L’aide à l’apprentissage revue à la baisse : quelles conséquences en Corse ?

Exit l’aide de 6 000 euros pour les entreprises proposant des contrats d’apprentissage. Depuis le début de l’année, 5 000 euros sont accordés aux entreprises de moins de 250 salariés embauchant des apprentis, et 2 000 euros pour les entreprises de plus de 250 salariés. Une décision qui fait suite à un décret, annoncé par le ministère du Travail le 30 décembre dernier, qui abaisse le budget alloué aux grosses entreprises, afin de permettre de “continuer à soutenir l’apprentissage dans l’ensemble des entreprises et plus particulièrement dans celles de moins de 250 salariés, qui emploient aujourd’hui près de 80 % des apprentis”.

À la suite de cette baisse des subventions, la Corse va devoir s’attendre à un léger “réflexe réfractaire”, selon Xavier Luciani, directeur du Centre de Formation des Apprentis (CFA) de Haute-Corse. “Certaines entreprises vont peut-être voir leurs effectifs régresser”, suppose-t-il. Malgré tout, il invite à rester optimiste. “Sur l’île, peu d’entreprises comptent plus de 250 salariés, donc peu d’entreprises n’auront que 2 000 euros de subventions. Pour les autres, même si les 1 000 euros en moins ne sont pas négligeables, elles bénéficieront quand même de 5 000 euros. Je ne pense pas que ce montant soit rédhibitoire pour une jeune entreprise qui démarre et qui a besoin de trésorerie.” Il précise également que “les autres avantages liés à un contrat d’apprentissage restent en place, donc la dynamique continuera d’être la même”.

Dans le cadre de la réforme du Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS), le salaire net des apprentis va également connaître une baisse dès le 1er mars.
Jusqu’à présent, les apprentis bénéficiaient d’une réduction significative des charges, avec une exonération pouvant atteindre 79 % du Smic. Mais à compter du 1er mars, cette exonération sera limitée à 50 % du Smic pour les contrats signés dans les entreprises de plus de 10 salariés. La Contribution Sociale Généralisée (CSG) et la Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale (CRDS) seront alors prélevées sur les salaires, faisant perdre environ 150 euros à un apprenti rémunéré au Smic.

Un changement que la Corse ne va sûrement pas ressentir. “Compte tenu du tissu économique et de la démographie de notre région, je ne pense pas qu’il y aura une lourde régression”, explique Xavier Luciani. “Même si 150 euros font toujours la différence, je ne pense pas que les jeunes soient accrochés aux salaires, d’autant plus que certaines entreprises les payent plus, car la limite de paiement imposée aux entreprises n’a qu’un minimum.” Le directeur du CFA estime que cette réforme est simplement “une nouvelle dynamique du gouvernement”, car l’apprentissage a été “victime de son succès”. “En Corse, en 2019, 2 200 contrats d’apprentissage ont été signés. Cinq ans plus tard, nous en sommes à 3 200.” Il conclut : “Certaines entreprises vont peut-être plus mesurer leur capacité à recruter, mais il n’y aura pas d’effet catastrophique.”