Jean-Louis Luciani, conseiller exécutif et président de l’ODARC (Office de développement agricole et rural de la Corse).
- Que représente ce plan pour l’agriculture corse ?
- L’agriculture corse a, désormais, un cadre de travail, un cap, des directions, une vision de son développement, une ambition à moyen et long terme et un pari sur une génération. C’est ce que nous avons voulu acté dans ce rapport. Maintenant, il faut le mettre en œuvre. Le chemin sera long. Pour y parvenir et développer nos ambitions, un certain nombre d’outils seront nécessaires.
- Lesquels ?
- Nous en avons proposé certains qui devront être repris par le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), par l’Europe dans le cadre de la PAC et par l’Etat. Nous espérons que tous ces outils se mettront en place rapidement pour permettre à notre agriculture, à ce pan entier de notre société et de notre économie que nous devons préserver et développer, de se relancer, de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée et de faire vivre décemment ceux qui travaillent.
- Comment ce plan conçoit-il l’agriculture ?
- Comme un outil de production. L’agriculture corse a vocation à produire des produits de qualité dotés de certifications et de labellisations pour pouvoir exporter dans le monde entier sur des niches de marché. Mais, elle doit, également, produire des produits de consommation courante pour réduire la dépendance alimentaire, tant des humains que des animaux. Nous importons la quasi-totalité des fourrages consommés par le bétail.
- Que faut-il faire pour sauver l’agriculture corse ?
- D’abord, un travail considérable de préservation et de mobilisation du foncier agricole pour mettre les terres à disposition des filières et de leur développement. Egalement, un travail au niveau de l’irrigation, de la formation des hommes et de la sensibilisation à ces métiers, dès le plus jeune âge. Il faut tout revoir. C’est le sens de l’étude que nous avons conduit avec toute mon équipe à l’ODARC depuis deux ans et avec tous ceux, élus et socioprofessionnels, qui se sont associés à nos ateliers depuis plus de 8 mois. Je suis très fier de ce travail.
- Ce rapport prône une nouvelle gouvernance. Est-ce un moyen de reprendre la main politique en matière agricole, ici et ailleurs ?
- Oui. L’Assemblée de Corse a voté de manière très forte ce rapport qui affiche nos ambitions. L’objectif est de dire à l’Etat ce que nous voulons, à l’Europe ce que nous souhaitons et de faire en sorte qu’ils comprennent et intègrent nos particularismes, nos spécificités et nos difficultés. Nous voulons arriver à leur faire entendre que, souvent, les politiques, qu’ils mettent en œuvre au niveau national ou européen, nous écrasent et nous procurent des problèmes supplémentaires. Nous voulons sortir de ce carcan et avoir un cadre spécifique pour développer notre agriculture.
- Le transfert de compétence n’est-il pas le point fort de ce plan de sauvetage ?
- Non. Il n’y a pas un point plus fort qu’un autre. Ce rapport propose un ensemble de mesures qui doivent nous aider à atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés. Certaines mesures portent, bien sûr, sur la gouvernance. La CTC doit posséder la mesure pleine et entière de la responsabilité de la politique agricole. Aujourd’hui, cette responsabilité est morcelée, éclatée, et n’est, donc, ni efficiente, ni opérationnelle. Nous faisons, les uns et les autres, des choses contradictoires. Ce n’est pas acceptable ! Il faut que le travail sur le foncier et les mesures, que nous proposons au niveau de la formation et de la sensibilisation, voient le jour. C’est très important. Cet ensemble de choses permettra, nous l’espérons, à l’agriculture de redémarrer.
- Ne demandez-vous pas une responsabilité que vous avez déjà ?
- Oui. Tout à fait. Nous demandons la responsabilité qu’à notre sens, l’Etat nous a déjà conférée en 1983 et 2002, c’est-à-dire la responsabilité d’imaginer, de construire et de développer notre agriculture. C’est écrit dans le code rural. Nous avons besoin, pour cela, d’outils dont un certain nombre nous manque parce que l’Etat les a gardés sous sa responsabilité. Il y a, donc, incohérence ! Nous demandons une clarification par rapport à la décentralisation qui a, déjà, été actée. Nous gérons le 2ème pilier de la PAC, l’Etat gère le 1er. Nous devons gérer l’ensemble parce qu’il est nécessaire de mettre en cohérence des politiques, des crédits et des aides publiques qui, parfois, s’opposent.
- Que va devenir ce rapport, maintenant qu’il a été adopté ?
- La Corse dispose, maintenant, d’un document fondateur sur ses orientations politiques. Le large vote de la CTC est important. Je regrette que le rapport n’ait pas été voté à l’unanimité (Le Front de gauche s’est abstenu, ndlr). Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ! On ne peut pas refuser de voter un document en nous reprochant la manière dont l’Europe met en place des politiques libérales ! Si nous avions les moyens de peser sur la politique européenne, il y a longtemps que cela se saurait ! On essaye d’en atténuer les effets, justement en imaginant des outils plus spécifiques et plus particuliers à la Corse. L’Europe, souvent, écrase les agricultures comme les nôtres. J’espère que notre rapport sera compris comme il se doit au niveau de l’Etat et de l’Europe.
