous avons besoin qu’une opinion publique hexagonale se mobilise autour de cette question ambitieuse.
 
- Qu’aurez-vous à défendre durant cette mandature ?
- Nous avons besoin de changer la constitution française et faire en sorte que la revendication des territoires soit mieux entendue pour que les territoires puissent avoir le degré d’autogouvernement nécessaire pour qu’ils prennent pleinement en main leur avenir. Le centralisme français est une exception en Europe. La France a besoin de changer de structure, de se séparer de ses habitudes jacobines. En Corse nous sommes un peu en flèche pour porter cette nécessité, mais sur le continent, mais beaucoup de régions sont touchés par les mêmes problématiques que nous : la lutte pour le droit au logement dans des régions frappées par la spéculation immobilière, la lutte pour la défense des langues, l’immersion…lesmembres du RPS sont le noyau dur de ces revendications, mais nous sommes capables de fédérer autour de nous de nombreux autres responsables et élus des régions concernées. 

- Votre présence à la tête de la présidence permettra-t-elle à la Corse d'avoir plus de visibilité concernant la défense de la langue régionale ou l'autonomie ?
- La question de la langue régionale a été portée en commun par le groupe des députés, mais dont le rapporteur est Breton, Paul Molac. Il y a dans chaque action une convergence à faire, il faut s’unir pour aller le plus loin possible. Quand on rencontre un obstacle comme la censure du Conseil constitutionnel dans la loi Molac, il faut agir ensemble pour faire avancer la constitution. Tout le monde a intérêt à ce que le collectif se renforce pour cela, ma présence au conseil stratégique sur l’avenir de la Corse, au Parlement européen, mon mandat de député européen ont été les éléments qui ont fait penser que ma présidence permettrait de faire avancer les projets collectifs.

- La Corse a la tête de ce parti sera-t-elle la locomotive de l'autonomie des régions européennes ?
- L’autonomie des régions européennes est une réalité aux frontières de la France. En Belgique, en Italie, en Suisse, en Espagne, au Portugal, même au Royaume-Uni, il y a des régions autonomes au sein d’états fédéralistes. La règle c’est de l’autonomie pour des régions à forte identité et la capacité d’y enseigner leur langue. La seule exception est la France.

- Selon vous quelle place doivent avoir les régions dans les différentes assemblées françaises ?
Le mot région a perdu beaucoup de son sens à cause de ses découpages. La dernière réforme qui a nommé une région Grand Est ou Hauts-de-France ne correspond pas à des réalités sociologiques, historiques et culturelles. On est arrivé avec le Grand Est à enlever à l’Alsace sa personnalité régionale alors qu’on sait à quel point elle est forte et à quel point les Alsaciens y sont attachés. Pour redonner un sens, pour que chaque région se reconnaisse, il faut des solidarités, qu’elles travaillent ensemble à l’avenir de leur propre contrée. À la demande d’élus alsaciensbretons et basques, ces dossiers seront parmi les premiers à venir sur la table.