- Que retenez-vous de cette visite de Gérald Darmanin ?
- Ces deux jours ont été utiles. Le ministre de l’Intérieur a annoncé d’emblée qu’il ne ferait pas d’annonce sur le contenu de la position de l’Etat. Il laissera cette primeur au président de la République dont la visite est confirmée les 27 et 28 septembre. Je retiens donc que cette visite de Gérald Darmanin en Corse est préparatoire de la visite du président de la République. Néanmoins, ce qui ressort clairement dans les discussions que j’ai eu avec lui, c’est qu’au moins, le principe et la nécessité d’un statut d’autonomie et d’une solution politique globale est acquis. Reste maintenant, et ce sera le travail des semaines et des mois à-venir, d’abord à entendre et écouter ce que dira le président de la République, ensuite à donner un contenu concret à ce statut et à cette solution politique globale et que soit pris en compte ce pourquoi nous avons été mandatés par les Corses.
- Le ministre dit que la délibération du 5 juillet est irrecevable en l’état et vous demande de travailler à un compromis avec la droite. Comment réagissez-vous ?
- Je ne le dirais pas cela. Une bonne partie de l’entretien avec Gérald Darmanin a été consacrée à la présentation et à l’explication de cette délibération qui a été adoptée à une très large majorité, au delà de la majorité territoriale, par plus de 75% de l’Assemblée de Corse. Ce vote et cette délibération sont venus parachever trois scrutins territoriaux successifs et restent en l’état le point central de la discussion que nous devons poursuivre avec l’Etat. La droite n’a pas voté cette délibération, c’est son droit le plus absolu. Notre responsabilité est de rechercher un compromis encore plus large avec la société corse toute entière, les forces politiques et l’ensemble des forces vives tout en poursuivant la discussion avec l’Etat.
- La droite veut s’aligner sur le plus petit dénominateur commun, ne craigniez-vous pas un consensus à minima ?
- Je ne crois pas que la question se pose en ces termes. D’abord, nous aurons à parler entre nationalistes de la situation politique actuelle et à chercher entre nationalistes des voies et des positions communes. Ce travail s’étendra bien sûr au-delà des nationalistes. Je ne crois pas qu’aujourd’hui le choix doive se poser entre : pas d’accord ou un accord à minima. Notre volonté, celle des Corses exprimée massivement par le suffrage universel, est qu’il y ait un accord politique qui intègre ce qui est pour nous essentiel. Nous avons la légitimité donnée par les Corses et la légitimité de la délibération de l’Assemblée de Corse. Nous sommes ouverts à re chercher des points d’équilibre au-delà des Nationalistes, mais on ne peut pas nous demander de renoncer à notre légitimité et à ce que nous considérons comme des fondamentaux. Il y a donc un travail à faire. Nous chercherons à élargir autant que possible parce que c’est notre responsabilité, mais il faut que les autres aussi fassent ce même pas et ce même chemin. On ne peut pas conditionner l’issue du processus à l’unanimité totale en Corse. C’est dans cet état d’esprit que nous allons vers la suite des discussions.
- Cela signifie que vous allez tenir bon sur la reconnaissance du peuple corse, la coofficialité de la langue et le statut de résident ?
- Cela fait partie des éléments essentiels. Il faut voir de quelle façon nous allons pouvoir les prendre en compte, les mettre en perspective, les faire acter. C’est le travail politique qui nous attend dans les jours et les semaines à-venir.
- Avez-vous abordé avec le ministre la question de l’inscription de la Corse dans la Constitution ?
- Cela a été évoqué par le ministre publiquement. Aujourd’hui, une des options privilégiées par Gérald Darmanin est d’avoir une mention spécifique consacrée à la Corse, très certainement la proposera-t-il au président de la République qui aura, in fine, le dernier mot. En ce qui nous concerne, nous sommes favorables à l’inscription de la Corse dans la Constitution mais au-delà de cette mention de principe, ce qui compte, c’est le contenu, la formulation qui sera retenue et les perspectives institutionnelles et politiques qu’elle ouvrira. Pour nous, elle doit permettre d’aller vers un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice.
- Qu’attendez-vous de la venue d’Emmanuel Macron ?
