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La récolte "à l'ancienne" des olives en Corse, un savoir-faire ancestral préservé pour les générations futures


Maria-Serena Volpei-Aliotti le Lundi 22 Juillet 2024 à 10:07

Grâce aux efforts du SIDOC et du syndicat AOP Oliu di Corsica, la récolte à l’ancienne des olives, une pratique en voie de disparition, a été inscrite au patrimoine national culturel immatériel, assurant la préservation d'un héritage unique.



En Corse, la récolte des olives selon des méthodes ancestrales, qui consiste à ramasser avec des filets les fruits mûrs tombant naturellement, a été incluse à l'inventaire national du patrimoine culturel immatériel (PCI) en septembre 2023. Ce savoir-faire unique, aujourd'hui menacé, a été mis à l'honneur grâce aux efforts conjoints du Syndicat Interprofessionnel de l’Olivier de Corse (SIDOC) et du syndicat AOP Oliu di Corsica. « C'est la reconnaissance d'un savoir-faire qui se perd : nous sommes quasiment les derniers pêcheurs d'olives », avait déclaré Sandrine Marfisi, ancienne présidente du SIDOC et l'une des rédactrices de la candidature corse, lorsqu'elle avait appris la nouvelle. « En France, seule la Corse possède un verger d'oliviers multiséculaires épargné par le gel, permettant de faire perdurer la récolte à l'ancienne. Parmi les pays producteurs d'olives, seule la Grèce pratique encore cette méthode », a-t-elle ajouté.

Les oléiculteurs corses à la pointe du progrès
À l'occasion de la Fiera di l'Alivu qui a eu lieu le weekend dernier à Montegrosso, Fabienne Maestracci, oléicultrice et nouvelle présidente du SIDOC et du syndicat AOP, est revenue sur cette reconnaissance, insistant sur l'importance de préserver un savoir-faire unique pour les générations futures. "Un des motifs qui nous a poussés à inscrire ce savoir-faire au patrimoine immatériel, c’est que ce savoir-faire est en train de se perdre", explique Fabienne Maestracci. "Cette méthode ancestrale permet d’obtenir une huile extrêmement douce, chargée en parfums, bien différente des autres huiles qui peuvent avoir des goûts d’artichaut ou d’herbes vertes. Notre huile sent bon l’olive. Mais cette manière de récolter est en train de se perdre."


La méthode de la récolte à l’ancienne consiste à laisser les olives tomber naturellement lorsqu’elles atteignent leur pleine maturité, évitant ainsi toute amertume et garantissant une huile d’une qualité exceptionnelle. Cependant, cette technique demande un travail méticuleux et prolongé, ce qui explique pourquoi de nombreux professionnels tendent à la délaisser au profit de méthodes mécaniques plus rapides et moins coûteuses. "C’est une tradition familiale qui doit continuer d’exister. C’est la transmission de notre histoire, d’un savoir-faire et de nos connaissances. Il ne faut pas perdre cette méthode et surtout ce goût qui fait partie des goûts de la Corse", insiste Fabienne Maestracci. Cette inscription au patrimoine immatériel de l’humanité est une première pour la récolte à l’ancienne en Corse, ouvrant ainsi la voie à d’autres secteurs désireux de préserver leurs traditions. "Les oléiculteurs de Corse sont toujours à la pointe du progrès. C’est un lourd dossier à monter mais nous y sommes arrivés", se réjouit la présidente.

Thierry Cervoni, président de la coopérative oléicole de Balagne, partage également cette satisfaction : "Nous avons entrepris cette démarche avec le SIDOC pour faire classer et reconnaître ce savoir-faire unique. La Corse est le seul endroit où l’on récolte les olives de cette manière. Des olives qui tombent en pleine maturité, ce qui permet d’obtenir une huile d’olive douce et sans amertume. Elles tombent naturellement dans les filets." Cette reconnaissance est davantage une protection qu’une valorisation du produit, déjà mondialement reconnu. "Cette reconnaissance valorise ce savoir-faire unique et cette technique que l’on ne doit pas oublier. Elle montre aux visiteurs que nous avons une méthode et un produit bien particulier et unique. C’est ce qui nous démarque des autres régions", conclut le président

Après cette reconnaissance, le défi pour les oléiculteurs corses sera de trouver de nouvelles techniques pour continuer à exploiter ces arbres centenaires de manière durable.