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Inondations : Les Marines de Folelli de nouveau enclavées, des habitants angoissés et excédés !


Nicole Mari le Mardi 20 Décembre 2016 à 23:49

Jusqu'à 400 mm de pluie se sont abattues dans la nuit de lundi à mardi en Haute-Corse passée en vigilance Orange Inondations, niveau 3. Pour la énième fois, le Fium’Alto a débordé à l’embouchure à Folelli, commune de Penta-di-Casinca, inondé les plaines agricoles et menacé les résidences de bord de mer. Sous l’effet conjugué de la crue et d’un fort vent d’Est qui a déclenché une violente houle, les deux lotissements, les Marines de San Pellegrino et les Marines du Fiumalto, ont été enclavés, leurs accès submergés ou détruits. Malgré l’ordre d’évacuation de la préfecture et les insistances de la mairie, près d’une trentaine d’habitants ont refusé de quitter leurs maisons. Photos et vidéos.



La route d'accès aux Marines du Fiumalto (commune de Penta-di-Casinca, Haute-Corse) de nouveau submergée et détruite. Le maire, Yannick Castelli, et son équipe franchissent le gué inondé pour apporter du réconfort aux habitants.
La route d'accès aux Marines du Fiumalto (commune de Penta-di-Casinca, Haute-Corse) de nouveau submergée et détruite. Le maire, Yannick Castelli, et son équipe franchissent le gué inondé pour apporter du réconfort aux habitants.
« C’est comme d’habitude ! Le Fium’Alto a encore débordé. La plaine agricole et les résidences de bord de mer sont inondées ! Ce qui m’inquiète, c’est que la dernière fois, c’était une vague, là non ! C’est un flux d’eau en continu qui inonde les terres ». C’est, avec beaucoup de fatalisme, qu’une habitante de Folelli résume la situation après une nuit de pluie ininterrompue où près de 400 mm de pluie se sont abattus sur la Haute-Corse. Déjà sinistré par les intempéries d’octobre 2015, mais plutôt épargné par l’épisode de novembre dernier, le littoral de Penta-di-Casinca à l’embouchure du Fium’Alto a été, encore une fois, touché. Si les dégâts sont moindres, c’est paradoxalement grâce à la crue catastrophique de 2015 qui a nettoyé les embâcles et agrandi le fleuve, lui redonnant son ancien lit. Ce fleuve élargi a pu contenir, dans une certaine mesure, le grossissement des eaux. Mardi matin, Météo France lance une alerte « Vigilance vagues submersion marine ». Le fort vent d’Est provoquant une houle violente génère un phénomène appelé surcote, c’est-à-dire une surélévation temporaire du niveau marin, qui empêche les fleuves d’évacuer la crue dans la mer. L’eau se répond latéralement sur tous les terrains dont la topographie est comprise entre 0 et 1 mètre environ au-dessus du niveau normal. « L’eau du Fiumalto est montée jusqu’à 60 cm dans la nuit de lundi à mardi. La décrue s’est amorcée en fin de matinée. Des maisons ont été inondées. Des voitures embourbées ou noyées qu’il a fallu tracter ! Des champs et des fermes ont été submergés. Toujours les mêmes ! Aucune évacuation n’a été effectuée », précise un pompier. Et, pour cause !
 
Le refus d’évacuer
Prévenu dimanche en fin d’après-midi par la Préfecture de Haute-Corse d’une alerte Orange pluie-inondation de niveau 3, le maire de Penta-di-Casinca, Yannick Castelli, active le plan communal de sauvegarde. Des SMS de prudence avec les mesures à respecter sont immédiatement envoyés à tous les habitants des secteurs sensibles : les lotissements des Marines de San Pellegrino et du Fiumalto, le lotissement Ferrero et la route d’Orezza. Lundi, un bulletin météo annonce, pour la nuit suivante, plus de 400 000 mm d’eau en Castagniccia, un vent d’Est violent avec une forte houle et des creux de 6 mètres. La mairie déclenche, alors, le plan évacuation et appelle les habitants en zone à risque pour leur demander d’évacuer leur domicile en prévention, offrant de les reloger dans les hôtels et de leur fournir de la nourriture. L’opération se révèle moins facile que prévue. Si de nombreux habitants trouvent refuge chez des proches, en l’absence de risque immédiat, une trentaine d’irréductibles, que les inondations à répétitions ont rendus fatalistes, renâclent et s’obstinent à rester. Certains finissent par accepter de quitter leur demeure, mais, rassurés par le niveau des pluies, y reviennent dans la nuit ! Résultat : Huit personnes dans cinq maisons différentes sont enclavées aux Marines du Fiumalto dont la route a été, une nouvelle fois, submergée et emportée sous le double assaut du fleuve et de la forte houle.
 
