Gilles Simeoni, leader d'Inseme per Bastia, conseiller municipal, élu territorial et candidat à la mairie de Bastia pour les élections municipales de mars prochain.
- Vous faites une critique virulente de la gestion de la ville. Pourquoi dites-vous qu’elle n’est pas celle que l’équipe Zucarelli affiche ?
- Parce c’est exactement la vérité ! Nous l’avons démontré, chiffres et exemples à l’appui. La Chambre régionale des comptes, dans un avis datant de 2010, a parlé de véritables dérives concernant la conduite des opérations structurantes, notamment celles de tous les marchés publics importants. Elle a montré que les opérations s’éternisaient et que ce retard entrainait des surcoûts conséquents. C’était vrai sous les mandatures précédentes et cela continue de l’être, malheureusement, aujourd’hui.
- De quelles opérations s’agit-il ?
- Je citerai 3 opérations que les Bastiais ont à l’esprit. Le coût du tunnel sur le Vieux Port, prévu à 10 milliards de francs, a atteint 30 milliards. La construction du Palais des gouverneurs devait durer 3 ans, la Mairie a mis 20 ans pour la faire ! Là aussi, le coût prévu de 3 millions € a été multiplié par 3 : on a fini à 15 millions ! Il a fallu 21 ans pour construire le Stade de Furiani, le seul stade qui est vieux sans jamais avoir été neuf ! Ce stade inachevé, annoncé à 9 millions €, a coûté 35 millions €. Ces 3 exemples ne font que refléter une réalité beaucoup plus large : à travers les avenants successifs, le prix initial annoncé n’est jamais le prix réel final payé par la collectivité.
- Le maire sortant affirme ne jamais avoir augmenté les taux d’imposition à Bastia. Pourquoi réfutez-vous cette affirmation ?
- C’est une affirmation péremptoire ! Entre 1990 et 2013, les taux d’imposition sont passés de 13% à 20%. Ils sont parmi les plus élevés pratiqués dans les villes de strate moyenne comme Bastia. Ce qui signifie que l’équipe sortante a beaucoup augmenté les impôts et qu’elle les a tellement augmentés qu’elle ne peut plus le faire !
- Vous l’accusez également d’occulter la réalité de la dette. De quelle manière ?
- L’ancienne majorité reconnaît 30 millions € de dettes pour la ville. Elle feint d’oublier d’y ajouter les 6 millions € d’emprunt contenu dans le budget annexe de stationnement, ce qui donne une dette réelle de 36 millions €. La dette de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia) est passée, en quelques années, de 6 à 36 millions €. Tous ces éléments vont nécessairement contraindre la marge de manœuvre de la prochaine majorité municipale. Comme nous espérons et pensons être cette prochaine majorité, nous voulons agir avec franchise vis-à-vis des Bastiais. Mais, ces marges budgétaires et financières n’excluent pas l’ambition et la part de rêve. Notre idéal est fort et nous nous donnerons les moyens de le concrétiser pour Bastia.
- Vous fustigez le manque de démocratie à Bastia. C’est une attaque récurrente !
- Oui ! Elle traduit, malheureusement, ce que vit Bastia depuis 50 ans. La démocratie, ce ne sont pas seulement des déclarations de principe ou des communiqués de presse vengeurs ! Mais, c’est une pratique au quotidien qui doit irriguer chacun des actes de la vie publique locale et chacune des décisions. Pour reconstruire cette ville, il faut reconstruire la démocratie ! C’est là-dessus que se fera la différence, entre les projets et les catalogues électoraux d’un côté et, de l’autre, la vision claire de ce que peut devenir Bastia avec les atouts qui sont les siens. Nous avons démontré pourquoi et comment il fallait changer les choses, notamment autour de 3 points fondamentaux. D’abord, le respect de tous les personnels de la ville et de la CAB avec un égal accès à l’emploi public, la transparence dans le déroulement des carrières, la défense de leurs droits, notamment dans l’exercice de leur fonction, et surtout le respect total de leur liberté de conscience et d’opinion.
- Ferez-vous une chasse aux sorcières si vous accédez aux responsabilités, comme le prétend la rumeur ?
