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Législatives. Jean-Baptiste Luccioni (Nouveau Front Populaire) : « Nous sommes à l’aune d’un choix de société »


le Jeudi 20 Juin 2024 à 18:47

Maire de Pietrosella et membre actif du Parti Socialiste en Corse, Jean-Baptiste Luccioni est le candidat du Nouveau Front Populaire dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud pour les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet. Aux côtés de sa suppléante, Viviane Biancarelli, à l’instar du programme de l’alliance des partis de gauche au niveau national, il entend mener une campagne axée autour de la rupture écologique et de la rupture sociale et insiste sur le choix de société qui doit s’opérer à l’occasion de ces élections.



Jean-Baptiste Luccioni et sa suppléante Vivianne Biancarelli, sont candidats dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Jean-Baptiste Luccioni et sa suppléante Vivianne Biancarelli, sont candidats dans la 2ème circonscription de Corse-du-Sud pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
- Qu’est-ce qui a motivé votre candidature pour ces élections législatives ?
- Il y a eu un séisme politique au niveau national qui a fait que je ne pouvais pas rester en marge. À situation exceptionnelle, la réponse ne peut être qu’exceptionnelle. Il y a un peu plus d’un an, j’ai adhéré comme simple militant au Parti socialiste pour œuvrer aux valeurs que je partage. Suite aux élections européennes, au sein du bureau politique local, nous avons organisé une réunion et j’ai dit qu’il n’était pas possible que nous soyons en marge de ces législatives. Le choix de société qui est devant nous aujourd’hui et qui est presque binaire fait qu’il m’était impossible de rester simple spectateur. L’ambition collective et l’engagement personnel ont conduit à penser que je pourrais être candidat à la candidature pour la 2ème circonscription de Corse-du-Sud dans le cadre d’une alliance des partis de gauche. Ma candidature a été retenue dans le cadre de cette démarche plus forte, plus construite. 
 
- Justement, réussir à trouver cette union des partis de gauche capitale pour ces élections inédites était capital ?
- Il y a eu cette volonté de se regrouper, de gommer les différences et de proposer un vrai projet alternatif. C’est un acte fondateur fort par rapport à tout ce qui s’est passé depuis de longues années. Même si certaines choses nous divisent, tout ce qui nous rassemble a été mis sur la table. On ne peut passer à côté de l’attente de gens qui sont en souffrance. Il y a une grosse déshérence des personnes qui se détournent de la vie politique. Il faut les amener à se demander si la société qu’ils veulent est celle proposée par l’extrême droite de l’exclusion, du renfermement sur soi, de l’acculturation du peuple ? Ou s’ils veulent plutôt construire une société où on place nos espoirs dans l’homme et dans la vie ? Sur la partie sociale et environnementale, nous avons un projet alternatif avec lequel nous allons travailler à construire la vie de demain. C’est ce qui a fondé mon engagement : réfléchir à laisser sur terre quelque chose qui soit acceptable pour nos enfants.
 
- Quelles sont vos principales thématiques de campagne ?
- Le programme national a été décliné autour de la rupture écologique et de la rupture sociale. Il faut remettre au centre du débat l’homme et la planète. On ne peut pas simplement fonder la réflexion sur la partie capitalistique. L’activité économique doit profiter au plus grand nombre, mais malgré les promesses des différents gouvernements Macron, on constate que les riches sont de plus en plus riches, et les pauvres de plus en plus pauvres. Si on regarde de façon un peu plus serrée ce qui se passe sur notre circonscription, on voit que 75% de la population y est éligible au logement social. On sait aussi que la Corse est une des régions les plus pauvres au niveau national. Et en même temps, nous sommes dans une des régions où les prix sont les plus chers. Ainsi les thèmes de campagne que l’on va aborder porteront sur le logement, l’urgence sociale, la reconstruction des services publics qui ont été détricotés dans tous les territoires et en particulier dans le rural. Nous nous intéresserons aussi à la transition écologique et énergétique, où il y a des choix stratégiques à faire pour déterminer quel développement on souhaite. J’ai aussi une ambition très volontariste en ce qui concerne l’accès à la culture car on est en train de construire une société aculturée. Les jeunes en particulier sont dans l’immédiateté et la réactivité et ils n’ont plus la possibilité d’avoir un libre arbitre car on n’a pas construit leur réflexion personnelle et intellectuelle. Quand on regarde ce qui se passe dans les différentes collectivités qui sont tenues aujourd’hui par le Rassemblement National, on s’aperçoit que les subventions dédiées au monde culturel sont réduites comme peau de chagrin. Pour notre part, on souhaite permettre à tous, et en particulier aux jeunes, d’avoir ce libre arbitre et cette possibilité d’analyse et de choix pour qu’ils puissent se prononcer sur la société qu’ils veulent demain. Nous souhaitons vraiment porter une politique culturelle ambitieuse fondée sur nos valeurs, nos savoirs et nos traditions locales. Nous souhaitons promouvoir ces valeurs d’égalité, de progrès, de démocratie, en un mot les valeurs humanistes qui doivent pour nous construire la Corse de demain. 
 
