
Faire émerger la Corse comme destination de référence pour le tourisme d’affaires en Méditerranée : c’est l’ambition portée par la première édition du workshop Events Days, qui se tient ces mardi 8 et mercredi 9 avril 2025 entre Bastia et le Cap Corse. Porté par l'Agence du Tourisme de la Corse, ce rendez-vous professionnel entend créer des connexions directes entre une trentaine de prestataires insulaires et une quarantaine d’acheteurs venus du continent – organisateurs d’événements, agences de voyages, responsables d’entreprises – tous en quête de nouvelles destinations et de partenariats durables. « Au-delà de Bastia, c’est l’ensemble de la Corse que nous souhaitons promouvoir », affirme Nicolas Godard, fondateur de Meet & Com, partenaire de l'événement. « C’est un événement qui est fait pour mobiliser une filière, qui est là pour créer de l’interaction entre les différents participants : des exposants entre eux, des visiteurs entre eux, et bien entendu des exposants avec des visiteurs. Pour cela, nous mettons en place des rendez-vous d’affaires, des conférences, des moments d’échange, des tables tournantes où les visiteurs peuvent se rencontrer. Nous sommes en adéquation avec l’offre et la demande, parce qu’il est nécessaire d’être au diapason de cette transformation pour pouvoir développer le tourisme d’affaires. »
Ce positionnement marque une étape dans le développement d’un segment encore récent en Corse, celui d’un tourisme tourné vers les professionnels. Une orientation nouvelle, mais qui s’appuie déjà sur des chiffres parlants et un intérêt croissant. « La Corse, ce n’est pas qu’une destination de cœur », souligne Angèle Bastiani, présidente de l’Agence du Tourisme de la Corse. « Le tourisme d’affaires inscrit la Corse dans une destination de travail, d’innovation et d’échanges avec les professionnels. Ce secteur n’existait pas il y a 15 ans, et il représente aujourd’hui une part de 6 %, c’est pourquoi nous allons essayer d’augmenter cette part, parce que c’est une branche qui permet de diffuser la promotion de la Corse sur différents secteurs. »
Pensé comme un levier de diversification, ce tourisme professionnel répond aussi à l’un des enjeux clés du territoire : sortir d’un modèle exclusivement estival. « On a une saisonnalité habituellement d’avril à octobre, mais c’est une évidence pour nous de nous développer sur du tourisme d’affaires », affirme Karine Goffi, présidente de l’UMIH Corsica. « On a des microrégions qui sont en avance, et ce serait bien de développer l’intégralité de notre île en avant, en milieu, et en arrière-saison, parce qu’on a un vrai potentiel. »
Pierre de Bach, fondateur de l’entreprise Memories, spécialisée dans la production de contenus photo et vidéo, partage ce constat. « Avec la forte saisonnalité, on a beaucoup de demandes entre mai et juillet, mais on a aussi des périodes plus creuses. Ce nouveau type de tourisme permettrait de répondre à d’autres demandes, avec des professionnels qui vont vouloir vivre une autre expérience, et à nous développer toute l’année. »
Pour cela, encore faut-il adapter l’offre. Un tourisme d’affaires suppose une structuration spécifique, des standards professionnels, une logistique soignée. « L’Agence du Tourisme de la Corse accompagne les professionnels du tourisme qui veulent se développer dans ce secteur », confirme Angèle Bastiani. « Quand on parle de déconcentration du tourisme, il y a forcément une gestion des flux sur le territoire. On est très axés sur le développement de l’aérien, et le maritime, lui aussi, arrive sur les propositions pour ce tourisme d’affaires. » « Il faut accompagner cette transformation », renchérit Nicolas Godard. « Le tourisme d’affaires peut amener à augmenter les rotations sur les périodes basses, et cela doit être accompagné d’une réalité économique et d’une volonté politique. Il faut que l’ensemble de la chaîne de valeur se mette au niveau, et évidemment le pivot central sera l’accessibilité, que ce soit par avion ou par bateau. »
Sur ce point, les partenaires insulaires ont des atouts. Air Corsica est notamment partie prenante du workshop. Des offres spécifiques pour les groupes et une meilleure coordination entre les compagnies sont envisagées pour réduire les freins liés au transport. « Aujourd’hui, voyager coûte cher partout, si on veut bien manger, bien dormir, faire des activités. Ce n’est pas propre à la Corse », glisse un professionnel. Et sur l’hébergement, les tarifs insulaires sont désormais comparables à ceux pratiqués sur la Côte d’Azur.
Reste à mettre en valeur les structures déjà existantes. « On a une offre hôtelière qui est largement à la hauteur de la demande qui va être faite », estime Karine Goffi. « On sait faire de l’événementiel et on a des salles de conférences. » Elle tempère néanmoins : « Il faut arriver à bien cibler ce que les partenaires attendent. Les établissements vont suivre, on a la capacité de faire et on s’est déjà bien développés. » Dans cette dynamique, les atouts de l’île font la différence. « On a une culture et un patrimoine formidable sur notre île, et c’est avec ça qu’il faut qu’on se défende par rapport à nos îles voisines. La Corse est une île qui donne envie aux gens », conclut-elle.
Le workshop de Bastia se veut donc plus qu’un simple salon. Il est une vitrine stratégique d’une filière en construction, mais aussi une réponse concrète aux enjeux de diversification économique et de développement durable du territoire. La Corse entend se donner les moyens d’y répondre.