François Filoni se présente dans la 2e circonscription de Corse du Sud face notamment à Paul-André Colombani, le député sortant, avec beaucoup d'ambition.
- À 10 jours du premier tour des législatives, les sondages placent le RN en tête avec 33 % des intentions de vote, bien que le parti ait perdu deux points, tandis que la gauche gagne du terrain avec 28 %. Pensez-vous que cette tendance nationale se reflète également en Corse ?
- Oui, car je suis sur le terrain depuis 18 mois maintenant et je vois l’accueil qui nous y est réservé. Les gens ont bien compris que la question qui leur est posée n’est pas de savoir si M. Marcangeli ou M. Acquaviva est réélu, mais qui va gouverner la France. Il y a une grande inquiétude. D’un côté, il y a la France Insoumise avec Jean-Luc Mélenchon ou l’union de la Droite avec Jordan Bardella, et tous ceux qui ont le cœur qui saigne pour la France. La question de savoir qui sera le prochain Premier ministre dépasse le cadre local. Je sens qu’aujourd’hui, les gens vont confirmer le choix qui a été le leur lors des élections européennes.
- Vous craignez de pâtir du paradoxe de l'électorat insulaire, qui vote nationaliste aux élections locales mais penche vers l'extrême droite aux élections nationales ?
- Quand j’ai repris le RN en Corse il y a trois ans et demi, nous représentions 1 ou 2 % des suffrages exprimés. Marine Le Pen n’arrivait pas en tête aux Présidentielles et Jordan Bardella avait fait 27 % en Corse. Nous avons désormais une véritable activité toute l’année sur l’île. Les 41 % de votes aux Européennes, c’est la campagne de Jordan Bardella, mais aussi l’activité et l’ancrage que nous avons aujourd’hui. Nous avons même des maires qui prennent position pour nous en Corse, ce qui était impensable il y a peu. Le travail paie. Tout ce que nous avons semé, nous commençons à le récolter. En Corse, nous sommes les seuls à avoir un projet global. Le rêve de Gilles Simeoni en 2015 est devenu un cauchemar pour les Corses en 2024. Rien n’a été réglé en neuf ans.
- Selon vous, quelles sont les chances de voir des députés du RN élus en Corse lors de ces législatives ?
- Nous devrions en toute logique avoir deux candidats au second tour et nous espérons avoir un ou deux députés élus. Personnellement, je ne me présente pas dans cette 2e circonscription pour faire du témoignage. J’y vais pour y gagner. Clairement, je suis en position de gagner, non pas par rapport au score de Jordan Bardella dans cette circonscription, mais bien par rapport au retour que j’ai, ainsi que par rapport à toutes nos propositions concrètes que nous faisons aussi bien en Corse qu’au plan national.
- Vous avez face à vous le député sortant Paul-André Colombani. Comment jugez-vous son bilan parlementaire ?
- Je respecte l’individu, mais son engagement n’est pas à la hauteur de ce qui se passe en France. Il siègera vraisemblablement du côté de la France Insoumise, puisqu’il n’y a pas de candidat officiel du Front Populaire, tout comme la candidature de Jean-Félix Acquaviva, qui parraine Jean-Luc Mélenchon, et qui se retrouve sans candidat du Front Populaire en face. Tout cela me semble clair. De notre côté, nous avançons sereinement, et je veux être élu pour apporter une voix de plus à Jordan Bardella, pour gouverner la France. La question, je le répète, c’est celle-là. Le député Colombani ne pèsera rien demain sur ces questions.
- Quelles sont vos principales thématiques de campagne ?
- Nous avons un problème migratoire qui est important, un problème d’insécurité et un problème de pouvoir d’achat. Les solutions que nous préconisons sont les seules à même de redresser le pays. Aujourd’hui, la France, ce sont 11 millions de pauvres, plusieurs millions de chômeurs, 4,5 millions de mal logés, une dette de 3 100 milliards d’euros et un déficit de la balance extérieure à 87 milliards. Tous les indicateurs de la finance sont dans le rouge. Nous sommes également passés de 220 000 agressions physiques en 2017 à plus de 360 000 en 2023. C’est énorme. On emmène les prisonniers visiter Versailles pendant que nos aïeux décèdent dans les EHPAD, sans accompagnement. Il y a des choix budgétaires à faire et des choix courageux, et je pense que nous représentons un modèle de société. Le logiciel FN est périmé, le logiciel RN est mis à jour et réactualisé par toute une nouvelle population, qui vient du gaullisme, avec une certaine idée de la France.
