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Gilles Simeoni tend la main à l’opposition nationaliste et confirme un remaniement de l’Exécutif en janvier


Nicole Mari le Vendredi 20 Décembre 2024 à 20:24

Lors de la dernière session de l’année de l’Assemblée de Corse, le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, a invité l’opposition nationaliste à dialoguer et à réfléchir ensemble pour essayer de créer un élan collectif. Le leader de la majorité territoriale propose à l’ensemble de la famille nationaliste de se mettre d’accord sur des priorités, d’essayer de construire des réponses communes et de converger pour les mettre en œuvre. Il confirme qu’un remaniement du Conseil exécutif devrait intervenir en janvier.



Le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, en session à l’Assemblée de Corse. Photo Paule Santoni.
Le président du Conseil exécutif, Gilles Simeoni, en session à l’Assemblée de Corse. Photo Paule Santoni.
C’est une nouvelle main tendue que le président du Conseil exécutif de Corse et leader de la majorité territoriale, Gilles Simeoni, vient d’adresser à l’ensemble de la famille nationaliste. Une proposition de dialogue pour faire face aux urgences et aux défis qui se posent à la Corse. « Dans les jours à venir, je viendrai vers vous, d’abord vers les Nationalistes. C’est normal, me semble-t-il, parce que quelques soient les difficultés et les désaccords, on doit d’abord parler aux siens. Je m’adresserai aussi à l’opposition. Non pas pour demander nécessairement de soutenir l’action du Conseil exécutif et de la majorité territoriale, ni même de la rejoindre, mais pour que nous identifions ensemble des priorités. Et que nous essayons, dans les semaines à venir, de voir, notamment avec les Nationalistes, si, sans préjuger de ce que sera la suite, il y a la possibilité de se mettre d’accord, ici et en dehors de l’Assemblée de Corse, pour que nous puissions au moins préserver la possibilité d’un futur conforme à notre idéal ». Une main tendue pragmatique et nécessaire, promise et attendue, mais qui a pris de court tout le monde par son timing et son lieu. Lancée la veille de Noël, lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, alors que Gilles Simeoni annonçait, à la fois, la nomination de Jean-Baptiste Calendini au poste de Directeur général des services (DGS) de la Collectivité de Corse et une réforme profonde de l’organisation et du fonctionnement de l’institution. Dans la foulée, il invite la famille nationaliste à se mettre autour d’une table pour « essayer d’acter sept ou huit priorités communes, se mettre d’accord sur le contenu de propositions et sur la façon de concrétiser les objectifs, dès lors que les priorités communes sont validées ». Même si les désaccords sont importants et que, ajoute-t-il, « l’opposition nationaliste s’est exprimée avec des mots souvent très critiques lors des derniers mois ».
 
Des années cruciales
Le président de l’Exécutif explique que beaucoup de choses vont se jouer pour la Corse dans les trois dernières années du mandat territorial. « Nous allons rentrer dans une séquence essentielle. Nous avons la responsabilité de concrétiser au mieux ce qui est fondamental, notamment pour que les logiques d’irréversibilité ne l’emportent pas. Je pense à l’angoisse que nous ressentons tous lorsque nous voyons la terre qui se vend à des prix inaccessibles, la langue qui se perd, la société qui ne se reconnaît plus elle-même. Lorsque nous allons acheter notre pain, que nous nous promenons ou que nous sommes dans les villes ou ce qu’il faut bien appeler les banlieues, et même quelques fois dans les villages, nous nous rendons bien compte que la Corse est en train de changer profondément et pas, me semble-t-il, souvent dans le sens que nous souhaitons ». Il revient sur une étude révélée la veille par l’INSEE qui confirme que la croissance démographique en Corse se fait principalement par solde migratoire, à raison de 2 % par an, portant la population à 351 000 habitants. « Ces phénomènes-là, si nous voulons les maîtriser, nous devons produire un projet politique qui ait du sens autour de la langue, du lien à la terre, de l’économie, du social, du respect intergénérationnel. Ces trois années vont être extrêmement difficiles au plan budgétaire, on le dit souvent, mais ce n’est qu’un aspect. Nous sommes à la veille d'une séquence politique très importante puisque le processus sur l’autonomie repart. J’espère la révision constitutionnelle et le statut d’autonomie à la fin de l’année 2025. Nous avons aussi de grands projets à porter y compris en termes d’infrastructures et des choix forts à faire en matière de santé, de social, d’économie. Nous avons des garanties à obtenir pour la terre et pour la langue ».
 
Un agenda politique
Le président Simeoni lie cette proposition de dialogue à la nomination de son nouveau DGS et à l’annonce d’une réforme de l’administration. Pour lui, ces trois décisions sont liées et procèdent d’une même logique. « J’ai d’abord annoncé la nomination d’un Directeur général des services, Jean Baptiste Calendini, une décision importante, stratégique. À travers sa fonction, il aura la responsabilité d’impulser, en concertation avec une équipe de direction réorganisée, les organisations syndicales et l’ensemble des agents, un nouveau projet d’administration qui a vocation à renforcer la Collectivité de Corse pour qu’elle soit toujours plus et mieux au service de la Corse, des Corses et de l'intérêt général. Ce nouvel élan au plan administratif doit bien sûr, se doubler d’un nouvel élan au plan politique ». Face aux crises politiques et budgétaires qui secouent la France et aux difficultés auxquelles est confrontée l’île, il estime nécessaire de chercher des convergences les plus larges possibles pour préparer le moyen et le long terme. « Malgré les difficultés, je suis optimiste. Nous avons des échéances importantes. Les semaines et les mois à venir sont plein de risques bien sûr, mais sont également extrêmement stimulants. J’ai confiance dans notre capacité individuelle et collective à relever les défis qui nous attendent. Il me semble que, dans ce contexte, la responsabilité qui est la mienne et plus largement la responsabilité du Conseil exécutif et de la majorité territoriale est de construire les convergences les plus larges possibles, notamment et prioritairement avec l’ensemble des nationalistes, mais aussi avec l’ensemble des forces vives et de progrès ».
 
Un prochain remaniement
Le président de l’Exécutif confirme la rumeur d’un prochain remaniement de son Conseil, certainement en début d’année. « C’est un prolongement », précise-t-il. « Les trois dynamiques, que j’ai évoquées, sont différentes, mais s’interpénètrent. Le nouvel élan au plan administratif, la volonté de réamorcer un dialogue et la recherche de convergence s’accompagnent d’une redistribution des rôles au sein de la majorité territoriale, dont on avait acté le principe en début de mandature ». Dès sa reprise de fonction en 2022, Gilles Simeoni s’était engagé à faire un remaniement à mi-mandat. Il préfère aujourd’hui parler de changement. « C’est le moment de le faire. Il y aura certainement des changements au sein du Conseil exécutif et de l’assemblée de Corse en début d’année ». Il n’en dira pas plus et refuse de commenter les rumeurs qui circulent sur les sortants potentiels, les changements de postes et les arrivants. Depuis la Loi NOTRe, les conseillers exécutifs peuvent retrouver leur place dans l’hémicycle.
 
N.M.