- Quelles mesures porterez-vous en faveur du pouvoir d’achat des Corses ?
- La volonté du Nouveau Front Populaire a été de dire que le social et l’environnemental sont les priorités des priorités qui doivent être mises en place avec l’abrogation de la réforme des retraites et de l’Assurance chômage, l’augmentation du Smic à 1600 euros, le fait que l’on augmente le point d’indice des fonctionnaires de 10 points, la mise en place du revenu étudiant, le gel des prix des produits de première nécessité… Toutes ces mesures sont inclues dans l’alternative de projet porté par les quatre composantes de la gauche. Ce sont des attentes fortes. 
 
- Quelles dispositifs imaginez-vous mettre en place pour favoriser l’accès au logement ?
- Quand on est aux responsabilités, on a des outils à notre disposition à droit constant qui doivent être mis en œuvre. Les documents de planification doivent être revus et corrigés. Au niveau régional, le Padduc aurait dû être révisé depuis trois ans. Au niveau local, on doit à travers nos documents d’urbanisme et nos droits de préemption agir pour le logement au quotidien. Il y a des outils qui existent comme le bail réel solidaire que j’ai mis en place sur ma commune. Cet outil permet de dissocier le foncier du bâti. L’impact du coût du foncier n’entre plus en compte et cela réduit de 50% le coût d’accession à la propriété et au logement. Une seule commune l’a fait en France : c’est Pietrosella. Le statut de résident est une réponse politique à un problème politique. Il n’est pas aujourd’hui réalisable à droit constant. Pour autant, il ne faut pas rester les bras croisés. Il existe des outils techniques, mettons les en œuvre et ne restons pas dans cet immobilisme mortifère qui fait que l’on exclut de plus en plus de gens du parcours patrimonial, de la partie logement décent parce que notre territoire est attractif. 
 
- Quelles seront les actions que vous porterez pour permettre un meilleur accès aux soins de santé pour les Corses ? Poursuivrez-vous le travail entamé pour la création d’un CHU sur l’île ?
- Je pense que de façon objective est claire il faut réaliser une expertise de ce qu’apporterait réellement un CHU pour la Corse, et de ce que serait la plus-value pour les habitants en sachant que l’on aura toujours des difficultés liées à la géographie de notre territoire. Où qu’on mette le CHU, le découpage des micro-territoires de la Corse fera que des patients seront toujours à plus de 2h30 de route de cet établissement. Il faudra donc expertiser scientifiquement la plus-value de la création de ce CHU, tant sur le service que rendrait le CHU vis-à-vis de la population locale que sur l’attractivité qu’il aurait sur les différents professeurs qui pourraient venir s’installer en Corse, que sur la difficulté des transports, et sur le potentiel patient. Posons-nous avant tout les bonnes questions. Si cela est positif, il faudra tout mettre en œuvre pour faire le CHU le plus rapidement possible et assumer le choix d’où il doit être implanté. Mais si l’expertise démontre que la création d’un CHU apporterait peu de plus-value, il faudra chercher comment apporter une alternative pour que les Corses ne soient pas des sous citoyens en matière de santé. 
 
- Face à vous, vous retrouverez notamment Paul-André Colombani, le député sortant en place depuis 2017. Un challenge de taille ? 
- Le vrai choix qui se pose aux électeurs est de savoir quelle société ils veulent construire demain. Nous sommes à l’aune d’un choix de société. Le député sortant doit aussi se positionner. Il a été aphone sur les grands enjeux politiques nationaux et européens. Il a porté des projets locaux, mais nous ne sommes plus à l’échelle locale, nous avons dépassé cette problématique. Nous devons être capables de proposer aux électeurs de cette circonscription un choix de société, car nous sommes à un tournant de notre vie politique. On ne peut plus être candidat sur des enjeux trop locaux.