Les participants au séminaire de sensibilisation à l'intelligence économique qui s'est tenu à Prunelli di Fium'Orbu.
L’intelligence économique, c’est le nouveau dada des décideurs, le nerf de la guerre. Ses maîtres mots : voir, savoir et agir. Partie de l’entreprise, elle imprègne aujourd’hui la quasi-totalité du monde économique, mais aussi politique et culturel. Elle s’invite même au cœur des territoires pour aider les élus locaux à analyser les problématiques, prendre les bonnes décisions et faire de l’anticipation. « L’intelligence économique, c’est tous les moyens techniques, méthodes et outils, qui peuvent servir à recueillir et à traiter les informations disponibles sur un problème donné pour pouvoir prendre la bonne décision », a expliqué, mercredi matin, à Prunelli di Fiumorbu, Alain Juillet, père fondateur et président de l’académie de l’Intelligence économique, lors d’un séminaire de sensibilisation, organisé par l’ADEC et l’université de Corse, en direction des maires des petites communes.
Trier et analyser
L’idée peut sembler évidente, tout le monde ne fait-il pas au quotidien de l’intelligence économique sans le savoir ? Tout n’est pas si simple, répond Alain Juillet : « Tout le monde fait de l’intelligence économique, mais pour le faire de manière efficace, il faut appliquer des principes et dérouler des méthodes, sinon on peut oublier des éléments. L’intelligence économique, c’est d’abord se connaître soi-même. Ce n’est pas si facile ! ». Comment faire alors ? « Il y a des grilles dans lesquelles on note un certain nombre de choses, on regarde les autres, on se compare à eux… Il y a tout un ensemble d’éléments très variés et disponibles puisqu’Internet nous donne des quantités d’informations sur tout, y compris sur soi. A partir de là, on fait le tri entre celles qui sont vraies et celles qui sont fausses parce que les fake news existent partout et dans tout. Une fois les bonnes idées sélectionnées, on en fait une synthèse qui servira au décideur, que ce soit le chef d’entreprise, le maire, le politique… à prendre la meilleure décision possible ou la moins mauvaise ».
Trier et analyser
L’idée peut sembler évidente, tout le monde ne fait-il pas au quotidien de l’intelligence économique sans le savoir ? Tout n’est pas si simple, répond Alain Juillet : « Tout le monde fait de l’intelligence économique, mais pour le faire de manière efficace, il faut appliquer des principes et dérouler des méthodes, sinon on peut oublier des éléments. L’intelligence économique, c’est d’abord se connaître soi-même. Ce n’est pas si facile ! ». Comment faire alors ? « Il y a des grilles dans lesquelles on note un certain nombre de choses, on regarde les autres, on se compare à eux… Il y a tout un ensemble d’éléments très variés et disponibles puisqu’Internet nous donne des quantités d’informations sur tout, y compris sur soi. A partir de là, on fait le tri entre celles qui sont vraies et celles qui sont fausses parce que les fake news existent partout et dans tout. Une fois les bonnes idées sélectionnées, on en fait une synthèse qui servira au décideur, que ce soit le chef d’entreprise, le maire, le politique… à prendre la meilleure décision possible ou la moins mauvaise ».
Décider et anticiper
L’enjeu de la démarche est double : « L’intérêt de l’intelligence économique, c’est non seulement d’aider à prendre une décision sur le champ, de réagir à un événement, mais surtout d’imaginer le futur, et donc l’anticiper. Cela nous oblige à aller plus loin pour imaginer tout ce qui peut se passer et auquel d’habitude, on ne pense pas ». Alain Juillet prend l’exemple concret de la révolution qui a secoué la Tunisie en 2012, ce que l’on appelle le printemps arabe. « Les touristes français, qui allaient en masse en Tunisie, sont partis ailleurs. Deux pays, la Grèce et le Maroc, ont réagi en analysant les évènements et en développant une stratégie touristique. Ils ont immédiatement passé le message aux touristes en leur disant : « Venez chez nous, c’est pareil, l’accueil est super, ce n’est pas cher, on mange bien… » Ils ont récupéré un maximum de gens. C’est de l’intelligence économique ! D’autres pays se sont contentés de dire : « Les touristes viendront chez nous parce que c’est tellement beau ! » Ils ne sont pas venus ! », conclut Alain Juillet en pointant du doigt le manque de réaction de la Corse.
Un métier neuf
En quelques années, l’intelligence économique s’est imposée pour devenir essentielle au niveau des politiques, des pays, des entreprises, grandes ou petites, et même des collectivités qu’elles soient territoriales, communales ou autres. « A tous les niveaux, on s’aperçoit que c’est devenu un outil indispensable qui a été créé suite à l’arrivée de quantités d’informations fournies en particulier par Internet. Plus il y a eu d’informations disponibles, plus cela a poussé les gens à utiliser ces données et, pour ce faire, à mettre en place de nouvelles techniques ». D’où l’émergence de métiers neufs concernant l’intelligence économique pure, mais aussi l’intelligence territoriale et son implication pour les collectivités locales. « Cela ne s’invente pas ! On peut avoir des idées, mais il faut toute une série de techniques et de méthodes, donc des formations à acquérir. Nous avons, pour cela, créé un diplôme universitaire à Corte où on apprend à des gens de l’administration territoriale corse, à des chefs d’entreprise, à des universitaires comment procéder… ». L’intelligence économique est, donc, devenue un métier qui intéresse autant les collectivités que les entreprises.