- Absolument pas ! Nos adversaires répandent cette rumeur. Nous disons et nous répétons que les personnels de la ville et de la CAB ne doivent rien, ni au maire, ni à un parti politique quelqu’il soit, ni à personne. Ils sont absolument libres de leurs convictions. Personne n’a à savoir s’ils votent à gauche, à droite ou nationaliste. Etre employé dans une collectivité, c’est être au service de cette collectivité et avoir des droits et des devoirs. C’est dans cet état d’esprit que nous gèrerons la ville.
- Autre attaque récurrente : l’attribution des logements sociaux. A quoi vous engagez-vous ?
- C’est le 2ème point pour changer les choses. Nous voulons introduire de la transparence et de la lisibilité dans toutes les procédures. Les modalités concrètes de l’attribution des logements sociaux sont un véritable scandale ! Tout le monde sait que ce système est fondé sur les passe-droits et les interventions. Les autorités de tutelle font mine de ne pas le savoir. Nous voulons introduire des règles équitables, transparentes et lisibles à l’instar de ce qui a été fait dans certaines villes du continent.
- Que ferez-vous, au niveau des marchés publics, dont vous dénoncez également les conditions d’attribution ?
- C’est le 3ème point. On sait comment cela fonctionne depuis 50 ans. Il suffit de prendre la liste des appels d’offres ! Il faut que cela change ! Il y a des moyens, y compris techniques, de garantir un accès réel et égal de toutes les entreprises à la commande publique, notamment dans la façon d’allotir les lots, dans la publication effective des appels d’offres, dans la réduction des coûts pour les TPE (Très petites entreprises), dans la recherche de l’éco-conditionnalité ou le soutien aux entreprises d’insertion…
- Comment envisagez-vous le développement économique de la ville ?
- L’objectif est clair : redonner rapidement à Bastia son statut de capitale économique. Cet enjeu se décline autour de 4 axes principaux. Le 1er concerne les chantiers structurants pour améliorer le présent et préparer l’avenir en ayant une vision stratégique de la ville et de la CAB. Pour cela, il faut régler sans délai le problème de la circulation et du stationnement. Ensuite, doter la ville d’un corps cohérent d’aménagements urbains indispensables, comme le réaménagement du quai Sud, la construction d’un palais des festivités et d’un théâtre de verdure ou encore l’optimisation du port de commerce actuel. Enfin, nous entendons mener à son terme la réflexion sur la faisabilité du Port de la Carbonite, notamment en termes de coût, de modalités de raccordement au centre-ville, de financement et d’impact écologique.
- Pourquoi dites-vous qu’il est irresponsable de s’engager dès maintenant dans cette opération ?
- D’abord, il est évident que ce dossier n’est pas complet. Des questions, qui conditionnent sa faisabilité, restent clairement en suspens et n’ont pas de réponse : son coût, son financement, son impact écologique sur l’Arinella, la Marana et l’étang de Biguglia, son intégration dans la stratégie de développement économique global de la ville et dans la stratégie territoriale… L’intérêt de la Corse n’est pas de s’orienter vers un tourisme de masse rejeté par les Corses avec 9 millions de passagers transportés par mer. Ensuite, ce projet n’est pas pour la mandature à-venir. Tous les observateurs sérieux s’accordent à dire que le port de la Carbonite, à supposer qu’il se fasse, ne le sera pas avant 10 ou 15 ans ! Et, c’est là que Jean Zuccarelli n’est ni sérieux, ni crédible !
- Que proposez-vous en attendant ?
- Nous pensons qu’il faut, d’ores et déjà, engager une stratégie de développement économique permettant à Bastia de retrouver sa vigueur et son attractivité. Notre stratégie est compatible avec le port de la Carbonite. Tout en engageant une spirale vertueuse de développement, nous continuerons à discuter et à obtenir les éléments permettant de prendre une décision sur cet investissement très lourd porté par la CTC. Ce port engagera des générations et ne peut se faire que dans des conditions de faisabilité financière, juridique et écologique garanties. Notre position est la seule cohérente et raisonnable pour des responsables politiques qui ne sont pas là pour mentir aux gens ou pour hypothéquer le développement futur de Bastia.
