C’est ce samedi que s’est tenue à Corti a Ghjurnata internaziunale de Corsica Libera avec des débats ramassés sur une journée. Ce rendez-vous incontournable, qui clôt traditionnellement début août la séquence parlementaire avant la trêve estivale, avait été ajourné pour cause de crise sanitaire et fait office de rentrée politique pour le parti indépendantiste. Une rentrée morose, presque confidentielle, bien loin des grandes messes habituelles, et marquée les séquelles de la défaite électorale du parti aux dernières élections territoriales de juin et ses conséquences en termes d’exercice des responsabilités, mais aussi par le retour sur la scène médiatique du FLNC. Si les débats habituels ont été maintenus, notamment le débat international avec des invités récurrents de Catalogne, de Kanakie, du Pays basque, de Sardaigne et de Kabylie en visio, et le débat Sulidarità concernant les prisonniers politiques, a Ghjurnata s’est symboliquement, ouverte par un débat public sur la santé publique, organisé par le Collectif pour la création d’un CHU en Corse. Autour de son président, le Dr François Benedetti, étaient réunis les Professeurs Laurent Papazian, chef de service réanimation à l’Hôpital Nord à Marseille, et Guy Moulin-Paoli, chef de service radiologie à la Timone, ainsi que le Dr Laurence Gabrielli, enseignante, qui représentait le président de l’université.
Un retard à combler
Si la création d’un CHU est le cheval de bataille de Corsica Libera, « ce projet fait consensus depuis plusieurs mois » précise d’emblée le Dr François Benedetti. Il rappelle que cette revendication d’un Centre hospitalier universitaire multi-sites a été inscrite, dès 2010, dans le programme Corsica 21 du parti indépendantiste avec la création d’une assistance publique des hôpitaux. « La crise sanitaire a révélé les faiblesses de notre système de santé en Corse. Il y a des gens compétents et dévoués dans les hôpitaux, les structures privées, les professions libérales et qui peuvent porter des formations, mais celles-ci ne se font pas dans le milieu universitaire ». Il revient sur la mise en place par l’Etat des centres hospitaliers régionaux « qui devaient apporter l’offre de soins nécessaire à la population dans tous les chefs-lieux de département. Quand ils étaient proches d’une université, ces hôpitaux passaient des conventions pour la recherche et la formation et devenir un CHU ». Partout sur le territoire français « sauf en Corse ! Il y a un retard qu’il faut combler. Est-on une sous-région, sous-développée, sous-équipée ? On dit qu’il n’y a pas assez d’habitants en Corse ! En Martinique, il y a bien un CHU ! En Guadeloupe, aussi. Il va y en avoir un en Guyane, donc quand on veut, on peut ! ».
Une dépendance sanitaire
Pour lui, la responsabilité est régalienne. « Il faut imposer à l’État d’appliquer la règle constitutionnelle et d’apporter à la Corse une égalité d’accès aux soins comme dans toutes les régions de France. Je suis un Indépendantiste et je souhaite la fin de la dépendance sanitaire, qu’on arrête de considérer comme normal le départ systématique à Marseille, Nice ou Paris pour consulter ou se faire soigner. 26 000 personnes partent se faire soigner ailleurs, c’est une anomalie à notre époque ! C’est l’Etat qui doit prendre cette décision, on ne peut pas demander à l’ARS dans un couloir, entre deux réunions, de créer telle ou telle consultation avancée ». Côté financier, il affirme que « c’est normal que ce soit l’Etat qui finance ! Le PRS (Plan régional de santé) avait prévu plusieurs choses, PET-scan…, mais rien n’avait été budgété. Le premier PRS n’a même pas utilisé la totalité des financements prévus ». Pour l’ex-conseiller territorial, il est urgent que l’Assemblée de Corse demande un transfert de compétences « pour qu’on puisse gérer nous-mêmes la santé, voir ce dont nous avons besoin et ce qu’il nous faut. Si la Corse continue comme cela, ce sera une catastrophe sur le plan sanitaire qui entrainera une catastrophe sur le plan économique ».
Un retard à combler
Si la création d’un CHU est le cheval de bataille de Corsica Libera, « ce projet fait consensus depuis plusieurs mois » précise d’emblée le Dr François Benedetti. Il rappelle que cette revendication d’un Centre hospitalier universitaire multi-sites a été inscrite, dès 2010, dans le programme Corsica 21 du parti indépendantiste avec la création d’une assistance publique des hôpitaux. « La crise sanitaire a révélé les faiblesses de notre système de santé en Corse. Il y a des gens compétents et dévoués dans les hôpitaux, les structures privées, les professions libérales et qui peuvent porter des formations, mais celles-ci ne se font pas dans le milieu universitaire ». Il revient sur la mise en place par l’Etat des centres hospitaliers régionaux « qui devaient apporter l’offre de soins nécessaire à la population dans tous les chefs-lieux de département. Quand ils étaient proches d’une université, ces hôpitaux passaient des conventions pour la recherche et la formation et devenir un CHU ». Partout sur le territoire français « sauf en Corse ! Il y a un retard qu’il faut combler. Est-on une sous-région, sous-développée, sous-équipée ? On dit qu’il n’y a pas assez d’habitants en Corse ! En Martinique, il y a bien un CHU ! En Guadeloupe, aussi. Il va y en avoir un en Guyane, donc quand on veut, on peut ! ».