Propos recueillis par Nicole MARI
- L’agriculture corse a, désormais, un cadre de travail, un cap, des directions, une vision de son développement, une ambition à moyen et long terme et un pari sur une génération. C’est ce que nous avons voulu acté dans ce rapport. Maintenant, il faut le mettre en œuvre. Le chemin sera long. Pour y parvenir et développer nos ambitions, un certain nombre d’outils seront nécessaires.
- Lesquels ?
- Nous en avons proposé certains qui devront être repris par le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse), par l’Europe dans le cadre de la PAC et par l’Etat. Nous espérons que tous ces outils se mettront en place rapidement pour permettre à notre agriculture, à ce pan entier de notre société et de notre économie que nous devons préserver et développer, de se relancer, de créer de l’emploi et de la valeur ajoutée et de faire vivre décemment ceux qui travaillent.
- Comment ce plan conçoit-il l’agriculture ?
- Comme un outil de production. L’agriculture corse a vocation à produire des produits de qualité dotés de certifications et de labellisations pour pouvoir exporter dans le monde entier sur des niches de marché. Mais, elle doit, également, produire des produits de consommation courante pour réduire la dépendance alimentaire, tant des humains que des animaux. Nous importons la quasi-totalité des fourrages consommés par le bétail.
- Que faut-il faire pour sauver l’agriculture corse ?
- D’abord, un travail considérable de préservation et de mobilisation du foncier agricole pour mettre les terres à disposition des filières et de leur développement. Egalement, un travail au niveau de l’irrigation, de la formation des hommes et de la sensibilisation à ces métiers, dès le plus jeune âge. Il faut tout revoir. C’est le sens de l’étude que nous avons conduit avec toute mon équipe à l’ODARC depuis deux ans et avec tous ceux, élus et socioprofessionnels, qui se sont associés à nos ateliers depuis plus de 8 mois. Je suis très fier de ce travail.
- Ce rapport prône une nouvelle gouvernance. Est-ce un moyen de reprendre la main politique en matière agricole, ici et ailleurs ?
- Oui. L’Assemblée de Corse a voté de manière très forte ce rapport qui affiche nos ambitions. L’objectif est de dire à l’Etat ce que nous voulons, à l’Europe ce que nous souhaitons et de faire en sorte qu’ils comprennent et intègrent nos particularismes, nos spécificités et nos difficultés. Nous voulons arriver à leur faire entendre que, souvent, les politiques, qu’ils mettent en œuvre au niveau national ou européen, nous écrasent et nous procurent des problèmes supplémentaires. Nous voulons sortir de ce carcan et avoir un cadre spécifique pour développer notre agriculture.
- Le transfert de compétence n’est-il pas le point fort de ce plan de sauvetage ?
- Non. Il n’y a pas un point plus fort qu’un autre. Ce rapport propose un ensemble de mesures qui doivent nous aider à atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés. Certaines mesures portent, bien sûr, sur la gouvernance. La CTC doit posséder la mesure pleine et entière de la responsabilité de la politique agricole. Aujourd’hui, cette responsabilité est morcelée, éclatée, et n’est, donc, ni efficiente, ni opérationnelle. Nous faisons, les uns et les autres, des choses contradictoires. Ce n’est pas acceptable ! Il faut que le travail sur le foncier et les mesures, que nous proposons au niveau de la formation et de la sensibilisation, voient le jour. C’est très important. Cet ensemble de choses permettra, nous l’espérons, à l’agriculture de redémarrer.
- Ne demandez-vous pas une responsabilité que vous avez déjà ?
- Oui. Tout à fait. Nous demandons la responsabilité qu’à notre sens, l’Etat nous a déjà conférée en 1983 et 2002, c’est-à-dire la responsabilité d’imaginer, de construire et de développer notre agriculture. C’est écrit dans le code rural. Nous avons besoin, pour cela, d’outils dont un certain nombre nous manque parce que l’Etat les a gardés sous sa responsabilité. Il y a, donc, incohérence ! Nous demandons une clarification par rapport à la décentralisation qui a, déjà, été actée. Nous gérons le 2ème pilier de la PAC, l’Etat gère le 1er. Nous devons gérer l’ensemble parce qu’il est nécessaire de mettre en cohérence des politiques, des crédits et des aides publiques qui, parfois, s’opposent.
- Que va devenir ce rapport, maintenant qu’il a été adopté ?
- La Corse dispose, maintenant, d’un document fondateur sur ses orientations politiques. Le large vote de la CTC est important. Je regrette que le rapport n’ait pas été voté à l’unanimité (Le Front de gauche s’est abstenu, ndlr). Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi ! On ne peut pas refuser de voter un document en nous reprochant la manière dont l’Europe met en place des politiques libérales ! Si nous avions les moyens de peser sur la politique européenne, il y a longtemps que cela se saurait ! On essaye d’en atténuer les effets, justement en imaginant des outils plus spécifiques et plus particuliers à la Corse. L’Europe, souvent, écrase les agricultures comme les nôtres. J’espère que notre rapport sera compris comme il se doit au niveau de l’Etat et de l’Europe.
Propos recueillis par Nicole MARI