Une évolution permanente
Mais quelles qualités ce métier requiert-il ? « Il faut, d’abord, être curieux, avoir envie d’apprendre, de connaître le dessous des cartes, de découvrir. C’est une recherche permanente. Ensuite, faire preuve d’une grande humilité parce que plus vous avancez, plus vous apprenez, plus vous vous rendez compte que vos idées de départ n’étaient pas les bonnes. On peut se tromper complètement parce qu’on n’a pas vu un élément. Enfin, il faut de la ténacité. Même s’il y a beaucoup d’informations disponibles, il faut en permanence continuer. L’intelligence économique n’est pas une photo, mais une sorte de vidéo. Il ne faut surtout pas s’arrêter à la synthèse, à la situation d’aujourd’hui, mais réinjecter tous les jours toutes les nouvelles informations qui arrivent afin de rendre la situation évolutive ». Cette évolution permanente est très caractéristique de la démarche d’intelligence économique. « Aucune technique actuelle, - le marketing … -, ne marche pas comme cela. L’intelligence économique est un système en mouvement. C’est la grande nouveauté. Comme elle donne des résultats, c’est un métier d’avenir qui intéresse de plus en plus de monde ».
N.M.
L’enjeu de la démarche est double : « L’intérêt de l’intelligence économique, c’est non seulement d’aider à prendre une décision sur le champ, de réagir à un événement, mais surtout d’imaginer le futur, et donc l’anticiper. Cela nous oblige à aller plus loin pour imaginer tout ce qui peut se passer et auquel d’habitude, on ne pense pas ». Alain Juillet prend l’exemple concret de la révolution qui a secoué la Tunisie en 2012, ce que l’on appelle le printemps arabe. « Les touristes français, qui allaient en masse en Tunisie, sont partis ailleurs. Deux pays, la Grèce et le Maroc, ont réagi en analysant les évènements et en développant une stratégie touristique. Ils ont immédiatement passé le message aux touristes en leur disant : « Venez chez nous, c’est pareil, l’accueil est super, ce n’est pas cher, on mange bien… » Ils ont récupéré un maximum de gens. C’est de l’intelligence économique ! D’autres pays se sont contentés de dire : « Les touristes viendront chez nous parce que c’est tellement beau ! » Ils ne sont pas venus ! », conclut Alain Juillet en pointant du doigt le manque de réaction de la Corse.
Un métier neuf
En quelques années, l’intelligence économique s’est imposée pour devenir essentielle au niveau des politiques, des pays, des entreprises, grandes ou petites, et même des collectivités qu’elles soient territoriales, communales ou autres. « A tous les niveaux, on s’aperçoit que c’est devenu un outil indispensable qui a été créé suite à l’arrivée de quantités d’informations fournies en particulier par Internet. Plus il y a eu d’informations disponibles, plus cela a poussé les gens à utiliser ces données et, pour ce faire, à mettre en place de nouvelles techniques ». D’où l’émergence de métiers neufs concernant l’intelligence économique pure, mais aussi l’intelligence territoriale et son implication pour les collectivités locales. « Cela ne s’invente pas ! On peut avoir des idées, mais il faut toute une série de techniques et de méthodes, donc des formations à acquérir. Nous avons, pour cela, créé un diplôme universitaire à Corte où on apprend à des gens de l’administration territoriale corse, à des chefs d’entreprise, à des universitaires comment procéder… ». L’intelligence économique est, donc, devenue un métier qui intéresse autant les collectivités que les entreprises.
Une évolution permanente
Mais quelles qualités ce métier requiert-il ? « Il faut, d’abord, être curieux, avoir envie d’apprendre, de connaître le dessous des cartes, de découvrir. C’est une recherche permanente. Ensuite, faire preuve d’une grande humilité parce que plus vous avancez, plus vous apprenez, plus vous vous rendez compte que vos idées de départ n’étaient pas les bonnes. On peut se tromper complètement parce qu’on n’a pas vu un élément. Enfin, il faut de la ténacité. Même s’il y a beaucoup d’informations disponibles, il faut en permanence continuer. L’intelligence économique n’est pas une photo, mais une sorte de vidéo. Il ne faut surtout pas s’arrêter à la synthèse, à la situation d’aujourd’hui, mais réinjecter tous les jours toutes les nouvelles informations qui arrivent afin de rendre la situation évolutive ». Cette évolution permanente est très caractéristique de la démarche d’intelligence économique. « Aucune technique actuelle, - le marketing … -, ne marche pas comme cela. L’intelligence économique est un système en mouvement. C’est la grande nouveauté. Comme elle donne des résultats, c’est un métier d’avenir qui intéresse de plus en plus de monde ».
