Jean-Félix Acquaviva, député Femu a Corsica de la deuxième circonscription de Haute-Corse et membre du groupe LIOT.
« A travers cette dissolution, on va au-delà de l’analyse des élections européennes ». Le député Femu a Corsica de la deuxième circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva, recentre la lecture sur le contexte corse. Il y a d’abord, selon lui, des leçons à tirer de l’écrasante victoire du Rassemblement national (RN) tant sur le continent que dans l’île où Jordan Bardella rafle 40,73% des votes, auxquels s’ajoutent les 8,37% de Marion Maréchal. « On sait très bien que ce vote répond à plusieurs choses. Comme dans d’autres territoires, mais encore plus chez nous, c’est un vote sanction contre le gouvernement, bien plus qu’un vote pour le RN. Bien sûr, il y a des thèmes véhiculés par le RN, comme par exemple la sécurité, sur lequel il faut entendre les électeurs. Jordan Bardella n’a pas été élu pour son action au Parlement européen où il était très peu présent ou sur des questions économiques de fond, il a été élu contre Emmanuel Macron par rapport à des angoisses de la société française ». Il pointe également « une différence très importante en termes de participation avec le continent français avec quand même 10 points d’abstention en plus. C’est une donnée structurelle ». Une forte abstention locale qu’il interprète comme « une défiance vis-à-vis non pas de l’élection européenne en elle-même, mais de l’Europe qui apparaît comme trop technocrate, trop financière et trop lointaine. Les électeurs disent : « Nous sommes européens, mais nous ne sommes pas pour cette Europe-là ». D’où la nécessité d’une refondation de l’Europe. Il y a aussi une question de mode de scrutin pour un territoire spécifique comme le nôtre. C’est une évidence ! ». Surpris lui aussi par le coup de tonnerre de la dissolution de l’Assemblée nationale, comment explique-t-il cette décision du Chef de l'État ? « C’est un coup de poker », estime-t-il à l’instar de ses deux autres collègues nationalistes. « Soit Emmanuel Macron espère un sursaut des électeurs et une majorité qui lui serait favorable, même une majorité plurielle sur laquelle il pourrait établir un gouvernement de coalition. Soit il mise sur une cohabitation avec le Rassemblement national et sur l’usure d’une force qui aurait assumé le pouvoir avant les élections présidentielles de 2027. Ça reste un calcul hasardeux ».
La Corse en otage
En plein processus d’autonomie, la dissolution n’est pas neutre pour la Corse, elle risque même de changer complètement la donne : « Elle crée un autre contexte. La Corse devient, malgré elle, l’otage du match de ping-pong entre le Rassemblement National et Emmanuel Macron. Le débat européen et posteuropéen est surdéterminé par le débat politique franco-français. La Corse, puisqu’elle va être confrontée à une élection législative, devient elle-même otage de ce débat. Le processus s’est défini comme une sortie d’espoir avec un fort consensus trouvé, un statut d’autonomie qui affiche une démarche de paix et de démocratie. En même temps, il permettrait de régler la question de la fiscalité du patrimoine, de la lutte contre la spéculation pour garantir le droit au logement, d’une fiscalité pour les entreprises qui soit mieux adaptée à notre tissu productif, la question des coopérations transfrontalières avec l’Italie grâce à une compétence directement assumée par l’assemblée autonome, la question d’une autonomie énergétique pour diminuer les coûts… Tous ces éléments-là liés à l’autonomie sont remis aux calendes grecques ou du moins mis entre parenthèses du fait d’un contexte ». Le processus de Beauvau est-il caduc ? « Soyons factuels », répond le député de Femu a Corsica. « De facto, il y a une vacance du pouvoir du gouvernement et de l’Assemblée nationale. De toute façon, il faut attendre ce que diront les urnes. Aujourd’hui, le processus est entre parenthèses par nature ».
