Par où commencer ? Les enjeux économiques et environnementaux de ce projet sont tels, à la hauteur de l’enthousiasme, mais aussi des craintes qu’il suscite auprès de la population. En 2027, le port de Porto-Vecchio aura changé de dimension. 803 anneaux de plaisance, 1 000 places de parking, 105 millions d’euros d’investissement… Jusqu’à maintenant, les chiffres dont la municipalité nous abreuvait ne permettaient pas de se faire une idée concrète du bouleversement que représentera, in fine, cette extension du port de plaisance. Lundi soir, les vues d’architectes exposées nous ont fait rentrer dans le concret : même s’il ne s’agit que des projections, elles sont la promesse d’un port transfiguré pour Porto-Vecchio.
Côté nord, on distingue les deux bâtiments à la toiture plate qui doivent abriter 750 places de parking.
"Pas si grave de ne pas voir l'architecture"
Dans la salle de conférence de la médiathèque L’Animu, environ 150 personnes avaient fait le déplacement. On a senti d’abord de la curiosité et de l’intérêt. La présentation de l’architecte Ikbal Bouaita a été ponctuée d’un « bravo », accompagné d'applaudissements. Son cabinet Richez Associés est lauréat sur la partie nord du port, celle que l’on découvre en venant des Quatre-Chemins. Il prévoit de construire un grand rectangle minéral scindé en deux parties, lesquelles seront séparées par une allée. Ce double bâtiment abritera 750 places de parking. « On n’a pas envie de voir un parking en arrivant, donc on l’a rendu le plus compact possible et on a ouvert les vues », a expliqué Ikbal Bouaita. Autrement dit, la vue mer sera préservée : « C’est peu banal pour un architecte de dire ça, mais ce n’est pas grave si on ne voit pas l’architecture. Il ne faut surtout pas obstruer la beauté du paysage, qui doit s’exprimer avant tout. » Ces nouvelles constructions seront dissimulées derrière des plantations, afin de renforcer « le lien très fort entre le végétal et l’eau ». Les toitures des parkings, plates, seront rendues accessibles aux promeneurs : « On peut imaginer qu’elles puissent devenir un gradin d’où on pourra voir l’arrivée du semi-marathon de Porto-Vecchio », se projette l’architecte.
Dans la salle de conférence de la médiathèque L’Animu, environ 150 personnes avaient fait le déplacement. On a senti d’abord de la curiosité et de l’intérêt. La présentation de l’architecte Ikbal Bouaita a été ponctuée d’un « bravo », accompagné d'applaudissements. Son cabinet Richez Associés est lauréat sur la partie nord du port, celle que l’on découvre en venant des Quatre-Chemins. Il prévoit de construire un grand rectangle minéral scindé en deux parties, lesquelles seront séparées par une allée. Ce double bâtiment abritera 750 places de parking. « On n’a pas envie de voir un parking en arrivant, donc on l’a rendu le plus compact possible et on a ouvert les vues », a expliqué Ikbal Bouaita. Autrement dit, la vue mer sera préservée : « C’est peu banal pour un architecte de dire ça, mais ce n’est pas grave si on ne voit pas l’architecture. Il ne faut surtout pas obstruer la beauté du paysage, qui doit s’exprimer avant tout. » Ces nouvelles constructions seront dissimulées derrière des plantations, afin de renforcer « le lien très fort entre le végétal et l’eau ». Les toitures des parkings, plates, seront rendues accessibles aux promeneurs : « On peut imaginer qu’elles puissent devenir un gradin d’où on pourra voir l’arrivée du semi-marathon de Porto-Vecchio », se projette l’architecte.
A proximité de ce vaste parking, la nouvelle capitainerie sera construite, avec une place qui prendra son nom. De ce nouvel espace, on pourra rejoindre à pied le port tel qu’on le connaît aujourd’hui, ou bien choisir de partir côté mer, en empruntant la grande avancée qui va être construite parallèlement au quai Pascal-Paoli et qui permettra de rejoindre un îlot artificiel où sera basée l’annexe de la capitainerie, en entrée de port. Au nord, on trouvera également une maison des plaisanciers et les locaux de la SNSM. L’actuelle capitainerie « sera transformée et aménagée avec des box pour les pêcheurs », a indiqué Charlotte Bennehard, du bureau d’études Egis, en charge de la maîtrise d'œuvre.