- Quelles sont vos priorités pour la Corse ?
- La première problématique, c’est l’eau. Il faut se donner les moyens d’avoir de l’eau pour les 50 ans à venir avec la création d’un barrage à Olivesi, qui représente 50 fois celui du Rizzanese, ainsi qu’un barrage à Cavu. On importe 96 % des aliments dont nous avons besoin en Corse, l’activité maraîchère a quasiment disparu. Sans eau, il n’y aura pas d’élevage, d’agriculture, de maraîchage. Ce serait la fin du localisme en termes de production alors qu’on s’enrichit quand on produit local. C’est bon pour la planète et notre économie. C’est un problème adjacent au tourisme. Je suis passé hier du côté du golf de Bonifacio, c’est de la terre, il n’y a plus de gazon car il n’y a pas assez d’eau. Comment voulez-vous faire venir une certaine clientèle en Corse si nous n’avons pas les infrastructures qui vont avec ? La deuxième problématique, c’est le pouvoir d’achat. Aujourd’hui, nous avons une situation de monopole dans les transports où la grande distribution possède les transports. Corsica Linea est la propriétaire de la grande distribution. Le mètre linéaire de marchandises est à 90 € pour la Corse alors qu’il est à peine de 30 € pour la Sardaigne. Une remorque pour la Corse, c’est 1 400 € pour la Corse et 500 € pour la Sardaigne. Cette différence se répercute ensuite sur le rayon. On est 9 % plus cher que la moyenne nationale en étant la région la plus pauvre. Notre grande ambition, c’est de faire baisser ces prix de 15 %. Autre priorité : les déchets et la fabrication du CSR, un combustible propre, qui permet également d’éliminer tout ce qui est nocif. Cela veut dire que le combustible qui va aller dans les chaudières est déjà propre et dépollué. C’est 38 % moins polluant que la centrale du Vazzio ou de Lucciana. Cela veut dire aussi qu’à partir de nos déchets, on peut fabriquer de l’électricité. »
- La question de l'autonomie de la Corse est un sujet sensible. Bien que les Corses aient exprimé leur soutien à une majorité territoriale prônant l'autonomie, le RN y est opposé. Comment envisagez-vous de concilier cette position avec celle des Corses ?
- Je ne suis pas hors-sol sur l’autonomie. En Nouvelle-Calédonie, le SMIC est à 1 200 euros. En Polynésie, le SMIC agricole est à 700 euros. On a créé des citoyens de seconde zone. Nous ne voulons pas du retour des seigneuries locales avec 40 ou 50 familles qui possèdent tout. Si c’est cela la Corse de demain, je n’en veux pas. Il faut prendre en compte les besoins de la Corse en termes de transports, de déchets, environnementaux ou structurants. Je ne vois sortir aucun projet sur cela. Aujourd’hui, l’autonomie, c’est une page blanche. Nous devons faire avec les contraintes de la Constitution mais aussi avec celles de l’Europe. Aujourd’hui, si vous allez contre le traité de Maastricht concernant le statut de résidents et la libre circulation des biens et des personnes, vous ne touchez plus un seul euro du Feder. Peut-on s’en passer ? La réponse est non.
- Si vous êtes élu, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire pour le statut d’autonomie ?
- Je ne crois pas au rêve américain. Il existe deux types d’autonomie dans la République française : la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie. On voit ce que cela donne actuellement en Nouvelle-Calédonie, tandis qu’en Polynésie, il y a 56 % des gens en dessous du seuil de pauvreté et le mètre carré le plus cher de la planète après le Japon. Cela veut dire que c’est une catastrophe. Ce genre d’autonomie, nous n’en voulons pas. L’article 1 de la Constitution dit que la France est une et indivisible mais aussi qu’elle est décentralisée. Nous sommes plutôt pour une vague de décentralisation, qui s’accompagne du contrôle renforcé de l’État. Avec les milieux mafieux qu’il y a chez nous, les maires, avec les prérogatives qu’on veut leur donner, seraient sans cesse victimes de pressions. On peut aller vers une aspiration démocratique par la décentralisation. J’ai proposé le financement de l’Institut de protection des langues régionales et de la culture corse afin que tous nos jeunes auteurs puissent avoir des subventions pour produire leurs livres ou leurs disques. On va aider à pérenniser notre langue par ce biais.
