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« Le déploiement de la fibre en Corse sera terminé le 30 juin prochain »


le Jeudi 6 Février 2025 à 16:18

L’ADSL vit ses derniers instants. Depuis le début de l’année, le réseau cuivre a commencé à être démantelé par l’opérateur Orange, avec un arrêt complet prévu pour 2030. Si en Corse les premières coupures ne sont pas prévues avant l’année prochaine, la Collectivité de Corse a déjà anticipé ce grand changement et lancé le projet du raccordement de l’ensemble des foyers insulaires à la fibre optique, dès 2018. Un chantier pharaonique, dont la partie concernant le rural a été confiée à Corsica Fibra et est sur le point de prendre fin, comme l’explique son directeur, Stéphane Mattei.



- L’ADSL va progressivement disparaitre d’ici à 2030. Le réseau cuivre commence d’ailleurs à être débranché dès cette année. Pourquoi ?
- Parce que ce réseau est vétuste et a plusieurs dizaines d’années. La technologie ADSL est maintenant dépassée, car on ne peut pas faire du très haut débit sur du cuivre. C’est pour cela qu’il y a eu le plan France très haut débit, et que la Collectivité de Corse a monté son projet de déploiement de la fibre partout sur l’île, notamment dans le rural, parce que des opérateurs privés n’auraient pas pu y aller seuls.
 
- En prévision de cette transition, en 2018 la Collectivité de Corse a souhaité lancer le déploiement du très haut début en Corse. Dans cette entreprise, le chantier titanesque du raccordement des communes du rural a été dévolu à Corsica Fibra par le biais d'une Délégation de Service Publique. Aujourd’hui, où en est-on ?
- Nous avons construit plus de 180 000 prises. Mis à part pour les constructions neuves, où cela évolue tous les jours, le chantier sera fini en complétude au 30 juin, conformément à ce que nous avons annoncé.
 
- Quels territoires reste-t-il à raccorder ?
- Il reste de petites poches un peu partout. Lorsque l’on a construit les zones, on a été obligé de faire ce que l’on appelle un réseau de collecte, c’est-à-dire le squelette du réseau. Ensuite, on a fait les artères et les veines, et on termine par les petites ridules. On monte en capillarité. Il reste aujourd’hui moins de 7% du réseau à construire. Ce sont vraiment de petites poches, il n’y a plus de structurant à construire. Les 72 gros bâtiments de raccordement optique sont posés, 71 sont alimentés, il en reste un à allumer. Les armoires de rue sont quasiment toutes posées. Il reste seulement de quelques éléments à finaliser.
 
- Une des particularités de la fibre est de loger tous les foyers à la même enseigne. Qu’on soit au fin fond du Niolu ou dans le centre d’Ajaccio, tout le monde disposera donc de la même puissance ?
- Exactement. La dernière maison isolée du Niolu aura le même débit qu’un appartement en plein centre de Paris, Lyon, Marseille ou Ajaccio. La grosse différence entre l’ADSL et la fibre, c’est qu’il n’y pas de baisse de puissance sur la distance vu qu’on allume de la lumière. Cela permet de connecter des zones qui étaient jusqu’ici isolées au très haut débit. On pouvait y avoir de la 4G, de la 5G, une offre satellitaire ou du cuivre avec un faible débit. Désormais, nous envoyons la même puissance aux armoires de rue. Et derrière selon l’offre commerciale à laquelle les abonnés souscrivent, ils peuvent avoir entre 300 mégas et 1 giga de débit.
 
 

- Quelles ont été les contraintes et les difficultés de ce grand chantier ?
- Tout a été un défi, à commencer par la structure même, parce que c’est du rural. Il y avait des zones pas du tout équipées, certains réseaux qui étaient vieillissants, des câbles enterrés ou des raccourcis dans le maquis. Nous avons dû construire un réseau totalement neuf. Nous avons fait du génie civil, de l’enfouissement en partenariat avec la Collectivité de Corse, avec EDF, avec les Syndicats d’Électrification, avec Orange. On s’est tous mis autour de la table pour réussir le chantier. Cela a impliqué la mobilisation de moyens techniques et industriels qui n’étaient pas présents en Corse, qu’on a construit pour réaliser le projet, ainsi que des partenariats qu’on a noué avec les opérateurs présents sur le territoire. Et puis, au milieu de tout cela, nous avons dû faire face à la crise Covid qui n’a pas fait du bien au déroulé du chantier. Mais finalement nous nous en sommes sortis grâce à la mobilisation de tout un chacun.
 
- Combien d’ouvriers ont été mobilisés sur le chantier ?
- Nous sommes montés jusqu’à 250 collaborateurs. Plus de 100 personnes ont notamment été formées grâce à l’AFPA Corte. Certains sont venus du continent, recrutés par les sous-traitants, nous avons aussi fait appel à des entreprises insulaires qui faisaient du génie civil. Tous les moyens ont été mis à disposition du projet
 
- Combien kilomètres de fibre auront été déployés au total à la fin du chantier ?
Plus de 100 000 kilomètres 
 
- Quel sera le coût final du chantier ?
À la fin du chantier, il sera de 330 à 340 millions d’euros.
 
- Dans le rural, toutes les prises déployées ne seront cependant pas utilisées…
- Ce n’est pas grave, car le but était d’amener le service à tout le monde. Et puis, il se peut que certaines personnes choisissaient jusqu’ici de ne pas s’installer dans le rural car elles n’y avaient pas de quoi travailler ou pas de quoi pouvoir faire du télétravail. Aujourd’hui on va permettre au rural de pouvoir attirer de nouveaux habitants, qui pour certains pourront s’installer dans leur maison de village et travailler comme s’ils étaient au centre-ville de Paris. Aujourd’hui nous sommes à plus de 180 000 prises construites, et à plus de 140 000 prises commercialisées sur lesquelles les gens peuvent prendre un abonnement, et nous sommes à près de 69 000 abonnements sur le réseau. Cela fait un ratio de 40 à 50%, ce qui est énorme, surtout sachant qu’il y a beaucoup de résidences secondaires dans certaines communes. Et ce qui est important c’est que tous les Corses ont accès au très haut débit. C’est pour cela qu’un partenariat public-privé a été initié par la Collectivité de Corse. Si le projet avait été mené par un opérateur privé, jamais il n’y aurait eu de fibre au fin fond d’une vallée. L’opérateur ne serait allé que là où commercialement il aurait pu rentabiliser le réseau. Une prise au fin fond du rural coûte plus de 1200 euros, sur lesquels la CdC participe à hauteur de 270 euros. Ce que nous construisons c’est pour la Corse et les Corses : à la fin du contrat le réseau appartiendra à la CdC.