Une dépendance sanitaire
Pour lui, la responsabilité est régalienne. « Il faut imposer à l’État d’appliquer la règle constitutionnelle et d’apporter à la Corse une égalité d’accès aux soins comme dans toutes les régions de France. Je suis un Indépendantiste et je souhaite la fin de la dépendance sanitaire, qu’on arrête de considérer comme normal le départ systématique à Marseille, Nice ou Paris pour consulter ou se faire soigner. 26 000 personnes partent se faire soigner ailleurs, c’est une anomalie à notre époque ! C’est l’Etat qui doit prendre cette décision, on ne peut pas demander à l’ARS dans un couloir, entre deux réunions, de créer telle ou telle consultation avancée ». Côté financier, il affirme que « c’est normal que ce soit l’Etat qui finance ! Le PRS (Plan régional de santé) avait prévu plusieurs choses, PET-scan…, mais rien n’avait été budgété. Le premier PRS n’a même pas utilisé la totalité des financements prévus ». Pour l’ex-conseiller territorial, il est urgent que l’Assemblée de Corse demande un transfert de compétences « pour qu’on puisse gérer nous-mêmes la santé, voir ce dont nous avons besoin et ce qu’il nous faut. Si la Corse continue comme cela, ce sera une catastrophe sur le plan sanitaire qui entrainera une catastrophe sur le plan économique ».
Une formation d’alternance
L’autre enjeu d’un CHU est la formation universitaire et les études de médecine qui ont la particularité, explique le Dr Laurence Gabrielli, d’être une formation d’alternance. « Comment pourrait-on avoir l’ambition de former ici, à l’université, des 2ème et 3ème années de médecine à horizon 2023, comme le souhaite le président Federici, sans CHU ? On va avoir besoin d’enseignants, les universités partenaires vont en fournir, mais aussi de professeurs encadrants et surtout de terrains de stages. Soit, on conventionne avec Marseille ou Paris, soit on trouve des terrains de stages ici, mais il y a l’absolue nécessité d’avoir des gens formés pour expliquer et encadrer, et qui ont le temps et l’envie de le faire. Et ça, cà s’appelle un CHU ! S’il n’y a pas une structure hospitalière capable d’accueillir des étudiants, il n’y aura pas en Corse d’études de médecine ! ».
Un rôle moteur
Pour le Pr Laurent Papazian, l’université joue un rôle moteur dans la constitution d’un CHU. « Un CHU est un hôpital ou un ensemble d’hôpitaux qui a une convention avec l’Université dans laquelle il existe une école de médecine. Les deux doivent avancer de façon parallèle. L’université doit structurer sa formation et ses unités de recherche. C’est fondamental dans la création d’un CHU ! Il y a, ensuite, l’aspect soins avec la nécessité d’avoir des soins organisés et de haut niveau ». Il évoque, lui aussi, l’aspect financier, principal obstacle à une telle création. « Tout cela coûte beaucoup d’argent, donc il faut un modèle économique qui tienne la route et que l’État soit convaincu du bien-fondé de la démarche. C’est extrêmement important ! Le fait que la Corse soit la seule région de France où il n’y a pas de structure de ce type est déjà en soi une injustice, mais il faut que l’État soit prêt à investir et à investir de façon importante. Les soins coûtent très cher et le déficit est beaucoup plus important dans les grands centres hospitaliers, comme les CHU, que dans les petits. Tout cela doit être pensé et prévu dans une réflexion globale ». Tout en précisant : « Un CHU rapporte aussi beaucoup parce qu’il crée et structure la recherche et l’innovation pour le territoire. De ce point de vue-là, c’est un investissement sur le moyen et le long terme ».