- Vous ironisez sur les projets pharaoniques de vos adversaires. Estimez-vous qu’ils n’ont pas les moyens de leur ambition ?
- Dans les esquisses de son projet présenté à la presse et au public, Jean Zuccarelli promet une ville nouvelle et un port de la Carbonite pour un prix de 1000 à 1500 millions €. Mais, il n’explique pas comment il compte les financer ! En même temps, il reconvertit le port de commerce actuel en port de plaisance avec une extension de la place Saint-Nicolas et un centre-ville transformé en un véritable Miami ! Il ne dit jamais combien ces projets très séduisants vont coûter, ni comment ils seront financés, ni pourquoi ils n’ont jamais été faits en 50 ans ! Les Bastiais ne sont pas dupes, ils se doutent que le prix sera énorme. Ce n’est pas du tout cela que nous voulons leur proposer. Nous leur disons ce que nous voulons faire, comment nous allons le faire et comment nous le financerons.
- L’équipe sortante joue sur la continuité et sur le risque de l’alternance. Etes-vous prêts pour gérer Bastia ?
- Parfaitement. Nous avons travaillé depuis le début de cette mandature et, plus précisément, depuis 18 mois pour être prêts à l’exercice des responsabilités. Nous avons mûri ce projet en l’élaborant avec toutes les forces vives et en nous inspirant, en adaptant ce qui réussit ailleurs. Nous sommes en capacité de dire aux Bastiais : vous pouvez nous faire confiance, vous pouvez choisir de mettre en œuvre l’alternative que vous souhaitez parce que Bastia va se développer, Bastia sera bien gérée et ira sur un chemin de progrès.
- Que vous inspire le soutien inattendu que Pierre Chaubon, élu PRG, vous a, indirectement, apporté à l’émission Cuntrastu ?
- Au-delà des enjeux locaux classiques, il y a une philosophie de l’action politique et des enjeux forts pour la Corse. Bastia est une ville importante par son poids démographique et ses potentialités économiques. D’un côté, Jean Zuccarelli et son colistier Francis Riolacci incarnent le passéisme, le conservatisme et le refus de toute avancée. Ce système en place depuis 50 ans a prospéré sur l’a-démocratie, sur des pratiques incompatibles avec la dignité des gens et le développement économique et social et joue la diabolisation de notre famille politique alors que nous faisons la démonstration que nous voulons construire une Corse apaisée. De l’autre côté, notre démarche incarne une volonté de rupture avec ce système. Cette démarche de progrès, ouverte et rayonnante s’est densifiée, renforcée depuis plusieurs mois, et est rejointe par des personnes nouvelles qui nous apportent leurs idées, leurs convictions, leur souffle et leurs compétences. Je pense que les temps sont mûrs et que la victoire sera, dans quelques semaines, au bout du chemin.
- Que répondez-vous au duo François Tatti-De Gentili qui appelle à un large rassemblement derrière lui ?
- Notre position a toujours été claire. Nous avons l’ambition d’obtenir le score le plus élevé au 1er tour. Nous pensons raisonnablement être en tête. Même si nous pouvions gagner seuls, nous ne le souhaitons pas. Nous voulons construire une alternative la plus large possible. Nous ne voulons pas de la victoire d’un camp sur un autre. Le plus important est d’envoyer un message d’espoir à Bastia et à toute la Corse en montrant que des forces politiques diverses sont capables de converger et de s’unir autour d’un projet commun. Cela a un sens politique très fort. Pour réussir, il faut agréger le plus possible de forces vives et de compétences, surtout dans une logique de travail municipal.
- Incluez-vous toute l’opposition ?
- Bien sûr ! Nous allons proposer à toutes les forces qui ne veulent plus du système actuel de nouer, dans la clarté, la transparence et devant les électeurs, un contrat politique pour engager Bastia sur le chemin de l’avenir. Que ce soit François Tatti, Jean-Louis Milani ou Corsica Libera, nous ne faisons pas d’oukases ou d’exclusions. Nous proposons de mettre tout le monde autour d’une table pour échanger et voir si nous pouvons tomber d’accord sur un certain nombre de valeurs, sur un projet et sur une certaine façon de fonctionner au service de Bastia.
