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Jean-Pierre Battistini (CGT) : "Une réforme territoriale sans queue ni tête"


le Mardi 14 Octobre 2014 à 23:26

Quelle administration territoriale pour la Corse ? Quelle stratégie syndicale ? Quels services publics ?L'union régionale CGT a réuni près de 80 délégués de Corse, mardi à la CCAS de Borgo pour, en présence de Viviane Flatreau, secrétaire confédérale pour débattre de tous ces sujets. Les explications de Jean-Pierre Battistini, secrétaire général l'union départementale de la Haute Corse.



Jean-Pierre Battistini (CGT) : "Une réforme territoriale sans queue ni tête"
- L'objet de cette journée ?
- Nous avons ressenti le besoin d'informer tous nos syndicats - nous sommes plus de 80 - avec une représentante de la confédération, sur les conséquences des politiques austéritaires menées sous l'égide de l'Europe mais aussi appliquées avec zèle par le gouvernement actuel qui vont destructurer notre société avec des services publics amputés. On le voit bien avec les dotations aux collectivités locales qui ont, déjà, baissé d'un milliard en 2013 et qui vont baisser de trois milliards en 2015 pour parvenir à onze en 2017. Cela veut dire que toutes les collectivités vont être impactées. Cela veut dire des licenciements de contractuels dans les services publics mais aussi pour les usagers une accès plus difficile avec ces services avec des tarifs en hausse. On peut penser que le marché ne répondra pas à tous les besoins et si les services publics, notamment dans le rural, reculent, ce sera un recul majeur de société pour toute la Corse. On appelle donc bien sûr à résister. On a des solutions et des propositions. Les élus départementaux et régionaux, eux-mêmes, s'alarment de cette dérive pour l'avenir du pays qui, aujourd'hui, est à un moment clef de son histoire.

- On a évoqué et dénoncé les mille-feuilles au niveau des strates de décision : quand on parle de suppression des conseils généraux, de regrouper des communes dans de grandes intercommunalités est-ce que cela vous inquiète ?
- Le mille-feuilles qui existe, peut être aujourd'hui, sera encore plus important avec la réforme territoriale qui est prévue tant au niveau national que régional. Personne n'y comprend rien. On veut, en plus, passer au-dessus de l'avis du peuple en évitant le référendum et la consultation comme on l'avait fait en 2003. On voit bien que la question du mille-feuilles est un prétexte. Les déficits créés par les politiques libérales sont intolérables au niveau européen. Il a donc été fait injonction à Hollande d'accentuer ces réformes pur justifier la baisse de 50 milliards au niveau de la dette. Il s'engage à marche forcée vers une réforme territoriale qui n'a ni queue ni tête, qui est faite dans la précipitation et qui inquiète. 

- Vous comptez vous opposer à cela : mais comment ?
-  Aujourd'hui on explique, on informe, on montre qu'il n'y a pas de fatalité et que la résistance doit se faire. La CGT est en première ligne pour la lutte contre ces politiques libérales mais il y a des inquiétudes parmi les élus locaux et parmi la population vis à vis de ces orientations européennes, nationales et même régionales. Avec notamment en Corse la réforme territoriale telle qu'elle se précise avec des attaques contre les transports. Ainsi rien n'est fait pour empêcher le plan social de 1 000 emplois à la SNCM. Mais cela pourrait être le même schéma, demain, aux chemins de fer de la Corse comme cela a, déjà, été le cas à Air France avec 200 suppressions d'emploi. Tout cela va de pair avec une précarité grandissante dans notre région, des services publics à l'abandon et le secteur rural qui, dans le sillage, va péricliter à son tour.

- Est-ce que vous avez l'impression d'être entendus ?
- On sent l'inquiétude et c'est pour cette raison que nous avons voulu tenir cette conférence régionale avec tous nos militants qui sont confrontés à des refus sociaux dans leurs entreprises, à des blocages de salaires, à des emplois précaires toujours plus nombreux. Il nous fallait donner des perspectives de résistance et de lutte pour faire autrement. C'est ça l'objectif aujourd'hui. Le discours ambiant national est de toujours baisser la tête et de se résigner. Mais ce n'est pas la solution. On va vers un mode de société que l'on n'a pas connu jusqu'à ce jour avec de la concurrence entre les régions, de territoires abandonnés et des services publics qui seront décimés.

- Le rassemblement de jeudi devant la CPAM de Haute-Corse entre dans ce cadre ?
- Jeudi après-midi il y a une action nationale contre l'austérité et surtout pour défendre notre sécurité sociale qui, dans le budget 2015 , va faire l'objet de restrictions scandaleuses de nature à mettre en danger la santé des citoyens.


Jean-Pierre Battistini (CGT) : "Une réforme territoriale sans queue ni tête"