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Jobs d’été : le bon plan pour les patrons corses ?


Thibaud KEREBEL le Lundi 1 Mai 2023 à 20:00

La période des vacances scolaires est souvent propice aux jobs d’été. Mais en Corse comme ailleurs, cette pratique est particulièrement encadrée, et ne favorise pas forcément les employeurs. Tour d'horizon des commerçants bastiais.



En Corse, où le tourisme estival constitue 40 % du PIB, le travail saisonnier est particulièrement répandu. En 2019, on recensait d’ailleurs 30 000 saisonniers sur l’île, soit 20 % de l’emploi salarié annuel hors agriculture… Des chiffres six fois plus élevés qu’au niveau national, qui mettent en lumière l’opportunité offerte aux jeunes locaux en quête d’un job d’été. Pourtant, du côté des patrons, ce n’est pas forcément le choix privilégié. Car si l’emploi d’un jeune, potentiellement mineur, comporte des avantages économiques, ces derniers s’accompagnent également d’une série de contraintes.

À Bastia, selon les commerces, les politiques divergent. Au restaurant l’Impérial, sur la place Saint-Nicolas, on assure « éviter de prendre des jeunes qui sortent du lycée, non pas à cause de leur âge, mais de leur manque d’expérience. On n’a pas le temps de former quelqu’un pendant deux mois, et de le laisser partir ensuite. » Avis contraire pour la gérante de l’enseigne de prêt-à-porter Mango, située sur le boulevard Paoli. « On préfère presque des filles qui ne sont pas expérimentées. Comme ça, elles n’ont pas de mauvaises habitudes qui viendraient d’un ancien emploi dans la vente, et on les forme avec la politique du magasin. »

« On n’engage pas de mineurs, c’est beaucoup trop compliqué »

Quoi qu’il en soit, sur le plan légal, les jobs d’été sont particulièrement encadrés. En plus des règles générales issues du code du travail, s’ajoutent des spécificités propres aux mineurs, comme l’interdiction de travailler de nuit, la réglementation de certains travaux physiques, ou encore l’impossibilité de vendre de l’alcool. Autant de contraintes qui poussent le propriétaire du Café de la Paix, place Saint-Nicolas, à éviter les saisonniers de moins de 18 ans. « C’est trop pénalisant, on ne peut pas se permettre de les avoir ni au bar, ni au service en salle. »

Même son de cloche du côté de la brasserie Colomba, sur le Vieux-Port. « On n’engage pas de mineurs, c’est beaucoup trop compliqué. Ils n’ont pas le droit d’aller derrière le bar, ni de faire du service en salle. En plus, on serait obligés de les faire finir avant 22 heures, alors qu’un service classique de restauration se finit bien plus tard. Même si on peut les employer moins cher, on ne gagne vraiment pas au change. »

Car l’aspect financier est bien présent dans la balance. En effet, comme le précisent les services de l’État, « la rémunération minimale versée aux mineurs ayant moins de 6 mois d'activité professionnelle est de 80 % du Smic pour les moins de 17 ans et de 90 % du Smic pour les jeunes de 17 à 18 ans ». Un point potentiellement intéressant pour les patrons, que certains choisissent toutefois de ne pas prendre en compte. C'est le cas dans le restaurant de sushis Karma, installé sur le Vieux-Port. « On les paie comme les autres employés. Pour nous, leur travail à autant de valeur que celui des autres. »

« Tant que les postulantes sont motivées et souriantes, pas de souci »

Globalement, même si la réticence est de mise, les patrons font de plus en plus appel à des jobs d’été. La faute à une main d’oeuvre difficile à trouver, notamment en pleine saison. « Avec le manque de CV, on n’a pas vraiment d’autre choix que de prendre des jeunes inexpérimentés », explique-t-on dans la boutique Undiz du boulevard Paoli. Dans ces cas-là, le critère principal reste la motivation. « Tant que les postulantes sont motivées et souriantes, pas de souci », complète la gérante de Mango.

Certains, comme les patrons du Café des Palmiers, sur la place Saint-Nicolas, ajoutent une sélection supplémentaire, pour s'assurer de trouver le bon employé. « On ne prend que des gens de Bastia, car on les connaît et on connaît leur famille. Comme ça, ils ne peuvent pas nous dire du jour au lendemain : 'je suis parti à Ajaccio, au revoir' ! »