- La Corse possède des spécificités culturelles et linguistiques uniques. Comment comptez-vous défendre et promouvoir ces particularités à l'Assemblée nationale tout en restant aligné avec les positions du RN ?
- Moi je pense que l’intérêt de la Corse, c’est de se mettre autour de la table avec Mr Simeoni, qui nous en a écartée. On peut avancer ensemble vers la décentralisation. Aujourd’hui nous avons l’autonomie en matière de transports, d’eau et de déchets, par exemple, et c’est une catastrophe. Nous avons les transports de marchandises les plus chers de l’OCDE et les déchets les plus chers de France. L’avantage c’est de la décentralisation, c’est que c’est accompagné par la solidarité nationale. Je ne confonds pas le rêve et la réalité.
- Quelles dispositions imaginez-vous pour favoriser l’accès au logement ?
- Nous voulons donner la préférence nationale et faire du localisme pour les régions. Notre priorité, c’est de dire avant de régler le problème de la planète, il faut régler le problème des 11 millions de pauvre et de 4,5 de mal logés. Par rapport au pacte migratoire, il faut faire un pacte de co-développement. Nous ne voulons pas déraciner les gens de chez eux, mais les enraciner chez eux, comme nous voulons être enracinés chez nous. En Corse, la Mairie d’Ajaccio va être condamné à 2,8 millions d’euros d’amendes pour ne pas avoir fait les logements sociaux qu’elle aurait due. Dire qu’on va surtaxer les résidences secondaires, c’est une aberration car on va taxer les 38% de Corses qui en sont propriétaires et les 40% de Corses de la diaspora, qui veulent construire en Corse. Nous sommes contre de système de taxation.
- Quid des questions environnementales et climatiques dans votre programme ?
- Nous allons bientôt avoir en Corse, un raz de marée environnemental dû au réchauffement climatique. On va manquer d’eau, rien n’est prévu si ce n’est nos propositions du RN, de faire un barrage à Olivesi et à Cavu. Le financement est acté. C’est un enjeu fondamental .
Quelles seront les actions que vous porterez pour permettre un meilleur accès aux soins de santé pour les Corses ? Poursuivrez-vous le travail entamé pour la création d’un CHU sur l’île ?
- Le CHU s’il peut se faire tant mieux, bien sûr que nous y sommes favorables. Mais la priorité numéro 1, c’est la lutte contre les déserts médicaux. Nous avons la plus mauvaise couverture médicale en Corse, derrière la Guyane, d’après les chiffres de l’ARS. Nous sommes à plus de trente minutes de la 1re intervention. Il faut inciter les gens à s’installer avec notamment une incitation fiscale pendant 5 ans. Pas de charges, ni d’impôts pour tous les médecins qui s’installent. C’est notre solution. L’Ordre des Médecins est totalement d’accord avec cette proposition.
On observe une multiplication des candidatures de droite en Corse, allant de Reconquête à Forza Nova (qui a retiré sa candidature) en passant par Mossa Palatina ou Reconquête. Regrettez-vous de ne pas avoir réussi à unifier ces mouvements sous une seule bannière pour ces élections ?
- Un trop plein de démocratie, je n’en ai pas peur. Maintenant Palatinu arrive. Sur certains problématiques, et notamment la perte de l’identité, nous partageons certaines valeurs. Je suis pour l’enracinement, je suis fier de ma culture corse, de mon modèle familial de solidarité et je n’entends pas ouvrir cela à tout le monde. Nous avons des points d’accords mais sur la méthode nous avons aussi des points de désaccords. Les élections servent à trancher et peut-être que demain, nous pourrons travailler main dans la main. Moi on m’a reproché d’avoir travaillé avec des personnalités d’autres bords politiques, mais moi j’ai surtout servi ma ville. Des fois, il faut peut-être faire moins de politique et voir comment on peut être utile à son île. Nous, on ne parle pas des autres, nous avons un programme pour développer notre île et il y a urgence. Je pense que nous sommes les plus à mêmes de défendre l’identité corse.
