- Quel est l’objet de cette rencontre avec le Préfet ?
- Nous avons un souci : l’association Casgiu Casanu n’a plus de financement officiel de l’Etat depuis le début de l’année 2014. L’Etat a décidé de ne financer que les chefs de file, c’est-à-dire les interprofessions. Au lieu d’avoir un financement direct de toutes les actions que nous menons sur la filière fermière-fourrage, nous sommes obligés de nous entendre avec l’interprofession laitière. Nous devions conventionner avec cette interprofession, mais, à ce jour, cela ne s’est toujours pas fait ! On se retrouve sans convention avec l’interprofession et sans financement de l’Etat !
- Pourquoi n’avez-vous pas signé de convention avec l’interprofession laitière ?
- Nous avons fait deux ou trois réunions où nous avons proposé un plan de convention. Ce plan n’a pas été mené à terme parce qu’il y a des dissensions au sein de cette interprofession. Certains sont d’accord pour conventionner avec nous, d’autres non ! On nous oblige à fonctionner avec une interprofession qui disfonctionne ! Ce disfonctionnement nous bloque !
- L’interprofession laitière a-t-elle le droit de refuser de conventionner avec vous ?
- Oui ! Elle n’est pas obligée ! Elle conventionne avec qui elle veut ! Cette interprofession nous a sollicités pour conventionner avec eux parce que, sur la filière fermière, Casgiu Casanu est une association relativement importante et représentative. Au départ, elle ne se voyait pas fonctionner sur le plan fermier sans nous ! Puis, finalement, pour des raisons politiques, elle ne nous renvoit pas la convention. Si retour il y a, ce ne sera pas pour un montant qui permettra à l’association de travailler sereinement.
- Qu’allez-vous faire ?
- Nous allons nous battre jusqu’au bout pour cette association. La profession de berger est en péril. Il y a de moins en moins de bergers. C’est un métier difficile que les jeunes n'ont plus envie de faire. Avoir un atelier aux normes, c’est compliqué et ça coûte de l’argent ! Depuis 15 ans, nous faisons un travail considérable pour accompagner les bergers dans leur démarche sanitaire. Nous faisons des autocontrôles sur nos fromages. Casgiu Casanu a permis des avancées considérables au niveau professionnel. Nous sommes les partenaires des DSV, de la filière fermière au niveau national… Les producteurs ne sont plus isolés dans leur coin, l’association les représente. Ils sont encadrés techniquement et font des formations professionnelles. Tout cela est pris en charge par l’association qui a professionnalisé cette filière et l’a tiré vers le haut. Si Casgiu Casanu disparaît, il n’y aura plus rien !
- Combien reste-t-il de bergers en Corse aujourd’hui ?
- Il reste plus de 700 bergers ovins-caprins dont 280 qui font leur fromage. La Corse est un cas particulier, les autres régions de France compte beaucoup moins de fermiers. Elles ont surtout des coopératives ou des producteurs de lait. La moitié de la profession des bergers fermiers corses est adhérente à Casgiu Casanu.
- Sans ces aides, vous ne pouvez plus fonctionner ?
- Ces aides concernent un plan de financement 2014-2020. Casgiu Casanu a deux salariés parce que nous faisons beaucoup de choses. Si nous n’avons plus ces aides, je ne vois pas comment nous pouvons faire ! Jusqu’à présent, nous étions considérés comme représentant à part entière de la filière fermière. Maintenant, nous ne le sommes plus !
- Avez-vous sollicité l’intervention de l’Assemblée de Corse ou de l’ODARC ?
- Oui. Le président de l’Assemblée de Corse nous soutient et a adressé, en ce sens, un courrier au préfet. La filière lait dépend de FranceAgriMer, c’est-à-dire de l’Etat, l’ODARC ne s’en occupe plus et ne dispose plus d’argent pour cette filière. On ne souscrit pas à des aides ODARC.
- Y-a-t-il, dans d’autres régions, des associations de bergers qui rencontrent le même problème ?
- Les Basques, avec qui nous sommes en contact, ont, également, ce type de problème. Mais ils bénéficient d’autres financements. La région les prend en compte. Ce souci nous tombe dessus un peu brutalement ! Nous n’avons pas encore de solutions. Nous allons, dans l’immédiat, nous axer à obtenir les financements auxquels nous avons droit. D’un côté, l’Etat nous reconnaît car nous sommes ses partenaires officiels quand il a besoin. Quand il y a des problèmes sanitaires ou de fraudes, Casgiu Casanu est le représentant légal des fermiers. De l’autre côté, l’Etat nous dit qu’il ne peut plus nous financer parce que nous ne sommes pas dans le chef de file ! Ce double jeu n’est pas logique !
- Qu’allez-vous exactement demander au Préfet ?
- Nous allons demander d’être pris en compte à part entière. On nous impose des critères d’éligibilité aux aides qui sont le chef de file, alors que, pour nous, le chef de file ne fonctionne pas ! Nous sommes à jour de nos AG, de nos statuts, fiscalement, socialement et nous répondons complètement aux critères de professionnalisation de la filière fermière. A côté, il n’y a rien ! On veut empêcher les gens, qui travaillent, de travailler ! En tant que bergère, je ne me vois pas revenir 15 ans en arrière avec aucune structuration de la filière !