Trois hectares supplémentaires pour se promener ou se reposer
Côté sud, en arrivant du port de commerce, une halle de produits locaux terre et mer sortira de terre. « Sa place sera centrale, et en même temps à proximité immédiate du parking pour pouvoir venir faire ses courses facilement », explique l’un des architectes du cabinet Sud Architectes, en charge de la partie sud du port. A côté de la halle, un grand bâtiment abritera des cellules commerciales et des bureaux. Ce tiers-lieux sera construit sur deux niveaux, de manière à proposer une nouvelle promenade pour prendre un peu de hauteur sur le port. Entre le rond-point dit de la Canne à Sucre et ce bâtiment, c’est un parc urbain qui verra le jour. « Au total, on va créer trois hectares d’espaces publics », se réjouit Julien Galichet, chargé de mission de l’extension du port à la ville de Porto-Vecchio. Enfin, pour l'approvisionnement des bateaux en carburant, la station d'avitaillement sera positionnée côté sud.
Côté sud, en arrivant du port de commerce, une halle de produits locaux terre et mer sortira de terre. « Sa place sera centrale, et en même temps à proximité immédiate du parking pour pouvoir venir faire ses courses facilement », explique l’un des architectes du cabinet Sud Architectes, en charge de la partie sud du port. A côté de la halle, un grand bâtiment abritera des cellules commerciales et des bureaux. Ce tiers-lieux sera construit sur deux niveaux, de manière à proposer une nouvelle promenade pour prendre un peu de hauteur sur le port. Entre le rond-point dit de la Canne à Sucre et ce bâtiment, c’est un parc urbain qui verra le jour. « Au total, on va créer trois hectares d’espaces publics », se réjouit Julien Galichet, chargé de mission de l’extension du port à la ville de Porto-Vecchio. Enfin, pour l'approvisionnement des bateaux en carburant, la station d'avitaillement sera positionnée côté sud.
D'autres projets dans l'arrière-port
Tous ces aménagements sont compris dans l’enveloppe des 105 millions d’euros. La municipalité souhaite réaliser 30 millions d’euros d’aménagements supplémentaires, en vue de mieux connecter l’équipement portuaire au reste de la ville. Il y a notamment un projet d’ascenseur urbain : la ville veut racheter une ruine à un privé, en contrebas du bastion, pour la relier à l’ancienne usine à liège qu’elle convoite également. En fonction des acquisitions qu’elle pourra conclure, « il y aura soit un cheminement piéton entre la haute ville et le port, soit un ascenseur urbain, soit les deux », détaille le maire porto-vecchiais Jean-Christophe Angelini. Ensuite, derrière le port de commerce, l’élu rêve de construire un écoparc autour du Stabiacciu , le fleuve côtier que la ville a entrepris de dépolluer.
Tous ces aménagements sont compris dans l’enveloppe des 105 millions d’euros. La municipalité souhaite réaliser 30 millions d’euros d’aménagements supplémentaires, en vue de mieux connecter l’équipement portuaire au reste de la ville. Il y a notamment un projet d’ascenseur urbain : la ville veut racheter une ruine à un privé, en contrebas du bastion, pour la relier à l’ancienne usine à liège qu’elle convoite également. En fonction des acquisitions qu’elle pourra conclure, « il y aura soit un cheminement piéton entre la haute ville et le port, soit un ascenseur urbain, soit les deux », détaille le maire porto-vecchiais Jean-Christophe Angelini. Ensuite, derrière le port de commerce, l’élu rêve de construire un écoparc autour du Stabiacciu , le fleuve côtier que la ville a entrepris de dépolluer.
Plusieurs Porto-Vecchiais, opposés au projet, ont pris la parole pour émettre des réserves, notamment environnementales.