Un moment de vérité
Pour Jean Félix Aquaviva, cela veut dire qu’aujourd’hui la Corse « est à un moment de vérité. Pas pour les députés qui ont été élus, mais pour l’avenir de la Corse ». C’est en cela, poursuit-il, que ce nouveau scrutin prend tout son sens. « Ce n’est plus le sens des européennes, et ce n’est pas, quoi qu’en disent certains, le débat politique franco-français que l’on nous fait subir. La question est le choix des députés pour représenter la Corse à Paris, pour porter l’intérêt supérieur de la Corse plutôt que de prendre part à des joutes verbales et oratoires qui parfois font pitié entre les Extrêmes et le gouvernement ». Le moment de vérité, « c’est de se mobiliser dans un rassemblement le plus large pour dire aux Corses que c’est le moment de réaffirmer de manière forte que c’est à eux de décider de leur destin, et pas d’être otages d’un débat qui n’a rien à voir avec eux ». Le député, qui est candidat à sa propre succession, précise que le parti de la majorité territoriale « va se mettre en position rapide de combat, de rassemblement, de discussions afin de faire en sorte que le sens de ce pourquoi nous sommes à Paris depuis 2017, soit maintenu et renforcé ». Pour lui, la seule façon de réactiver le processus d’autonomie est de réélire des députés nationalistes : « Si nous sommes confortés dans nos choix et réélus fortement, cela donnerait une nouvelle légitimité ou processus pour le mener à son terme avec la volonté des Corses. Soit, il y a, à Paris, une majorité même plurielle, même différente, et peut-être une coalition, qui pourrait poursuivre le processus. Soit, le RN gagne le scrutin national et il devra être confronté à la question corse grâce à notre élection. Sinon, on peut s’attendre à des lendemains qui déchantent ». Ce nouveau scrutin est donc crucial, affirme Jean Félix Aquaviva : « Il n’y a pas d’autre processus pour nous que le dialogue pour une solution politique globale. Si nous avons en face de nous des forces antagonistes ou frontales qui mènent à une logique de refus de ce que nous sommes, il y aura effectivement un problème. C’est pour ça qu’il faut confirmer le choix de députés nationalistes dans les urnes ».
Propos recueillis par Nicole MARI.
La Corse en otage
En plein processus d’autonomie, la dissolution n’est pas neutre pour la Corse, elle risque même de changer complètement la donne : « Elle crée un autre contexte. La Corse devient, malgré elle, l’otage du match de ping-pong entre le Rassemblement National et Emmanuel Macron. Le débat européen et posteuropéen est surdéterminé par le débat politique franco-français. La Corse, puisqu’elle va être confrontée à une élection législative, devient elle-même otage de ce débat. Le processus s’est défini comme une sortie d’espoir avec un fort consensus trouvé, un statut d’autonomie qui affiche une démarche de paix et de démocratie. En même temps, il permettrait de régler la question de la fiscalité du patrimoine, de la lutte contre la spéculation pour garantir le droit au logement, d’une fiscalité pour les entreprises qui soit mieux adaptée à notre tissu productif, la question des coopérations transfrontalières avec l’Italie grâce à une compétence directement assumée par l’assemblée autonome, la question d’une autonomie énergétique pour diminuer les coûts… Tous ces éléments-là liés à l’autonomie sont remis aux calendes grecques ou du moins mis entre parenthèses du fait d’un contexte ». Le processus de Beauvau est-il caduc ? « Soyons factuels », répond le député de Femu a Corsica. « De facto, il y a une vacance du pouvoir du gouvernement et de l’Assemblée nationale. De toute façon, il faut attendre ce que diront les urnes. Aujourd’hui, le processus est entre parenthèses par nature ».
Un moment de vérité
Pour Jean Félix Aquaviva, cela veut dire qu’aujourd’hui la Corse « est à un moment de vérité. Pas pour les députés qui ont été élus, mais pour l’avenir de la Corse ». C’est en cela, poursuit-il, que ce nouveau scrutin prend tout son sens. « Ce n’est plus le sens des européennes, et ce n’est pas, quoi qu’en disent certains, le débat politique franco-français que l’on nous fait subir. La question est le choix des députés pour représenter la Corse à Paris, pour porter l’intérêt supérieur de la Corse plutôt que de prendre part à des joutes verbales et oratoires qui parfois font pitié entre les Extrêmes et le gouvernement ». Le moment de vérité, « c’est de se mobiliser dans un rassemblement le plus large pour dire aux Corses que c’est le moment de réaffirmer de manière forte que c’est à eux de décider de leur destin, et pas d’être otages d’un débat qui n’a rien à voir avec eux ». Le député, qui est candidat à sa propre succession, précise que le parti de la majorité territoriale « va se mettre en position rapide de combat, de rassemblement, de discussions afin de faire en sorte que le sens de ce pourquoi nous sommes à Paris depuis 2017, soit maintenu et renforcé ». Pour lui, la seule façon de réactiver le processus d’autonomie est de réélire des députés nationalistes : « Si nous sommes confortés dans nos choix et réélus fortement, cela donnerait une nouvelle légitimité ou processus pour le mener à son terme avec la volonté des Corses. Soit, il y a, à Paris, une majorité même plurielle, même différente, et peut-être une coalition, qui pourrait poursuivre le processus. Soit, le RN gagne le scrutin national et il devra être confronté à la question corse grâce à notre élection. Sinon, on peut s’attendre à des lendemains qui déchantent ». Ce nouveau scrutin est donc crucial, affirme Jean Félix Aquaviva : « Il n’y a pas d’autre processus pour nous que le dialogue pour une solution politique globale. Si nous avons en face de nous des forces antagonistes ou frontales qui mènent à une logique de refus de ce que nous sommes, il y aura effectivement un problème. C’est pour ça qu’il faut confirmer le choix de députés nationalistes dans les urnes ».
Propos recueillis par Nicole MARI.