Propos recueillis par Nicole MARI
- Parce c’est exactement la vérité ! Nous l’avons démontré, chiffres et exemples à l’appui. La Chambre régionale des comptes, dans un avis datant de 2010, a parlé de véritables dérives concernant la conduite des opérations structurantes, notamment celles de tous les marchés publics importants. Elle a montré que les opérations s’éternisaient et que ce retard entrainait des surcoûts conséquents. C’était vrai sous les mandatures précédentes et cela continue de l’être, malheureusement, aujourd’hui.
- De quelles opérations s’agit-il ?
- Je citerai 3 opérations que les Bastiais ont à l’esprit. Le coût du tunnel sur le Vieux Port, prévu à 10 milliards de francs, a atteint 30 milliards. La construction du Palais des gouverneurs devait durer 3 ans, la Mairie a mis 20 ans pour la faire ! Là aussi, le coût prévu de 3 millions € a été multiplié par 3 : on a fini à 15 millions ! Il a fallu 21 ans pour construire le Stade de Furiani, le seul stade qui est vieux sans jamais avoir été neuf ! Ce stade inachevé, annoncé à 9 millions €, a coûté 35 millions €. Ces 3 exemples ne font que refléter une réalité beaucoup plus large : à travers les avenants successifs, le prix initial annoncé n’est jamais le prix réel final payé par la collectivité.
- Le maire sortant affirme ne jamais avoir augmenté les taux d’imposition à Bastia. Pourquoi réfutez-vous cette affirmation ?
- C’est une affirmation péremptoire ! Entre 1990 et 2013, les taux d’imposition sont passés de 13% à 20%. Ils sont parmi les plus élevés pratiqués dans les villes de strate moyenne comme Bastia. Ce qui signifie que l’équipe sortante a beaucoup augmenté les impôts et qu’elle les a tellement augmentés qu’elle ne peut plus le faire !
- Vous l’accusez également d’occulter la réalité de la dette. De quelle manière ?
- L’ancienne majorité reconnaît 30 millions € de dettes pour la ville. Elle feint d’oublier d’y ajouter les 6 millions € d’emprunt contenu dans le budget annexe de stationnement, ce qui donne une dette réelle de 36 millions €. La dette de la CAB (Communauté d’agglomération de Bastia) est passée, en quelques années, de 6 à 36 millions €. Tous ces éléments vont nécessairement contraindre la marge de manœuvre de la prochaine majorité municipale. Comme nous espérons et pensons être cette prochaine majorité, nous voulons agir avec franchise vis-à-vis des Bastiais. Mais, ces marges budgétaires et financières n’excluent pas l’ambition et la part de rêve. Notre idéal est fort et nous nous donnerons les moyens de le concrétiser pour Bastia.
- Vous fustigez le manque de démocratie à Bastia. C’est une attaque récurrente !
- Oui ! Elle traduit, malheureusement, ce que vit Bastia depuis 50 ans. La démocratie, ce ne sont pas seulement des déclarations de principe ou des communiqués de presse vengeurs ! Mais, c’est une pratique au quotidien qui doit irriguer chacun des actes de la vie publique locale et chacune des décisions. Pour reconstruire cette ville, il faut reconstruire la démocratie ! C’est là-dessus que se fera la différence, entre les projets et les catalogues électoraux d’un côté et, de l’autre, la vision claire de ce que peut devenir Bastia avec les atouts qui sont les siens. Nous avons démontré pourquoi et comment il fallait changer les choses, notamment autour de 3 points fondamentaux. D’abord, le respect de tous les personnels de la ville et de la CAB avec un égal accès à l’emploi public, la transparence dans le déroulement des carrières, la défense de leurs droits, notamment dans l’exercice de leur fonction, et surtout le respect total de leur liberté de conscience et d’opinion.
- Ferez-vous une chasse aux sorcières si vous accédez aux responsabilités, comme le prétend la rumeur ?