Passée la présentation, la parole a été donnée à la population porto-vecchiaise. Les opposants au projet se sont empressés de la prendre. Vincent craint que les travaux (qui sont en cours) n’impactent l’écosystème marin : « Depuis novembre, je ne vois plus de poissons emprunter l’étier des salines. S’il s’avère que c’est la construction de la digue sud qui est responsable de cela, vous aurez détruit en quelques semaines un écosystème millénaire », a-t-il grondé. Jean-Christophe Angelini assure que ce n’est pas le cas : « On est en partenariat avec Stella Mare sur le suivi régulier de l’écosystème marin et sous-marin. Si ça modifiait les équilibres, on s’arrêterait », lui a répondu le maire, tout en s’engageant « à mettre les études sur la table ». Le concassage de certaines des roches blanches emblématiques du golfe de Porto-Vecchio passe mal, également, auprès de certains. En parlant de roches blanches, les gérantes de l’hôtel éponyme s’inquiètent de voir le béton l’emporter demain sur le paysage : « On ne peut pas réaliser un tel équipement sans qu’il y ait un minimum de désagréments, mais une fois le produit fini, la vue mer sera préservée », a promis Jean-Christophe Angelini.
"Prendre de l'argent dans les poches des plaisanciers"
Généralement, pendant une réunion publique, les voix discordantes sont souvent les plus bruyantes. Le maire en est conscient, mais il s’est malgré tout dit « surpris » de ne pas avoir entendu plus d’échos favorables au projet. Il s’en est alors un peu agacé : « Le port, je l’ai fait pour vous car je suis convaincu que c’est un levier de développement. Si vous souhaitiez ne rien changer, il fallait élire un autre maire ! Nous, on a été élus pour transformer la ville et amener de la richesse. Je le dis clairement, je veux prendre de l’argent dans les poches des plaisanciers pour le redistribuer aux Porto-Vecchiais les plus pauvres. » Concrètement, « le port a réalisé 2,5 millions d’euros de recettes l’an dernier. Avec le futur port, on va arriver à 9 ou 10 millions d’euros », via la vente des droits d’usage pour les postes d’amarrage. « L’idée, reprend Jean-Christophe Angelini, est d’extraire chaque année au moins un million d’euros pour les investissements d’intérêt général comme les crèches, les écoles… En général, les équipements publics coûtent de l’argent. Celui-ci va en rapporter près de 10 millions par an. »
Pour convaincre les plus sceptiques, la municipalité porto-vecchiaise proposera des visites de chantier, une fois par semaine. Un chantier pas comme les autres, qui fera relâche à l'approche de chaque saison estivale, pour ne pas nuire à l'activité.
Généralement, pendant une réunion publique, les voix discordantes sont souvent les plus bruyantes. Le maire en est conscient, mais il s’est malgré tout dit « surpris » de ne pas avoir entendu plus d’échos favorables au projet. Il s’en est alors un peu agacé : « Le port, je l’ai fait pour vous car je suis convaincu que c’est un levier de développement. Si vous souhaitiez ne rien changer, il fallait élire un autre maire ! Nous, on a été élus pour transformer la ville et amener de la richesse. Je le dis clairement, je veux prendre de l’argent dans les poches des plaisanciers pour le redistribuer aux Porto-Vecchiais les plus pauvres. » Concrètement, « le port a réalisé 2,5 millions d’euros de recettes l’an dernier. Avec le futur port, on va arriver à 9 ou 10 millions d’euros », via la vente des droits d’usage pour les postes d’amarrage. « L’idée, reprend Jean-Christophe Angelini, est d’extraire chaque année au moins un million d’euros pour les investissements d’intérêt général comme les crèches, les écoles… En général, les équipements publics coûtent de l’argent. Celui-ci va en rapporter près de 10 millions par an. »
Pour convaincre les plus sceptiques, la municipalité porto-vecchiaise proposera des visites de chantier, une fois par semaine. Un chantier pas comme les autres, qui fera relâche à l'approche de chaque saison estivale, pour ne pas nuire à l'activité.