
Depuis la loi 3DS (Différenciation, Décentralisation, Déconcentration et Simplification) promulguée en 2022, l’adressage est devenu obligatoire pour toutes les communes, y compris les plus petites. Cela signifie que chaque habitation doit désormais être dotée d’une adresse précise : un numéro, une voie clairement identifiée, et une localisation référencée dans les bases nationales. L’objectif est simple : faciliter les interventions des services d’urgence, optimiser la distribution du courrier, améliorer les services publics et renforcer la sécurité.
En Corse, où de nombreuses habitations – notamment en zone rurale – étaient jusque-là identifiées par des indications orales ou des points de repère flous, cette mise à jour représente un chantier conséquent. Beaucoup de communes n’avaient jusque-là ni noms de rues ni numérotation des maisons, et doivent aujourd’hui s’y atteler dans des délais serrés.
Une opportunité pour valoriser la langue corse
Mais loin de vivre cette évolution comme une contrainte purement administrative, plusieurs communes corses y voient l’opportunité de mettre en valeur leur patrimoine culturel et linguistique. Ainsi, dans de nombreux villages, les nouvelles adresses ne sont pas simplement traduites ou imposées selon un modèle standard français : elles sont pensées, nommées et écrites en langue corse.
Des termes comme strada (route), stradella (petite rue), scalinata (escalier), stretta (ruelle étroite) ou scala (montée) fleurissent désormais sur les plaques de rues. Il ne s’agit pas seulement d’un habillage esthétique : c’est un véritable acte de reconnaissance linguistique. Le choix des noms, souvent liés à la mémoire locale (anciens lieux-dits, noms de familles, éléments du paysage), s’inscrit dans une logique de transmission culturelle.
Dans certaines communes, les habitants sont même consultés pour nommer les voies, ajoutant une dimension participative et affective au projet. Une façon de faire coïncider les exigences de la modernité avec les racines profondes du territoire.
Entre nécessité et fierté locale
Si l’adressage reste avant tout une nécessité logistique – notamment pour les services d’urgence ou la livraison de colis – il devient en Corse un levier identitaire fort. Dans un contexte insulaire où la question de la langue est sensible et symbolique, voir des plaques bilingues, ou exclusivement en corse, représente pour beaucoup un geste de fierté et de résistance culturelle.
À terme, l’ensemble des communes corses devront être référencées dans la Base Adresse Nationale (BAN). Et si cette évolution est imposée par la loi, elle se teinte en Corse d’une couleur particulière : celle d’un territoire qui, tout en se mettant à jour, reste profondément attaché à ce qui fait son âme.

Entre nécessité et fierté locale
Si l’adressage reste avant tout une nécessité logistique – notamment pour les services d’urgence ou la livraison de colis – il devient en Corse un levier identitaire fort. Dans un contexte insulaire où la question de la langue est sensible et symbolique, voir des plaques bilingues, ou exclusivement en corse, représente pour beaucoup un geste de fierté et de résistance culturelle.
À terme, l’ensemble des communes corses devront être référencées dans la Base Adresse Nationale (BAN). Et si cette évolution est imposée par la loi, elle se teinte en Corse d’une couleur particulière : celle d’un territoire qui, tout en se mettant à jour, reste profondément attaché à ce qui fait son âme.