- Oui, car je suis sur le terrain depuis 18 mois maintenant et je vois l’accueil qui nous y est réservé. Les gens ont bien compris que la question qui leur est posée n’est pas de savoir si M. Marcangeli ou M. Acquaviva est réélu, mais qui va gouverner la France. Il y a une grande inquiétude. D’un côté, il y a la France Insoumise avec Jean-Luc Mélenchon ou l’union de la Droite avec Jordan Bardella, et tous ceux qui ont le cœur qui saigne pour la France. La question de savoir qui sera le prochain Premier ministre dépasse le cadre local. Je sens qu’aujourd’hui, les gens vont confirmer le choix qui a été le leur lors des élections européennes.
- Vous craignez de pâtir du paradoxe de l'électorat insulaire, qui vote nationaliste aux élections locales mais penche vers l'extrême droite aux élections nationales ?
- Quand j’ai repris le RN en Corse il y a trois ans et demi, nous représentions 1 ou 2 % des suffrages exprimés. Marine Le Pen n’arrivait pas en tête aux Présidentielles et Jordan Bardella avait fait 27 % en Corse. Nous avons désormais une véritable activité toute l’année sur l’île. Les 41 % de votes aux Européennes, c’est la campagne de Jordan Bardella, mais aussi l’activité et l’ancrage que nous avons aujourd’hui. Nous avons même des maires qui prennent position pour nous en Corse, ce qui était impensable il y a peu. Le travail paie. Tout ce que nous avons semé, nous commençons à le récolter. En Corse, nous sommes les seuls à avoir un projet global. Le rêve de Gilles Simeoni en 2015 est devenu un cauchemar pour les Corses en 2024. Rien n’a été réglé en neuf ans.
- Selon vous, quelles sont les chances de voir des députés du RN élus en Corse lors de ces législatives ?
- Nous devrions en toute logique avoir deux candidats au second tour et nous espérons avoir un ou deux députés élus. Personnellement, je ne me présente pas dans cette 2e circonscription pour faire du témoignage. J’y vais pour y gagner. Clairement, je suis en position de gagner, non pas par rapport au score de Jordan Bardella dans cette circonscription, mais bien par rapport au retour que j’ai, ainsi que par rapport à toutes nos propositions concrètes que nous faisons aussi bien en Corse qu’au plan national.
- Vous avez face à vous le député sortant Paul-André Colombani. Comment jugez-vous son bilan parlementaire ?
- Je respecte l’individu, mais son engagement n’est pas à la hauteur de ce qui se passe en France. Il siègera vraisemblablement du côté de la France Insoumise, puisqu’il n’y a pas de candidat officiel du Front Populaire, tout comme la candidature de Jean-Félix Acquaviva, qui parraine Jean-Luc Mélenchon, et qui se retrouve sans candidat du Front Populaire en face. Tout cela me semble clair. De notre côté, nous avançons sereinement, et je veux être élu pour apporter une voix de plus à Jordan Bardella, pour gouverner la France. La question, je le répète, c’est celle-là. Le député Colombani ne pèsera rien demain sur ces questions.
- Quelles sont vos principales thématiques de campagne ?
- Nous avons un problème migratoire qui est important, un problème d’insécurité et un problème de pouvoir d’achat. Les solutions que nous préconisons sont les seules à même de redresser le pays. Aujourd’hui, la France, ce sont 11 millions de pauvres, plusieurs millions de chômeurs, 4,5 millions de mal logés, une dette de 3 100 milliards d’euros et un déficit de la balance extérieure à 87 milliards. Tous les indicateurs de la finance sont dans le rouge. Nous sommes également passés de 220 000 agressions physiques en 2017 à plus de 360 000 en 2023. C’est énorme. On emmène les prisonniers visiter Versailles pendant que nos aïeux décèdent dans les EHPAD, sans accompagnement. Il y a des choix budgétaires à faire et des choix courageux, et je pense que nous représentons un modèle de société. Le logiciel FN est périmé, le logiciel RN est mis à jour et réactualisé par toute une nouvelle population, qui vient du gaullisme, avec une certaine idée de la France.
