Après avoir exploré la question du harcèlement scolaire avec Ces filles-là d'Evan Placey l’an dernier, la comédienne et metteure en scène Marie Murcia s’attaque à un autre sujet sensible : le mal-être adolescent et le suicide. « Le théâtre est un média particulier parce que, par le biais artistique, il permet de réfléchir ensemble », explique-t-elle. « À travers certaines œuvres, les jeunes discutent, prennent conscience de certains problèmes. Si le harcèlement reste d’actualité, le suicide est lui aussi un enjeu majeur, mais peu d’actions sont engagées pour en parler. Cette mise en scène a été pensée pour être jouée partout, mais nous nous heurtons à des réticences, car le sujet fait peur, il est tabou. » Un travail qui a pourtant trouvé un écho auprès de la Collectivité de Corse et des villes de Bastia et Migliacciaru, soutenant la représentation. Il est aussi l’occasion de rappeler l’existence du 31 14, numéro national de prévention du suicide.
« John, de Wajdi Mouawad, est l’histoire d’un adolescent qui met en scène son suicide pour que sa famille garde une trace de son geste » explique Marie Murcia. C’est Alizée Pinelli, une jeune comédienne, qui lui a demandé de monter cette pièce, un des premiers textes, 1997, de l’auteur-metteur en scène libano-canadien Wajdi Mouawad. « C’est un metteur en scène qui m’avait parlé de ce texte, un texte, édité qu’une seule fois hélas, qui depuis a libéré la parole chez les jeunes. Je pense que tout ce qui est artistique peut justement contribuer à libérer la parole. C’est aussi amener le théâtre vers les jeunes, leur montrer que le théâtre peut être autre chose. Beaucoup de familles sont concernées par le suicide mais sont peu informées. Cette pièce peut apporter la compréhension du mal-être. Selon une étude, 70% des jeunes ne suivent pas leur scolarité dans de bonnes conditions ».
Ce mal-être est ici incarné par John, joué par Marien Giuliani, jeune Ajaccien en dernière année au Cours Florent à Paris. « L’adolescence est une période charnière et, à 24 ans, on perd souvent cette perception. J’ai voulu la retrouver à travers ce rôle, replonger dans cette période où l’on peut se sentir au bord du gouffre », confie le comédien. Il partage la scène avec Alizée Pinelli, qui incarne sa grande sœur.
Après trois résidences de création à Migliacciaru, Bastia (Alb’Oru) et au lycée Jeanne d’Arc, John sera présenté pour la première fois ce mardi 18 mars à 18h30 au lycée Jeanne d’Arc de Bastia, puis le 22 mars à Migliacciaru et le 25 mars au Spaziu de Corte.
À Bastia et Corte, la pièce sera suivie d’un échange sur la santé mentale animé par la psychologue Lucile Delanne, avec la présence de Lauda Guidicelli-Sbraggia, conseillère exécutive de Corse en charge de la jeunesse. À Ghisonaccia, c’est Élodie Vittori, psychologue, qui mènera les débats.
Représentations :
Mardi 18 mars - 18h30 : Lycée Jeanne d’Arc, Bastia
Samedi 22 mars - 20h30 : Salle Timo Pieri (ex-Cardiccia), Prunelli di Fium’Orbu
Mardi 25 mars - 18h30 : Spaziu, Corte