Une attractivité médicale
Le professeur Laurent Papazian met, pour sa part, l’accent sur un troisième enjeu : l’attractivité. Un CHU « est un moyen d’attirer les médecins, qui font leur internat ailleurs et qui pourraient revenir développer un projet professionnel précis. C’était très compliqué dans une spécialité comme la mienne de revenir ici, surtout quand on voulait faire évoluer les choses ». La priorité est d’identifier par un travail collectif « les filières par lesquelles commencer, celles qui manquent cruellement de médecins, celles où il y a une dépendance avec des patients qui sont obligés de partir régulièrement sur le continent pour se faire soigner, en même temps rassurer nos confrères qui travaillent dans des spécialités où le besoin est moins important. Il faut considérer la masse critique : les modalités d’exercice ont évolué, le temps où une spécialité reposait sur une seule personne est fini ! Le CHU permet d’avoir cette masse critique, d’attirer des jeunes qui peuvent être titularisés sur des postes hospitaliers et deviennent praticiens ». Pour lui, il faut débuter par une spécialité et avancer pas à pas : « Ce n’est pas possible autrement. On ne peut pas tout avoir d’un seul coup ! Ce n’est pas quelque chose d’irréalisable, mais de progressif. Le CHU est un des outils pour compenser le manque de médecins, ce n’est pas le seul, mais il faut commencer ».
L’autre enjeu d’un CHU est la formation universitaire et les études de médecine qui ont la particularité, explique le Dr Laurence Gabrielli, d’être une formation d’alternance. « Comment pourrait-on avoir l’ambition de former ici, à l’université, des 2ème et 3ème années de médecine à horizon 2023, comme le souhaite le président Federici, sans CHU ? On va avoir besoin d’enseignants, les universités partenaires vont en fournir, mais aussi de professeurs encadrants et surtout de terrains de stages. Soit, on conventionne avec Marseille ou Paris, soit on trouve des terrains de stages ici, mais il y a l’absolue nécessité d’avoir des gens formés pour expliquer et encadrer, et qui ont le temps et l’envie de le faire. Et ça, cà s’appelle un CHU ! S’il n’y a pas une structure hospitalière capable d’accueillir des étudiants, il n’y aura pas en Corse d’études de médecine ! ».
Un rôle moteur
Pour le Pr Laurent Papazian, l’université joue un rôle moteur dans la constitution d’un CHU. « Un CHU est un hôpital ou un ensemble d’hôpitaux qui a une convention avec l’Université dans laquelle il existe une école de médecine. Les deux doivent avancer de façon parallèle. L’université doit structurer sa formation et ses unités de recherche. C’est fondamental dans la création d’un CHU ! Il y a, ensuite, l’aspect soins avec la nécessité d’avoir des soins organisés et de haut niveau ». Il évoque, lui aussi, l’aspect financier, principal obstacle à une telle création. « Tout cela coûte beaucoup d’argent, donc il faut un modèle économique qui tienne la route et que l’État soit convaincu du bien-fondé de la démarche. C’est extrêmement important ! Le fait que la Corse soit la seule région de France où il n’y a pas de structure de ce type est déjà en soi une injustice, mais il faut que l’État soit prêt à investir et à investir de façon importante. Les soins coûtent très cher et le déficit est beaucoup plus important dans les grands centres hospitaliers, comme les CHU, que dans les petits. Tout cela doit être pensé et prévu dans une réflexion globale ». Tout en précisant : « Un CHU rapporte aussi beaucoup parce qu’il crée et structure la recherche et l’innovation pour le territoire. De ce point de vue-là, c’est un investissement sur le moyen et le long terme ».
Une attractivité médicale
Le professeur Laurent Papazian met, pour sa part, l’accent sur un troisième enjeu : l’attractivité. Un CHU « est un moyen d’attirer les médecins, qui font leur internat ailleurs et qui pourraient revenir développer un projet professionnel précis. C’était très compliqué dans une spécialité comme la mienne de revenir ici, surtout quand on voulait faire évoluer les choses ». La priorité est d’identifier par un travail collectif « les filières par lesquelles commencer, celles qui manquent cruellement de médecins, celles où il y a une dépendance avec des patients qui sont obligés de partir régulièrement sur le continent pour se faire soigner, en même temps rassurer nos confrères qui travaillent dans des spécialités où le besoin est moins important. Il faut considérer la masse critique : les modalités d’exercice ont évolué, le temps où une spécialité reposait sur une seule personne est fini ! Le CHU permet d’avoir cette masse critique, d’attirer des jeunes qui peuvent être titularisés sur des postes hospitaliers et deviennent praticiens ». Pour lui, il faut débuter par une spécialité et avancer pas à pas : « Ce n’est pas possible autrement. On ne peut pas tout avoir d’un seul coup ! Ce n’est pas quelque chose d’irréalisable, mais de progressif. Le CHU est un des outils pour compenser le manque de médecins, ce n’est pas le seul, mais il faut commencer ».