Propos recueillis par Nicole MARI
- Nous avons un souci : l’association Casgiu Casanu n’a plus de financement officiel de l’Etat depuis le début de l’année 2014. L’Etat a décidé de ne financer que les chefs de file, c’est-à-dire les interprofessions. Au lieu d’avoir un financement direct de toutes les actions que nous menons sur la filière fermière-fourrage, nous sommes obligés de nous entendre avec l’interprofession laitière. Nous devions conventionner avec cette interprofession, mais, à ce jour, cela ne s’est toujours pas fait ! On se retrouve sans convention avec l’interprofession et sans financement de l’Etat !
- Pourquoi n’avez-vous pas signé de convention avec l’interprofession laitière ?
- Nous avons fait deux ou trois réunions où nous avons proposé un plan de convention. Ce plan n’a pas été mené à terme parce qu’il y a des dissensions au sein de cette interprofession. Certains sont d’accord pour conventionner avec nous, d’autres non ! On nous oblige à fonctionner avec une interprofession qui disfonctionne ! Ce disfonctionnement nous bloque !
- L’interprofession laitière a-t-elle le droit de refuser de conventionner avec vous ?
- Oui ! Elle n’est pas obligée ! Elle conventionne avec qui elle veut ! Cette interprofession nous a sollicités pour conventionner avec eux parce que, sur la filière fermière, Casgiu Casanu est une association relativement importante et représentative. Au départ, elle ne se voyait pas fonctionner sur le plan fermier sans nous ! Puis, finalement, pour des raisons politiques, elle ne nous renvoit pas la convention. Si retour il y a, ce ne sera pas pour un montant qui permettra à l’association de travailler sereinement.
- Qu’allez-vous faire ?
- Nous allons nous battre jusqu’au bout pour cette association. La profession de berger est en péril. Il y a de moins en moins de bergers. C’est un métier difficile que les jeunes n'ont plus envie de faire. Avoir un atelier aux normes, c’est compliqué et ça coûte de l’argent ! Depuis 15 ans, nous faisons un travail considérable pour accompagner les bergers dans leur démarche sanitaire. Nous faisons des autocontrôles sur nos fromages. Casgiu Casanu a permis des avancées considérables au niveau professionnel. Nous sommes les partenaires des DSV, de la filière fermière au niveau national… Les producteurs ne sont plus isolés dans leur coin, l’association les représente. Ils sont encadrés techniquement et font des formations professionnelles. Tout cela est pris en charge par l’association qui a professionnalisé cette filière et l’a tiré vers le haut. Si Casgiu Casanu disparaît, il n’y aura plus rien !
- Combien reste-t-il de bergers en Corse aujourd’hui ?
- Il reste plus de 700 bergers ovins-caprins dont 280 qui font leur fromage. La Corse est un cas particulier, les autres régions de France compte beaucoup moins de fermiers. Elles ont surtout des coopératives ou des producteurs de lait. La moitié de la profession des bergers fermiers corses est adhérente à Casgiu Casanu.
- Sans ces aides, vous ne pouvez plus fonctionner ?
- Ces aides concernent un plan de financement 2014-2020. Casgiu Casanu a deux salariés parce que nous faisons beaucoup de choses. Si nous n’avons plus ces aides, je ne vois pas comment nous pouvons faire ! Jusqu’à présent, nous étions considérés comme représentant à part entière de la filière fermière. Maintenant, nous ne le sommes plus !
- Avez-vous sollicité l’intervention de l’Assemblée de Corse ou de l’ODARC ?
- Oui. Le président de l’Assemblée de Corse nous soutient et a adressé, en ce sens, un courrier au préfet. La filière lait dépend de FranceAgriMer, c’est-à-dire de l’Etat, l’ODARC ne s’en occupe plus et ne dispose plus d’argent pour cette filière. On ne souscrit pas à des aides ODARC.
- Y-a-t-il, dans d’autres régions, des associations de bergers qui rencontrent le même problème ?
- Les Basques, avec qui nous sommes en contact, ont, également, ce type de problème. Mais ils bénéficient d’autres financements. La région les prend en compte. Ce souci nous tombe dessus un peu brutalement ! Nous n’avons pas encore de solutions. Nous allons, dans l’immédiat, nous axer à obtenir les financements auxquels nous avons droit. D’un côté, l’Etat nous reconnaît car nous sommes ses partenaires officiels quand il a besoin. Quand il y a des problèmes sanitaires ou de fraudes, Casgiu Casanu est le représentant légal des fermiers. De l’autre côté, l’Etat nous dit qu’il ne peut plus nous financer parce que nous ne sommes pas dans le chef de file ! Ce double jeu n’est pas logique !
- Qu’allez-vous exactement demander au Préfet ?
- Nous allons demander d’être pris en compte à part entière. On nous impose des critères d’éligibilité aux aides qui sont le chef de file, alors que, pour nous, le chef de file ne fonctionne pas ! Nous sommes à jour de nos AG, de nos statuts, fiscalement, socialement et nous répondons complètement aux critères de professionnalisation de la filière fermière. A côté, il n’y a rien ! On veut empêcher les gens, qui travaillent, de travailler ! En tant que bergère, je ne me vois pas revenir 15 ans en arrière avec aucune structuration de la filière !
Propos recueillis par Nicole MARI
Nelly Lazzarini, productrice fermière et présidente de Casgiu Casanu.