- Le processus de discussion entre la Corse et l’Etat a avancé. Il doit beaucoup à l’engagement personnel du ministre Darmanin, et aussi, je crois, à l’esprit de responsabilité dont ont su faire preuve les élus, notamment la majorité territoriale et les forces nationalistes. La venue du président de la République est nécessairement un moment très important. Ce qu’il dira à la Corse et aux Corses, mais également à l’ensemble français, sur sa vision de la solution politique globale et du statut d’autonomie envisagés pour la Corse, sera certainement décisif. Nous préparons ce moment avec détermination, sérénité et volonté de réussir pour emmener la Corse sur un chemin de paix.
- Est-il prévu que vous rencontriez le président de la République avant sa venue dans l’île ?
- Pour l’instant, ce n’est pas prévu. Si j’ai l’occasion de le rencontrer, je lui expliquerai dans quel état d’esprit a été votée la délibération de l’Assemblée de Corse et lui réaffirmerai la volonté qui est la mienne, et qui est largement partagée en Corse, et je l’espère à Paris, que nous trouvions les chemins d’un accord politique qui passe par une réforme constitutionnelle qui, je le répète, doit être un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, une perspective d’enraciner la paix et la construction d’une solution politique.
- Qu’allez-vous faire concrètement dans l’intervalle ?
- Nous avons vocation, comme nous l’avons fait à l’Assemblée de Corse avec les présidents de groupe et apparentés, à discuter de ce qu’a dit le ministre, de son état d’esprit, de sa confirmation de la venue du président de la République. Ma responsabilité première est d’essayer de trouver des points d’équilibre autour de la délibération, qui a été votée par l’Assemblée de Corse et qui est, pour nous, le document de référence, afin de permettre un consensus le plus large possible. Nous devons essayer de faire partager l’essentiel de cette délibération au-delà de celles et ceux qui l’ont votée. Un travail d’échange va aussi continuer avec le ministre et les forces politiques françaises, les présidents de groupes parlementaires, la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, la Première ministre évidemment. J’ai sollicité des rendez-vous. Je pense que cela pourra se faire. Tout ceci doit permettre l’ouverture d’une phase décisionnelle qui conduira, je l’espère, à véritablement concrétiser ce processus.
Propos recueillis par Nicole Mari.
- Ces deux jours ont été utiles. Le ministre de l’Intérieur a annoncé d’emblée qu’il ne ferait pas d’annonce sur le contenu de la position de l’Etat. Il laissera cette primeur au président de la République dont la visite est confirmée les 27 et 28 septembre. Je retiens donc que cette visite de Gérald Darmanin en Corse est préparatoire de la visite du président de la République. Néanmoins, ce qui ressort clairement dans les discussions que j’ai eu avec lui, c’est qu’au moins, le principe et la nécessité d’un statut d’autonomie et d’une solution politique globale est acquis. Reste maintenant, et ce sera le travail des semaines et des mois à-venir, d’abord à entendre et écouter ce que dira le président de la République, ensuite à donner un contenu concret à ce statut et à cette solution politique globale et que soit pris en compte ce pourquoi nous avons été mandatés par les Corses.
- Le ministre dit que la délibération du 5 juillet est irrecevable en l’état et vous demande de travailler à un compromis avec la droite. Comment réagissez-vous ?
- Je ne le dirais pas cela. Une bonne partie de l’entretien avec Gérald Darmanin a été consacrée à la présentation et à l’explication de cette délibération qui a été adoptée à une très large majorité, au delà de la majorité territoriale, par plus de 75% de l’Assemblée de Corse. Ce vote et cette délibération sont venus parachever trois scrutins territoriaux successifs et restent en l’état le point central de la discussion que nous devons poursuivre avec l’Etat. La droite n’a pas voté cette délibération, c’est son droit le plus absolu. Notre responsabilité est de rechercher un compromis encore plus large avec la société corse toute entière, les forces politiques et l’ensemble des forces vives tout en poursuivant la discussion avec l’Etat.
- La droite veut s’aligner sur le plus petit dénominateur commun, ne craigniez-vous pas un consensus à minima ?