Une angoisse excédée
Malgré le risque latent de la nuit à-venir, l’ordre préfectoral et la pression des pompiers, ces irréductibles refusent, tout autant, d’être hélitreuillés. Tout comme la vingtaine d’habitants réfugiés à l’étage de leur lotissement des Marines de San Pellegrino, dont la route, doublement submergée par le canal et le fleuve, est infranchissable. Le maire et son équipe tentent de leur apporter du réconfort, mais ne parviennent pas à les convaincre d’évacuer. A la question : « Pourquoi êtes-vous restés malgré l’ordre d’évacuation et le relogement offert par la mairie ? ». Réponse d’un habitant des Marines du Fiumalto : « Ma femme refuse de partir ! De toute façon, ce n’est pas une réponse ! Ma fille n’a pas pu rentrer, il n’y a plus de route. Elle est repartie. Elle est chez son amie ». Des dégâts ? « Non, pas comme la dernière fois ! L’eau n’est pas rentrée dans la maison. Ça ne peut plus durer ! C’est invivable ! Je veux déménager ». Depuis la catastrophe de 2015, certains habitants excédés, angoissés, vivent dans l’espoir d’être relogés, mais la procédure mise en place dans le cadre du fonds Barnier n’a toujours pas abouti : « On en a marre de vivre ça ! On ne veut plus vivre dans l’angoisse ! On voudrait être expropriés. On attend toujours les réponses de l’Etat et du Préfet pour savoir ce qu’ils vont faire, nous exproprier ou pas ! Les services préfectoraux ont fait, l’année dernière, une enquête maison par maison pour savoir si on devait ou nous nous exproprier. On n’a toujours aucun retour ! ». D’autres tiennent bon : « Non ! Je ne veux pas être relogée ! Pas du tout ! Je reste dans ma maison. Je ne la lâche pas ! », s’écrie une habitante, qui contemple sa maison de l’autre côté du gué où elle s’est réfugiée avant que la route ne soit emportée.
 
Lutter contre la fatalité
Le maire, lui, est plutôt désenchanté : « Une fois de plus, c’est inondé ! Il va bien falloir trouver une solution, peut-être creuser des rivières, couper des méandres… je ne sais pas. On ne peut pas être inondé une fois par an ou tous les deux ans ! La population en a raz-le bol, elle est excédée et se sent complètement désarmée. Comme nous, commune ! Nous essayons de faire le maximum avec nos moyens propres qui ne sont pas extensibles ». Il s’avoue impuissant à convaincre les gens de quitter leur maison : « Le rôle du maire est de prévenir, pas de forcer. Nous les avons prévenus un par un par téléphone, nous sommes même allés les voir maison par maison. Beaucoup sont partis, certains ont voulu rester. Nous sommes allés les rencontrer et leur apporter du pain frais pour ce soir. Pour nous, le plus important est de préserver la vie humaine ». Condamné à refaire pour la énième fois les mêmes travaux dont la facture est lourde pour les finances communales, Yannick Castelli se sent démuni : « Il faudra, encore une fois, refaire le passage à gué des Marines du Fium’Alto qui a déjà été emporté en octobre 2015 et qui n’existe plus. Il a complètement disparu dans la journée. De travaux d’urgence doivent être entrepris dès demain et des travaux plus lourds, sans doute, d’ici à la fin de l’hiver. Le dossier des Marines date de 30 ans, il atteint 50 cm de hauteur. Des démarches ont été effectuées. J’espère qu’elles iront jusqu’au bout. Elles sont très complexes et très longues. Cela me contrarie en tant que maire, comme cela contrarie ma population qui ne sait pas si elle sera ou non expropriée. Certains le souhaitent, d’autres pas, mais tous ont le droit de savoir. Derrière ces maisons, il y a des familles qui vivent dans une angoisse qui, aujourd’hui, a encore été exacerbée ». Il redoute la nuit à-venir et les 100 à 120 mm de pluie, annoncés sur les massifs de Castagniccia, qui pourraient provoquer une nouvelle crue du Fium’Alto.
 
N.M.
 

Le maire