- Absolument pas ! Nos adversaires répandent cette rumeur. Nous disons et nous répétons que les personnels de la ville et de la CAB ne doivent rien, ni au maire, ni à un parti politique quelqu’il soit, ni à personne. Ils sont absolument libres de leurs convictions. Personne n’a à savoir s’ils votent à gauche, à droite ou nationaliste. Etre employé dans une collectivité, c’est être au service de cette collectivité et avoir des droits et des devoirs. C’est dans cet état d’esprit que nous gèrerons la ville.
- Autre attaque récurrente : l’attribution des logements sociaux. A quoi vous engagez-vous ?
- C’est le 2ème point pour changer les choses. Nous voulons introduire de la transparence et de la lisibilité dans toutes les procédures. Les modalités concrètes de l’attribution des logements sociaux sont un véritable scandale ! Tout le monde sait que ce système est fondé sur les passe-droits et les interventions. Les autorités de tutelle font mine de ne pas le savoir. Nous voulons introduire des règles équitables, transparentes et lisibles à l’instar de ce qui a été fait dans certaines villes du continent.
- Que ferez-vous, au niveau des marchés publics, dont vous dénoncez également les conditions d’attribution ?
- C’est le 3ème point. On sait comment cela fonctionne depuis 50 ans. Il suffit de prendre la liste des appels d’offres ! Il faut que cela change ! Il y a des moyens, y compris techniques, de garantir un accès réel et égal de toutes les entreprises à la commande publique, notamment dans la façon d’allotir les lots, dans la publication effective des appels d’offres, dans la réduction des coûts pour les TPE (Très petites entreprises), dans la recherche de l’éco-conditionnalité ou le soutien aux entreprises d’insertion…
- Comment envisagez-vous le développement économique de la ville ?
- L’objectif est clair : redonner rapidement à Bastia son statut de capitale économique. Cet enjeu se décline autour de 4 axes principaux. Le 1er concerne les chantiers structurants pour améliorer le présent et préparer l’avenir en ayant une vision stratégique de la ville et de la CAB. Pour cela, il faut régler sans délai le problème de la circulation et du stationnement. Ensuite, doter la ville d’un corps cohérent d’aménagements urbains indispensables, comme le réaménagement du quai Sud, la construction d’un palais des festivités et d’un théâtre de verdure ou encore l’optimisation du port de commerce actuel. Enfin, nous entendons mener à son terme la réflexion sur la faisabilité du Port de la Carbonite, notamment en termes de coût, de modalités de raccordement au centre-ville, de financement et d’impact écologique.
- Pourquoi dites-vous qu’il est irresponsable de s’engager dès maintenant dans cette opération ?
- D’abord, il est évident que ce dossier n’est pas complet. Des questions, qui conditionnent sa faisabilité, restent clairement en suspens et n’ont pas de réponse : son coût, son financement, son impact écologique sur l’Arinella, la Marana et l’étang de Biguglia, son intégration dans la stratégie de développement économique global de la ville et dans la stratégie territoriale… L’intérêt de la Corse n’est pas de s’orienter vers un tourisme de masse rejeté par les Corses avec 9 millions de passagers transportés par mer. Ensuite, ce projet n’est pas pour la mandature à-venir. Tous les observateurs sérieux s’accordent à dire que le port de la Carbonite, à supposer qu’il se fasse, ne le sera pas avant 10 ou 15 ans ! Et, c’est là que Jean Zuccarelli n’est ni sérieux, ni crédible !
- Que proposez-vous en attendant ?
- Nous pensons qu’il faut, d’ores et déjà, engager une stratégie de développement économique permettant à Bastia de retrouver sa vigueur et son attractivité. Notre stratégie est compatible avec le port de la Carbonite. Tout en engageant une spirale vertueuse de développement, nous continuerons à discuter et à obtenir les éléments permettant de prendre une décision sur cet investissement très lourd porté par la CTC. Ce port engagera des générations et ne peut se faire que dans des conditions de faisabilité financière, juridique et écologique garanties. Notre position est la seule cohérente et raisonnable pour des responsables politiques qui ne sont pas là pour mentir aux gens ou pour hypothéquer le développement futur de Bastia.
- Vous ironisez sur les projets pharaoniques de vos adversaires. Estimez-vous qu’ils n’ont pas les moyens de leur ambition ?