Un rapport de forces
Le ton a viré nettement plus politique l’après-midi dès le premier débat sur la Ghjuventu in Lotta animé par les jeunes de la Ghjuventu Corsica Libera. Les étudiants ont soutenu la nécessité « de la lutte de masse » et des actions de terrains dans un rapport de forces assumé avec l’Etat face à ce qu’ils ont appelé « l’échec de la lutte institutionnelle ». Une stratégie reprise et développée en clôture lors du traditionnel discours de politique générale par, et c’est nouveau, le duo Josepha Giacometti-Piredda, seule militant à rester élue à l’Assemblée de Corse, et Petr’Anto Tomasi. Le parti indépendantiste a réaffirmé en préambule deux fondamentaux : « l’indépendance n’est pas un slogan » et un hommage aux clandestins « qui ont permis à notre peuple de ne pas disparaître ». Avant, sans grande surprise, de lâcher sa salve contre l’Etat : « Le comportement du gouvernement français est évidemment inacceptable comme le sont les rodomontades de son chef d’État. Nous demeurons convaincus que notre présence sur le terrain des luttes institutionnelles est plus que jamais indispensable. Indispensable, car elle est la seule à déranger vraiment l’État ». Donc, pas question pour le parti indépendantiste de remettre en cause, malgré le verdict des urnes, sa conviction profonde : « Seule une attitude de rapport de force, y compris institutionnel, et de résistance politique sera en mesure de lever tous les obstacles ».
Pas d’autonomie croupion
Dans la lignée, Corsica Libera continue de dénoncer « l’autre voie » choisie, estime-t-il, par la nouvelle majorité territoriale « d’une gestion du système en place et du refus assumé d’une opposition franche face à Paris. Cette stratégie ne peut, selon nous, que conduire à l’impasse ». Pour lui, la solution ne peut pas venir d’une autonomie progressive dans le cadre de la République comme le propose Régions de France : « Corsica Libera se déclare formellement opposé à toute future évolution sous forme de pseudo-autonomie croupion qui n’aurait d’autre objectif que de réduire par le biais d’institutions dévoyées la voix et la représentativité du courant indépendantiste corse ». Le parti se donne six ans pour changer la donne et « être au cœur d’un mouvement plus large encore, associant tous ceux qui ne renonceront jamais au projet national ». Il appelle ses militants et l’ensemble des Corses à le rejoindre lors de sa prochaine assemblée générale qui sera l’occasion de démontrer « notre capacité à nous restructurer et à nous inscrire dans cet élan nouveau ».
N.M.
Le ton a viré nettement plus politique l’après-midi dès le premier débat sur la Ghjuventu in Lotta animé par les jeunes de la Ghjuventu Corsica Libera. Les étudiants ont soutenu la nécessité « de la lutte de masse » et des actions de terrains dans un rapport de forces assumé avec l’Etat face à ce qu’ils ont appelé « l’échec de la lutte institutionnelle ». Une stratégie reprise et développée en clôture lors du traditionnel discours de politique générale par, et c’est nouveau, le duo Josepha Giacometti-Piredda, seule militant à rester élue à l’Assemblée de Corse, et Petr’Anto Tomasi. Le parti indépendantiste a réaffirmé en préambule deux fondamentaux : « l’indépendance n’est pas un slogan » et un hommage aux clandestins « qui ont permis à notre peuple de ne pas disparaître ». Avant, sans grande surprise, de lâcher sa salve contre l’Etat : « Le comportement du gouvernement français est évidemment inacceptable comme le sont les rodomontades de son chef d’État. Nous demeurons convaincus que notre présence sur le terrain des luttes institutionnelles est plus que jamais indispensable. Indispensable, car elle est la seule à déranger vraiment l’État ». Donc, pas question pour le parti indépendantiste de remettre en cause, malgré le verdict des urnes, sa conviction profonde : « Seule une attitude de rapport de force, y compris institutionnel, et de résistance politique sera en mesure de lever tous les obstacles ».
Pas d’autonomie croupion
Dans la lignée, Corsica Libera continue de dénoncer « l’autre voie » choisie, estime-t-il, par la nouvelle majorité territoriale « d’une gestion du système en place et du refus assumé d’une opposition franche face à Paris. Cette stratégie ne peut, selon nous, que conduire à l’impasse ». Pour lui, la solution ne peut pas venir d’une autonomie progressive dans le cadre de la République comme le propose Régions de France : « Corsica Libera se déclare formellement opposé à toute future évolution sous forme de pseudo-autonomie croupion qui n’aurait d’autre objectif que de réduire par le biais d’institutions dévoyées la voix et la représentativité du courant indépendantiste corse ». Le parti se donne six ans pour changer la donne et « être au cœur d’un mouvement plus large encore, associant tous ceux qui ne renonceront jamais au projet national ». Il appelle ses militants et l’ensemble des Corses à le rejoindre lors de sa prochaine assemblée générale qui sera l’occasion de démontrer « notre capacité à nous restructurer et à nous inscrire dans cet élan nouveau ».
N.M.