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Le futur PLU de Porto-Vecchio consultable dès mardi en cas d'approbation lundi soir par les élus


le Lundi 29 Juillet 2024 à 09:04

Lundi soir, le conseil municipal de Porto-Vecchio se prononcera sur le projet de plan local d’urbanisme (PLU), initié il y a quatre ans. Un travail de longue haleine, « extrêmement complexe », ne s’en est pas caché le maire Jean-Christophe Angelini, qui a « eu envie plusieurs fois de poser le stylo ». Mais la nécessité de recréer de la résidence principale, dans une commune qui a vu 85 % de résidences secondaires se construire entre 2011 et 2021, a pris le dessus pour aboutir à un document de 1 500 pages qui sera – si avis favorable du conseil municipal - consultable dès mardi en mairie et sur son site internet. Mais avant le vote, les élus ont tenu à présenter la version définitive de ce PLU à la population, qui avait été conviée à la découvrir vendredi soir, à l’espace culturel Jean-Paul-De-Rocca-Serra. Plus de 200 personnes avaient répondu à l’invitation.



Des panneaux d'information sur le futur PLU ont été mis à la disposition des Porto-Vecchiais dans l'espace Jean-Paul-De-Rocca-Serra.
Des panneaux d'information sur le futur PLU ont été mis à la disposition des Porto-Vecchiais dans l'espace Jean-Paul-De-Rocca-Serra.
L’intérêt général. Le seul qui vaille discussions, vendredi soir, durant la réunion publique. Jean-Christophe Angelini ne souhaitait pas être assailli de questions sur le choix de rendre constructible, ou non, telle ou telle parcelle familiale, « même si c’est tout à fait normal que ce soit au centre des préoccupations de chacun », a reconnu le maire. Ce n’était tout simplement pas l’objet de la réunion publique. Ce temps viendra d’ailleurs très vite, dès mardi et le début de l’enquête publique, dans l’éventualité très forte d’une approbation par les élus de ce projet de PLU. Les Porto-Vecchiais pourront alors faire part de leurs doléances, avis, regrets ou critiques au commissaire-enquêteur, ce que Jean-Christophe Angelini, comme le sous-préfet Gaël Rousseau, les encouragent vivement de faire, dans l’idée que ce PLU finisse par aboutir au meilleur consensus. Car à la fin de l’enquête publique, la municipalité pourra tenir compte des différentes observations, si elle les juge conformes à l’intérêt général, et le PLU pourra être amendé, avant sa validation définitive prévue en 2025.

"Je suis assez serein"

La présence du représentant de l’État à la réunion publique de vendredi soir n’était pas anodine : « Si j’avais eu un doute sur la qualité juridique, économique, de respect des règles autour de ce document, je ne vous aurais pas suivi et je ne serais pas forcément venu ce soir », a-t-il déclaré. Refusant de se prononcer sur le fond, à savoir les choix politiques qui ont été faits, Gaël Rousseau a mis en avant la forme : « Je vois que l’intérêt général a été mis au milieu de la carte. Je suis donc assez serein sur la qualité de ce PLU. » 

De gauche à droite : l'urbaniste Thomas Casalta, le maire Jean-Christophe Angelini et le sous-préfet Gaël Rousseau.
De gauche à droite : l'urbaniste Thomas Casalta, le maire Jean-Christophe Angelini et le sous-préfet Gaël Rousseau.
En 2009, l’ancienne municipalité porto-vecchiaise s’était dotée d’un PLU, mais le document d’urbanisme avait été retoqué deux ans plus tard par le tribunal administratif de Bastia, qui avait jugé illégaux de nombreux permis de construire accordés sur des zonages protégés. Cette fois, conformément à la loi, le projet de nouveau PLU déclare inconstructible tout terrain situé dans la bande littorale des 100 mètres, en dehors de la zone d’agglomération : « En gros, d’un secteur qui approche Georges Ville et qui descend jusqu’au port, il y aura des possibilités de construire, parce qu’on est en agglomération », précise Thomas Casalta, directeur de l’agence d’urbanisme ajaccienne Visu, associée à la réalisation du PLU. Il ajoute que, « en dehors de cette bande des cent mètres, dans les espaces proches du rivage, la loi nous dit que l’extension de l’urbanisation doit être limitée. A ce titre-là, on autorisera simplement des extensions de bâtiment, avec un plafond de surface. » Dans des secteurs comme Bucca ll’Oro ou Piccuvaghja, construire pourra également être possible, mais dans une optique de densification des dents creuses. La mairie souhaite notamment faire de Bucca ll’Oro « une porte d’entrée » vers les plages, y créant un parc de stationnement et un giratoire.