- Je ne crois pas que la question se pose en ces termes. D’abord, nous aurons à parler entre nationalistes de la situation politique actuelle et à chercher entre nationalistes des voies et des positions communes. Ce travail s’étendra bien sûr au-delà des nationalistes. Je ne crois pas qu’aujourd’hui le choix doive se poser entre : pas d’accord ou un accord à minima. Notre volonté, celle des Corses exprimée massivement par le suffrage universel, est qu’il y ait un accord politique qui intègre ce qui est pour nous essentiel. Nous avons la légitimité donnée par les Corses et la légitimité de la délibération de l’Assemblée de Corse. Nous sommes ouverts à re chercher des points d’équilibre au-delà des Nationalistes, mais on ne peut pas nous demander de renoncer à notre légitimité et à ce que nous considérons comme des fondamentaux. Il y a donc un travail à faire. Nous chercherons à élargir autant que possible parce que c’est notre responsabilité, mais il faut que les autres aussi fassent ce même pas et ce même chemin. On ne peut pas conditionner l’issue du processus à l’unanimité totale en Corse. C’est dans cet état d’esprit que nous allons vers la suite des discussions.
- Cela signifie que vous allez tenir bon sur la reconnaissance du peuple corse, la coofficialité de la langue et le statut de résident ?
- Cela fait partie des éléments essentiels. Il faut voir de quelle façon nous allons pouvoir les prendre en compte, les mettre en perspective, les faire acter. C’est le travail politique qui nous attend dans les jours et les semaines à-venir.
- Avez-vous abordé avec le ministre la question de l’inscription de la Corse dans la Constitution ?
- Cela a été évoqué par le ministre publiquement. Aujourd’hui, une des options privilégiées par Gérald Darmanin est d’avoir une mention spécifique consacrée à la Corse, très certainement la proposera-t-il au président de la République qui aura, in fine, le dernier mot. En ce qui nous concerne, nous sommes favorables à l’inscription de la Corse dans la Constitution mais au-delà de cette mention de principe, ce qui compte, c’est le contenu, la formulation qui sera retenue et les perspectives institutionnelles et politiques qu’elle ouvrira. Pour nous, elle doit permettre d’aller vers un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice.
- Qu’attendez-vous de la venue d’Emmanuel Macron ?
- Le processus de discussion entre la Corse et l’Etat a avancé. Il doit beaucoup à l’engagement personnel du ministre Darmanin, et aussi, je crois, à l’esprit de responsabilité dont ont su faire preuve les élus, notamment la majorité territoriale et les forces nationalistes. La venue du président de la République est nécessairement un moment très important. Ce qu’il dira à la Corse et aux Corses, mais également à l’ensemble français, sur sa vision de la solution politique globale et du statut d’autonomie envisagés pour la Corse, sera certainement décisif. Nous préparons ce moment avec détermination, sérénité et volonté de réussir pour emmener la Corse sur un chemin de paix.
- Est-il prévu que vous rencontriez le président de la République avant sa venue dans l’île ?
- Pour l’instant, ce n’est pas prévu. Si j’ai l’occasion de le rencontrer, je lui expliquerai dans quel état d’esprit a été votée la délibération de l’Assemblée de Corse et lui réaffirmerai la volonté qui est la mienne, et qui est largement partagée en Corse, et je l’espère à Paris, que nous trouvions les chemins d’un accord politique qui passe par une réforme constitutionnelle qui, je le répète, doit être un statut d’autonomie de plein droit et de plein exercice, une perspective d’enraciner la paix et la construction d’une solution politique.
- Qu’allez-vous faire concrètement dans l’intervalle ?
- Nous avons vocation, comme nous l’avons fait à l’Assemblée de Corse avec les présidents de groupe et apparentés, à discuter de ce qu’a dit le ministre, de son état d’esprit, de sa confirmation de la venue du président de la République. Ma responsabilité première est d’essayer de trouver des points d’équilibre autour de la délibération, qui a été votée par l’Assemblée de Corse et qui est, pour nous, le document de référence, afin de permettre un consensus le plus large possible. Nous devons essayer de faire partager l’essentiel de cette délibération au-delà de celles et ceux qui l’ont votée. Un travail d’échange va aussi continuer avec le ministre et les forces politiques françaises, les présidents de groupes parlementaires, la présidente de l’Assemblée nationale et le président du Sénat, la Première ministre évidemment. J’ai sollicité des rendez-vous. Je pense que cela pourra se faire. Tout ceci doit permettre l’ouverture d’une phase décisionnelle qui conduira, je l’espère, à véritablement concrétiser ce processus.
Propos recueillis par Nicole Mari.