- Quelles sont vos priorités pour la Corse ?
- La première problématique, c’est l’eau. Il faut se donner les moyens d’avoir de l’eau pour les 50 ans à venir avec la création d’un barrage à Olivesi, qui représente 50 fois celui du Rizzanese, ainsi qu’un barrage à Cavu. On importe 96 % des aliments dont nous avons besoin en Corse, l’activité maraîchère a quasiment disparu. Sans eau, il n’y aura pas d’élevage, d’agriculture, de maraîchage. Ce serait la fin du localisme en termes de production alors qu’on s’enrichit quand on produit local. C’est bon pour la planète et notre économie. C’est un problème adjacent au tourisme. Je suis passé hier du côté du golf de Bonifacio, c’est de la terre, il n’y a plus de gazon car il n’y a pas assez d’eau. Comment voulez-vous faire venir une certaine clientèle en Corse si nous n’avons pas les infrastructures qui vont avec ? La deuxième problématique, c’est le pouvoir d’achat. Aujourd’hui, nous avons une situation de monopole dans les transports où la grande distribution possède les transports. Corsica Linea est la propriétaire de la grande distribution. Le mètre linéaire de marchandises est à 90 € pour la Corse alors qu’il est à peine de 30 € pour la Sardaigne. Une remorque pour la Corse, c’est 1 400 € pour la Corse et 500 € pour la Sardaigne. Cette différence se répercute ensuite sur le rayon. On est 9 % plus cher que la moyenne nationale en étant la région la plus pauvre. Notre grande ambition, c’est de faire baisser ces prix de 15 %. Autre priorité : les déchets et la fabrication du CSR, un combustible propre, qui permet également d’éliminer tout ce qui est nocif. Cela veut dire que le combustible qui va aller dans les chaudières est déjà propre et dépollué. C’est 38 % moins polluant que la centrale du Vazzio ou de Lucciana. Cela veut dire aussi qu’à partir de nos déchets, on peut fabriquer de l’électricité. »
- La question de l'autonomie de la Corse est un sujet sensible. Bien que les Corses aient exprimé leur soutien à une majorité territoriale prônant l'autonomie, le RN y est opposé. Comment envisagez-vous de concilier cette position avec celle des Corses ?
- Je ne suis pas hors-sol sur l’autonomie. En Nouvelle-Calédonie, le SMIC est à 1 200 euros. En Polynésie, le SMIC agricole est à 700 euros. On a créé des citoyens de seconde zone. Nous ne voulons pas du retour des seigneuries locales avec 40 ou 50 familles qui possèdent tout. Si c’est cela la Corse de demain, je n’en veux pas. Il faut prendre en compte les besoins de la Corse en termes de transports, de déchets, environnementaux ou structurants. Je ne vois sortir aucun projet sur cela. Aujourd’hui, l’autonomie, c’est une page blanche. Nous devons faire avec les contraintes de la Constitution mais aussi avec celles de l’Europe. Aujourd’hui, si vous allez contre le traité de Maastricht concernant le statut de résidents et la libre circulation des biens et des personnes, vous ne touchez plus un seul euro du Feder. Peut-on s’en passer ? La réponse est non.
- Si vous êtes élu, comment poursuivrez-vous le travail parlementaire pour le statut d’autonomie ?
- Je ne crois pas au rêve américain. Il existe deux types d’autonomie dans la République française : la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie. On voit ce que cela donne actuellement en Nouvelle-Calédonie, tandis qu’en Polynésie, il y a 56 % des gens en dessous du seuil de pauvreté et le mètre carré le plus cher de la planète après le Japon. Cela veut dire que c’est une catastrophe. Ce genre d’autonomie, nous n’en voulons pas. L’article 1 de la Constitution dit que la France est une et indivisible mais aussi qu’elle est décentralisée. Nous sommes plutôt pour une vague de décentralisation, qui s’accompagne du contrôle renforcé de l’État. Avec les milieux mafieux qu’il y a chez nous, les maires, avec les prérogatives qu’on veut leur donner, seraient sans cesse victimes de pressions. On peut aller vers une aspiration démocratique par la décentralisation. J’ai proposé le financement de l’Institut de protection des langues régionales et de la culture corse afin que tous nos jeunes auteurs puissent avoir des subventions pour produire leurs livres ou leurs disques. On va aider à pérenniser notre langue par ce biais.
