Georges Calassa n’a pas choisi le chrysanthème par hasard. Passionné d’agriculture et bûcheron de formation, il cultive cette fleur depuis trois ans, inspiré par une rencontre avec un producteur expérimenté. « La première fois que j’ai visité les plantations de Monsieur Filiberti à Ponte Novu, j’ai été fasciné par ses champs multicolores. C’est lui qui m’a donné les clés de cette culture semi-longue. Depuis, je me consacre entièrement aux chrysanthèmes, une fleur emblématique qui attire les regards et fleurit juste avant la Toussaint, » raconte-t-il.
Chaque printemps, début mai, il se rend sur le Continent pour se procurer des plants minuscules, de seulement trois à quatre millimètres. Une fois de retour à Lama, ces jeunes pousses sont mises en culture. « Je les place directement dans des pots remplis de tourbe spéciale et j’enterre partiellement les pots pour conserver l’humidité. La croissance prend près de six mois, avec des soins constants jusqu’à une dizaine de jours avant la Toussaint. Cette culture demande de la patience et une attention de tous les instants, » explique-t-il. Il propose aujourd'hui une palette d’une dizaine de couleurs différentes, qui s’avère être très appréciée des clients locaux.
Le processus de culture commence par une opération cruciale : l’ébourgeonnage, environ deux à trois semaines après la mise en pot. « L’ébourgeonnage est essentiel pour obtenir des fleurs rondes et denses, surtout pour la variété “pomponette” qui est particulièrement recherchée. Cette opération permet de multiplier les fleurs tout en leur donnant une forme volumineuse. Pour le chrysanthème classique, l’ébourgeonnage ajoute hauteur et largeur aux fleurs, » explique-t-il. Chaque étape est réalisée à la main, y compris le désherbage régulier des pots et du sol : « Le désherbage quotidien est indispensable pour éviter que la fleur ne soit étouffée par d'autres végétaux, car le chrysanthème aime être bien aéré. » Enfin, l’arrosage se fait avec modération car, comme l’explique-t-il « le chrysanthème n’est pas gourmand en eau, mais il lui faut un niveau d’humidité constant pour résister à la chaleur. C’est un équilibre que l’on évalue souvent à l’œil. »
Après des mois de soins, vient le moment attendu de la récolte et des livraisons. Georges Calassa se prépare pour cette période intense, où il distribue ses chrysanthèmes aux fleuristes, grandes surfaces et particuliers. « Les commandes des grandes surfaces et des fleuristes sont passées dès janvier, ce qui me permet d’anticiper la production nécessaire. Je commande toujours quelques plants supplémentaires pour la vente directe ou les livraisons locales, » précise-t-il. Dans les derniers jours d’octobre, l’horticulteur travaille sans relâche pour honorer toutes les commandes, un défi qu’il relève chaque année avec passion.
Malgré un intérêt croissant pour la production de chrysanthèmes en Corse, celle-ci reste insuffisante pour répondre à la demande insulaire. « Pour 1 000 fleurs produites sur l’île, environ 2 000 sont importées des grandes régions productrices comme la PACA. Mais les fleurs locales sont d’une qualité différente, » affirme-t-il. Cependant, il note que la réglementation est stricte pour les producteurs officiels, qui doivent se conformer aux normes phytosanitaires afin de prévenir l’introduction de maladies en Corse. En revanche, le marché reste marqué par une concurrence informelle avec des vendeurs non déclarés et des importations de masse.
Symbole du souvenir et de l’éternité, le chrysanthème, originaire de Corée et cultivé depuis le XVe siècle avant J.-C., est aujourd’hui très apprécié en Chine et au Japon, où il est cultivé toute l’année et incarne la joie. Dans ces pays, ses pétales sont lancés en signe de bonheur lors des mariages. Le terme "chrysanthème" vient des mots grecs “chrusos” (or) et “anthemon” (fleur), rendant hommage à sa teinte dorée originelle.
Avec 25 millions de chrysanthèmes vendus chaque année en France pour la Toussaint, Georges Calassa et ses pairs insulaires participent à cette tradition qui embellit les tombes et célèbre le souvenir. Pour l’horticulteur de Lama, chaque fleur livrée est un hommage fleuri aux défunts, entretenu jour après jour par la passion de son métier.
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