- Dans les esquisses de son projet présenté à la presse et au public, Jean Zuccarelli promet une ville nouvelle et un port de la Carbonite pour un prix de 1000 à 1500 millions €. Mais, il n’explique pas comment il compte les financer ! En même temps, il reconvertit le port de commerce actuel en port de plaisance avec une extension de la place Saint-Nicolas et un centre-ville transformé en un véritable Miami ! Il ne dit jamais combien ces projets très séduisants vont coûter, ni comment ils seront financés, ni pourquoi ils n’ont jamais été faits en 50 ans ! Les Bastiais ne sont pas dupes, ils se doutent que le prix sera énorme. Ce n’est pas du tout cela que nous voulons leur proposer. Nous leur disons ce que nous voulons faire, comment nous allons le faire et comment nous le financerons.
- L’équipe sortante joue sur la continuité et sur le risque de l’alternance. Etes-vous prêts pour gérer Bastia ?
- Parfaitement. Nous avons travaillé depuis le début de cette mandature et, plus précisément, depuis 18 mois pour être prêts à l’exercice des responsabilités. Nous avons mûri ce projet en l’élaborant avec toutes les forces vives et en nous inspirant, en adaptant ce qui réussit ailleurs. Nous sommes en capacité de dire aux Bastiais : vous pouvez nous faire confiance, vous pouvez choisir de mettre en œuvre l’alternative que vous souhaitez parce que Bastia va se développer, Bastia sera bien gérée et ira sur un chemin de progrès.
- Que vous inspire le soutien inattendu que Pierre Chaubon, élu PRG, vous a, indirectement, apporté à l’émission Cuntrastu ?
- Au-delà des enjeux locaux classiques, il y a une philosophie de l’action politique et des enjeux forts pour la Corse. Bastia est une ville importante par son poids démographique et ses potentialités économiques. D’un côté, Jean Zuccarelli et son colistier Francis Riolacci incarnent le passéisme, le conservatisme et le refus de toute avancée. Ce système en place depuis 50 ans a prospéré sur l’a-démocratie, sur des pratiques incompatibles avec la dignité des gens et le développement économique et social et joue la diabolisation de notre famille politique alors que nous faisons la démonstration que nous voulons construire une Corse apaisée. De l’autre côté, notre démarche incarne une volonté de rupture avec ce système. Cette démarche de progrès, ouverte et rayonnante s’est densifiée, renforcée depuis plusieurs mois, et est rejointe par des personnes nouvelles qui nous apportent leurs idées, leurs convictions, leur souffle et leurs compétences. Je pense que les temps sont mûrs et que la victoire sera, dans quelques semaines, au bout du chemin.
- Que répondez-vous au duo François Tatti-De Gentili qui appelle à un large rassemblement derrière lui ?
- Notre position a toujours été claire. Nous avons l’ambition d’obtenir le score le plus élevé au 1er tour. Nous pensons raisonnablement être en tête. Même si nous pouvions gagner seuls, nous ne le souhaitons pas. Nous voulons construire une alternative la plus large possible. Nous ne voulons pas de la victoire d’un camp sur un autre. Le plus important est d’envoyer un message d’espoir à Bastia et à toute la Corse en montrant que des forces politiques diverses sont capables de converger et de s’unir autour d’un projet commun. Cela a un sens politique très fort. Pour réussir, il faut agréger le plus possible de forces vives et de compétences, surtout dans une logique de travail municipal.
- Incluez-vous toute l’opposition ?
- Bien sûr ! Nous allons proposer à toutes les forces qui ne veulent plus du système actuel de nouer, dans la clarté, la transparence et devant les électeurs, un contrat politique pour engager Bastia sur le chemin de l’avenir. Que ce soit François Tatti, Jean-Louis Milani ou Corsica Libera, nous ne faisons pas d’oukases ou d’exclusions. Nous proposons de mettre tout le monde autour d’une table pour échanger et voir si nous pouvons tomber d’accord sur un certain nombre de valeurs, sur un projet et sur une certaine façon de fonctionner au service de Bastia.
Propos recueillis par Nicole MARI