C’est une prise de parole qui n’est pas passée inaperçue. Ce dimanche à l’issue du discours de Petr’Antò Tomasi, le porte-parole de Nazione, lors du meeting de clôture des Ghjurnate Internaziunale di Corti, trois hommes encagoulés se réclamant du FLNC sont montés sur scène. Un évènement qui n’était plus arrivé depuis 1993. Au cours d’une intervention d’une dizaine de minutes, les militants sont longuement revenus sur la situation politique et notamment sur la montée en puissance du Rassemblement National en Corse lors des dernières élections, qualifiant tous les mouvements d’extrême droite – y compris le jeune mouvement Mossa Palatina à qui ils ont fait une référence à peine voilée - d’ « ennemis du peuple ».
Un discours « novateur » pour Thierry Dominici, maître de conférences en science politique à l’université de Bordeaux et spécialiste du nationalisme corse, qui était lui-même présent aux Ghjurnate Internaziunale en tant que chercheur. « Pour une fois, ces trois personnes ont soulevé un prolongement du discours nationalitaire plutôt que de formuler quelque chose de menaçant », pointe-t-il, « Ils ont ravivé l’esprit du FLNC, mais en même temps ils ont amené un nouveau discours, un peu comme l’Armata Corsa à l’époque de Jean-Michel Rossi et de François Santoni. On est plus proche de l’armée du sous commandant Marcos qui va défendre l’identité, que du discours du FLNC classique. En tant que chercheur, j’ai eu sensation d’être face à un mouvement de libération identitaire. Ce n’est donc pas le FLNC inscrit dans l’imaginaire collectif qui a parlé, puisqu’il ne s’agit pas dans le cadre lutte de libération nationale au sens classique. Il y a un petit basculement qui se fait ».
« Amener un nouveau regard »
Le politologue relève également que les militants n'arboraient qu'une arme de poing. Un fait là aussi inhabituel. « Les militants du FLNC ont réduit ce que j’appelle le capital guerrier au minimum, alors qu’avant on aurait été face à une démonstration de force. Cette fois, ils n’en ont pas besoin, puisqu’ils ont simplement voulu affirmer qu’ils étaient là eux aussi », analyse-t-il en rappelant : « Le FLNC ne s’est jamais dématérialisé, il s’est seulement démilitarisé. Dès 2014, il avait annoncé qu’il voulait continuer de jouer un rôle. À mon avis, l’idée que ses militants ont essayé de faire passer est que peut être l’espace public n’est pas assez occupé et que de fait, en tant que citoyens corses, ils se doivent d’agir et d’amener un nouveau regard ».
Par ailleurs, Thierry Dominici regrette que cette intervention surprise du FLNC « risque d’effacer la portée du discours de Nazione ». « Pour moi, c’est le grand tour de force de ces Ghujurnate », souligne-t-il. « Si on relit le discours de Petr’Antò Tomasi, on voit qu’on est vraiment face à une nouveauté. J’ai ressenti un changement de perspective en tant que chercheur. Aujourd’hui, pour Nazione le peuple corse est un peuple autochtone. Le fait que le mouvement demande à l’ONU l’inscription sur la liste des territoires non autonomes restant à décoloniser est une nouveauté. Ce qui était assez intéressant aux Ghjurnate, c’était de voir que les délégations catalane et basques ont suivi Nazione et s’inscrivent dans ce discours », explique-t-il. Une prise de position qui intéresse grandement à l’international selon le spécialiste du nationalisme corse. « Mes collègues québécois, notamment le professeur Stéphane Paquin qui est l’un des plus grands spécialistes au monde de ces questions, estime que ce que fait Nazione aujourd’hui est de la para-diplomatie identitaire contestataire. C’est-à-dire qu’ils font comme les Amérindiens : ils vont contester la situation étatique sans pour autant demander à l’État d’être reconnus puisqu’ils le sont déjà », détaille-t-il.
Un discours « novateur » pour Thierry Dominici, maître de conférences en science politique à l’université de Bordeaux et spécialiste du nationalisme corse, qui était lui-même présent aux Ghjurnate Internaziunale en tant que chercheur. « Pour une fois, ces trois personnes ont soulevé un prolongement du discours nationalitaire plutôt que de formuler quelque chose de menaçant », pointe-t-il, « Ils ont ravivé l’esprit du FLNC, mais en même temps ils ont amené un nouveau discours, un peu comme l’Armata Corsa à l’époque de Jean-Michel Rossi et de François Santoni. On est plus proche de l’armée du sous commandant Marcos qui va défendre l’identité, que du discours du FLNC classique. En tant que chercheur, j’ai eu sensation d’être face à un mouvement de libération identitaire. Ce n’est donc pas le FLNC inscrit dans l’imaginaire collectif qui a parlé, puisqu’il ne s’agit pas dans le cadre lutte de libération nationale au sens classique. Il y a un petit basculement qui se fait ».
« Amener un nouveau regard »
Le politologue relève également que les militants n'arboraient qu'une arme de poing. Un fait là aussi inhabituel. « Les militants du FLNC ont réduit ce que j’appelle le capital guerrier au minimum, alors qu’avant on aurait été face à une démonstration de force. Cette fois, ils n’en ont pas besoin, puisqu’ils ont simplement voulu affirmer qu’ils étaient là eux aussi », analyse-t-il en rappelant : « Le FLNC ne s’est jamais dématérialisé, il s’est seulement démilitarisé. Dès 2014, il avait annoncé qu’il voulait continuer de jouer un rôle. À mon avis, l’idée que ses militants ont essayé de faire passer est que peut être l’espace public n’est pas assez occupé et que de fait, en tant que citoyens corses, ils se doivent d’agir et d’amener un nouveau regard ».
Par ailleurs, Thierry Dominici regrette que cette intervention surprise du FLNC « risque d’effacer la portée du discours de Nazione ». « Pour moi, c’est le grand tour de force de ces Ghujurnate », souligne-t-il. « Si on relit le discours de Petr’Antò Tomasi, on voit qu’on est vraiment face à une nouveauté. J’ai ressenti un changement de perspective en tant que chercheur. Aujourd’hui, pour Nazione le peuple corse est un peuple autochtone. Le fait que le mouvement demande à l’ONU l’inscription sur la liste des territoires non autonomes restant à décoloniser est une nouveauté. Ce qui était assez intéressant aux Ghjurnate, c’était de voir que les délégations catalane et basques ont suivi Nazione et s’inscrivent dans ce discours », explique-t-il. Une prise de position qui intéresse grandement à l’international selon le spécialiste du nationalisme corse. « Mes collègues québécois, notamment le professeur Stéphane Paquin qui est l’un des plus grands spécialistes au monde de ces questions, estime que ce que fait Nazione aujourd’hui est de la para-diplomatie identitaire contestataire. C’est-à-dire qu’ils font comme les Amérindiens : ils vont contester la situation étatique sans pour autant demander à l’État d’être reconnus puisqu’ils le sont déjà », détaille-t-il.