- La Corse possède des spécificités culturelles et linguistiques uniques. Comment comptez-vous défendre et promouvoir ces particularités à l'Assemblée nationale tout en restant aligné avec les positions du RN ?
- Moi je pense que l’intérêt de la Corse, c’est de se mettre autour de la table avec Mr Simeoni, qui nous en a écartée. On peut avancer ensemble vers la décentralisation. Aujourd’hui nous avons l’autonomie en matière de transports, d’eau et de déchets, par exemple, et c’est une catastrophe. Nous avons les transports de marchandises les plus chers de l’OCDE et les déchets les plus chers de France. L’avantage c’est de la décentralisation, c’est que c’est accompagné par la solidarité nationale. Je ne confonds pas le rêve et la réalité.
- Quelles dispositions imaginez-vous pour favoriser l’accès au logement ?
- Nous voulons donner la préférence nationale et faire du localisme pour les régions. Notre priorité, c’est de dire avant de régler le problème de la planète, il faut régler le problème des 11 millions de pauvre et de 4,5 de mal logés. Par rapport au pacte migratoire, il faut faire un pacte de co-développement. Nous ne voulons pas déraciner les gens de chez eux, mais les enraciner chez eux, comme nous voulons être enracinés chez nous. En Corse, la Mairie d’Ajaccio va être condamné à 2,8 millions d’euros d’amendes pour ne pas avoir fait les logements sociaux qu’elle aurait due. Dire qu’on va surtaxer les résidences secondaires, c’est une aberration car on va taxer les 38% de Corses qui en sont propriétaires et les 40% de Corses de la diaspora, qui veulent construire en Corse. Nous sommes contre de système de taxation.
- Quid des questions environnementales et climatiques dans votre programme ?
- Nous allons bientôt avoir en Corse, un raz de marée environnemental dû au réchauffement climatique. On va manquer d’eau, rien n’est prévu si ce n’est nos propositions du RN, de faire un barrage à Olivesi et à Cavu. Le financement est acté. C’est un enjeu fondamental .
Quelles seront les actions que vous porterez pour permettre un meilleur accès aux soins de santé pour les Corses ? Poursuivrez-vous le travail entamé pour la création d’un CHU sur l’île ?
- Le CHU s’il peut se faire tant mieux, bien sûr que nous y sommes favorables. Mais la priorité numéro 1, c’est la lutte contre les déserts médicaux. Nous avons la plus mauvaise couverture médicale en Corse, derrière la Guyane, d’après les chiffres de l’ARS. Nous sommes à plus de trente minutes de la 1re intervention. Il faut inciter les gens à s’installer avec notamment une incitation fiscale pendant 5 ans. Pas de charges, ni d’impôts pour tous les médecins qui s’installent. C’est notre solution. L’Ordre des Médecins est totalement d’accord avec cette proposition.
On observe une multiplication des candidatures de droite en Corse, allant de Reconquête à Forza Nova (qui a retiré sa candidature) en passant par Mossa Palatina ou Reconquête. Regrettez-vous de ne pas avoir réussi à unifier ces mouvements sous une seule bannière pour ces élections ?
- Un trop plein de démocratie, je n’en ai pas peur. Maintenant Palatinu arrive. Sur certains problématiques, et notamment la perte de l’identité, nous partageons certaines valeurs. Je suis pour l’enracinement, je suis fier de ma culture corse, de mon modèle familial de solidarité et je n’entends pas ouvrir cela à tout le monde. Nous avons des points d’accords mais sur la méthode nous avons aussi des points de désaccords. Les élections servent à trancher et peut-être que demain, nous pourrons travailler main dans la main. Moi on m’a reproché d’avoir travaillé avec des personnalités d’autres bords politiques, mais moi j’ai surtout servi ma ville. Des fois, il faut peut-être faire moins de politique et voir comment on peut être utile à son île. Nous, on ne parle pas des autres, nous avons un programme pour développer notre île et il y a urgence. Je pense que nous sommes les plus à mêmes de défendre l’identité corse.