"On veut que nos villages revivent"

Ce PLU a été pensé de telle sorte que les Porto-Vecchiais se réapproprient les villages : Murateddu, Pricoghju, Arca, Ceccia, Ternità et U Spidali. « On veut que nos villages revivent », annonce Jean-Christophe Angelini. L’engagement pris est de doter chacun de ces six villages d’un équipement public (par exemple une salle polyvalente ou un parc). Des programmes de logements y verraient aussi le jour, la plupart sous forme de lotissements favorisant la mixité sociale (il s’agirait de logement social, intermédiaire ou conventionné). « Dans une commune où le prix du foncier est unanimement décrit comme trop élevé, on ne pouvait pas continuer comme ça, a justifié l’édile porto-vecchiais. Le premier droit, c’est celui d’avoir un logement à l’année et à un tarif abordable. » Avec le nouveau PLU, l’accent sera porté sur la cohésion urbanistique de ces villages. Par exemple à Arca, l’idée est de délimiter une vraie entrée de village car la configuration actuelle fait que « les gens ne s’arrêtent pas du tout à Arca », regrette Thomas Casalta. A Porto-Vecchio, d’autres hameaux auraient pu recevoir le qualificatif de village, mais ils se contenteront de l’appellation technocratique de « secteurs suffisamment urbanisés ». Cela concerne notamment Bala, Palavesa, Nota, Cartalavonu ou Pianedda. Jean-Christophe Angelini a précisé que ces secteurs périphériques pourront également être densifiés et bénéficier d’équipements publics, sur le même principe que les « villages » officiels.

Thomas Casalta est rentré dans le détail du Plan local d'urbanisme, mais toujours dans une optique d'intérêt général.
Thomas Casalta est rentré dans le détail du Plan local d'urbanisme, mais toujours dans une optique d'intérêt général.
Projets de création de zones d'activités

En centre-ville, la volonté est de relocaliser certaines activités économiques, notamment dans le quartier de Poretta, vers des secteurs dédiés. Trois projets de création de zone d’activité sont ainsi consignés dans le PLU : une zone commerciale sur Puncheddu, une zone artisanale sur Tenda et une zone industrielle sur Ternità (à l’entrée nord, derrière la station-service). Au sud de l’agglomération porto-vecchiaise, la zone d’activité économique de Murtonu pourra être densifiée, dans une logique de remaillage et non d’extension, pour ne pas dénaturer la route des plages. L’offre de soins, si elle venait à être complétée, le serait sur un pôle dédié, sur le secteur Georges Ville. Enfin, il est prévu de développer un pôle numérique sur Cala Verde.

Au total, le futur PLU prévoit de consommer, sur la période 2025-2035, 107 hectares de terres supplémentaires par rapport à la consommation foncière engagée entre 2011 et 2021 (219 hectares). Cela représente une diminution de 58 %, voulue par la loi ZAN (zéro artificialisation nette à l’horizon 2050). Les zones à urbaniser dans le cadre du PLU représenteront ainsi 0,7 % de la totalité du territoire de la commune. Le PLU ambitionne aussi de conserver plus de 4 000 hectares de terres agricoles, sur lesquelles il veut développer une agriculture qui sera intégrée à certains projets communaux, comme celui de la cuisine centrale.

Plus de 200 personnes sont venues assister à cette présentation.
Plus de 200 personnes sont venues assister à cette présentation.
Une présentation qui n'a pas fait de vagues

Vendredi soir, les Porto-Vecchiais présents à la réunion publique ont respecté la consigne qui leur a été donnée. Les échanges ont été des plus cordiaux, et les questions ont donc porté sur l’intérêt général : fréquentation des plages, possibilités d’ouverture de musée ou végétalisation d’espaces publics. A la première question, Jean-Christophe Angelini a évoqué la possibilité de créer de nouvelles poches de stationnement, ainsi qu’une voie de désenclavement « dans le cul-de-sac » de Santa Ghjulia. A la deuxième question, il s’est dit ouvert aux projets de musées en lien avec le liège ou le sel, qui ont fait la richesse patrimoniale de Porto-Vecchio. A voir cependant si ces projets seront portés par les pouvoirs publics ou par l’initiative du privé. Enfin, concernant la végétalisation des espaces publics, s’il a regretté « la minéralisation » de l’hyper-centre, Jean-Christophe Angelini pointe les efforts actuellement entrepris, ou en passe de l’être, aux abords de la nouvelle école de Pifano, sur le marché de Poretta, à la future cuisine municipale et dans le projet d’extension du port de plaisance.

Mise à jour : lundi soir, le conseil municipal de Portivechju a arrêté, à l'unanimité, le projet de plan local d'urbanisme.