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François Filoni (RN) alerte sur la gestion de l'eau en Corse : "Il est urgent de passer à l'action"


Patrice Paquier Lorenzi le Lundi 26 Août 2024 à 18:43

Lors d'une conférence de presse, François Filoni, chef de file du Rassemblement National en Corse, a présenté ses solutions pour répondre aux défis de l'eau sur l'île. Face au changement climatique et au risque accru de pénurie, il préconise la construction de deux barrages à Cavu et Olivese, ainsi que des mesures pour réduire le gaspillage d'eau.



François Filoni, le. chef de file du RN en Corse, souhaite la construction de deux nouveaux barrages en Corse.
François Filoni, le. chef de file du RN en Corse, souhaite la construction de deux nouveaux barrages en Corse.

Vous avez tenu, une nouvelle fois, à alerter sur la problématique de la gestion de l’eau en Corse, pourquoi ?
Il existe trois éléments essentiels à la survie de l’humanité : la terre, l’air et l’eau. Je regrette que l’eau soit aujourd’hui traitée comme une marchandise par une directive européenne. Elle ne peut pas être réduite à cela. Sans eau, il n’y a pas de vie. Et l’actualité nous montre à quel point c’est crucial. Avec le dérèglement climatique, on peut recevoir l’équivalent de deux mois de pluie en deux jours, puis subir des mois de sécheresse. Il nous faut des infrastructures adaptées pour ne plus souffrir de ces situations extrêmes. On voit des villages sans eau, des restrictions partout, des habitants obligés d’aller puiser à la fontaine. Ce n’est plus acceptable en 2024. 


Pour vous, il manque clairement des infrastructures de stockage en Corse…
En Corse, il faut absolument préserver cette ressource en stockant l’eau efficacement. On ne peut pas rester des spectateurs qui constatent que l’hiver, on est inondés, et l’été, on manque d’eau. Nous proposons de construire des infrastructures respectueuses de l’environnement qui nous mettront à l’abri. Les barrages hydrauliques, en plus de stocker l’eau, permettent de produire une énergie propre, sans émissions de gaz à effet de serre et à moindre coût. Aujourd’hui, la Corse ne compte que 20 barrages, contre 37 pour la Sardaigne. Nous manquons de 400 millions de mètres cubes de stockage pour sécuriser l’île contre les risques de sécheresse et de rationnement pour les 50 ans à venir. 

Vous mettez souvent en avant la comparaison avec la Sardaigne qui, selon vous, a su mieux gérer ses ressources…
La comparaison avec la Sardaigne est frappante. La Corse et la Sardaigne reçoivent toutes deux plus de 8 milliards de mètres cubes d’eau de pluie par an. Mais la Sardaigne a su se doter de réserves 18 fois plus importantes que les nôtres. Ils ont pris les devants après une grave pénurie en 2005. Aujourd’hui, la Sardaigne est un modèle en Méditerranée, avec 1 800 millions de mètres cubes en réserve, soit de quoi tenir quatre années. Ils ont su investir dans la construction de barrages en montagne, acheminant l’eau via des canaux vers les zones côtières. 

La construction de barrages en Corse peut se heurter à l’opposition des maires ou des associations environnementales…
Il ne s’agit pas de tout bouleverser. Nous avons identifié deux sites prioritaires, à Cavu et Olivese, pour garantir l’approvisionnement en eau. Ce projet, estimé à 700 millions d’euros, pourrait être financé par l’État et les fonds européens. J’ai déjà reçu l’accord de Jordan Bardella et Marine Le Pen pour ce plan, qui ne coûterait presque rien à la Collectivité de Corse. On doit choisir entre laisser les habitants souffrir ou aménager nos ressources tout en préservant la biodiversité. Sans eau, la biodiversité disparaît. Beaucoup de petits cours d’eau en Corse sont déjà à sec, et avec eux, toute trace de vie. Ces barrages sont une nécessité pour assurer l’avenir de tous, sans vision marchande. 

Vous dénoncez également le gaspillage actuel…
Ce gaspillage est inadmissible. Sur 48 millions de mètres cubes d’eau destinés à l’agriculture, seulement 20 sont facturés. Les 28 millions restants se perdent à cause de fuites ou de branchements illégaux. C’est l’équivalent de cinq fois le barrage de Figari qui disparaît chaque année. C’est une aberration alors que certains peinent à payer leur facture d’eau. Nous devons mettre fin à ces pertes en réparant nos infrastructures et en optimisant la gestion de l’eau. 

La solution pourrait-elle passer par le réhaussement des barrages existants ?
Le réhaussement des barrages permettrait effectivement d’accroître notre capacité de stockage et la production d’électricité, mais cela se heurte à des contraintes européennes. Augmenter la capacité d’un barrage implique de remettre en jeu le contrat de concession et de l’ouvrir à la concurrence. En Corse, nous devons avant tout construire de nouvelles infrastructures pour rattraper notre retard. Cela nécessite un partenariat solide avec l’État et EDF, afin d’augmenter notre capacité de stockage de 400 millions de mètres cubes en construisant deux nouveaux barrages et en réhaussant les ouvrages existants.