N.M.
Pascal Andrei : « L’enjeu pour la Corse, c’est de pouvoir choisir son destin »
Issu de l’université de Corse, Pascal Andrei fut le premier docteur en intelligence économique de l’université de Marne-La-Vallée, avant de devenir le directeur mondial de la sécurité du groupe Airbus. Il fut le parrain de la première promotion du DU de Corte, ouvert l’année dernière, et, de ce fait, le grand témoin du séminaire de Prunelli. Pour lui, l’intelligence économique consiste à « étudier un certain nombre d’informations pour essayer de comprendre son environnement et son écosystème sur différents thèmes et champs d’action. Cela peut être de l’intelligence compétitive, de l’intelligence de la sûreté, de l’intelligence comportementale… Le but est de prendre des décisions concernant l’avenir d’une entreprise, d’un pays ou même d’une commune ». L’enjeu pour la Corse ? Il le résume en une phrase simple : « C’est de pouvoir choisir son destin ! ». Comment ? L’idée, c’est « de mieux se comprendre, de mieux comprendre ses forces et ses faiblesses, d’utiliser les outils sur notre patrimoine et sur l’activité locale pour avoir une analyse saine et réfléchie de la situation et, ensuite, agir. Aujourd’hui, nous disposons d’énormément et même de plus en plus d’informations que l’on récupère un peu partout, sur la commune, les comportements des gens, la situation politique... Ces informations sont désordonnées, pas structurées, pas harmonieuses en matière d’organisation, pas partagées… Le but est de les fédérer et de les rendre intelligentes, d’en tirer la substantifique moelle pour comprendre comment se passent les choses dans une commune ». Cette structuration d’informations peut bénéficier à toutes sortes d’activités et de secteurs. « Tout le monde peut être intéressé : une communauté de médecins, une commune, la région, une compagnie aérienne comme Air Corsica, un acteur touristique… Prenons un exemple : le médical en Corse. Quelles sont ses lacunes ? Quelle est la situation dans les villages isolés ? Dans l’île ? A partir de ces informations, on peut injecter, dans les outils appropriés, des idées qui viennent d’ici, mais aussi d’ailleurs, afin de mieux agir, d’améliorer la santé, mais aussi le développement culturel, touristique, bref le développement de l’île dans son ensemble ». D’où l’idée de créer un DU à l’université de Corte. « Son but est d’apporter des méthodes, des process, des outils, de structurer l’activité beaucoup plus professionnellement, et surtout d’apporter l’expertise des enseignants qui ont expérimenté ces outils dans d’autres champs d’activité et dans d’autres pays ».
Objectif : former les maires et les agents territoriaux
Toussaint Barboni, responsable du DU d’intelligence économique à l’université de Corte
Si le DU est ouvert à tous les professionnels – chefs d’entreprises, médecins, artisans…- qui veulent gérer les flux d’informations et en tirer partie, le but principal du séminaire de Prunelli, voulu par l’ADEC, est, donc, principalement d’attirer les maires, de leur montrer qu’ils peuvent se former et utiliser ce genre de techniques pour être plus performants. « Ce séminaire s’adresse aux maires des petits territoires, que ce soit du rural ou de la montagne, qui ont des difficultés à monter un projet. Par exemple, comment obtenir des subventions pour construire et goudronner une route ? La méthodologie de l’intelligence économique permet de s’approprier ces outils et monter ces projets », précise Toussaint Barboni, maître de conférences à l’université de Corse et responsable du DU d’intelligence économique. 32 personnes, dont trois maires et divers agents de la Collectivité de Corse, ont déjà été formées au cours des deux années précédentes. C’est, conclut-il, « un vivier de forces vives pour le territoire ».
Si le DU est ouvert à tous les professionnels – chefs d’entreprises, médecins, artisans…- qui veulent gérer les flux d’informations et en tirer partie, le but principal du séminaire de Prunelli, voulu par l’ADEC, est, donc, principalement d’attirer les maires, de leur montrer qu’ils peuvent se former et utiliser ce genre de techniques pour être plus performants. « Ce séminaire s’adresse aux maires des petits territoires, que ce soit du rural ou de la montagne, qui ont des difficultés à monter un projet. Par exemple, comment obtenir des subventions pour construire et goudronner une route ? La méthodologie de l’intelligence économique permet de s’approprier ces outils et monter ces projets », précise Toussaint Barboni, maître de conférences à l’université de Corse et responsable du DU d’intelligence économique. 32 personnes, dont trois maires et divers agents de la Collectivité de Corse, ont déjà été formées au cours des deux années précédentes. C’est, conclut-il, « un vivier de forces vives pour le territoire ».