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Les collectifs anti-mafia satisfaits après le discours de Gérald Darmanin


le Jeudi 27 Février 2025 à 15:14

En ouverture de la session de l’Assemblée de Corse consacrée à la lutte contre les dérives mafieuses, le ministre de la Justice est venu porteur d’annonces fortes dans la lutte contre ce phénomène à l’instar de la mise en place de 50 personnels de justice supplémentaires dans l’île au cours des prochains mois, et le lancement d’une réflexion sur un pôle de lutte contre la criminalité à Bastia. Des mesures de « bon aloi » pour les deux collectifs anti-mafia, qui pointent toutefois un décalage avec les discours des élus locaux.



Photo Paule Santoni
Photo Paule Santoni
 
« Nous avons décidé de mener une révolution contre le crime organisé ». Ce jeudi matin, dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, n’a pas pris de détour et a souhaité poser un cap clair, en propos liminaire de la session consacrée à la lutte contre les dérives mafieuses. Après le discours de l’ancien maire de Palerme, qui est venu alerter sur les dangers que représentent l’imprégnation pernicieuse de la société par la mafia et sur les manières de lutter contre ce phénomène, le Garde des Sceaux est venu pour sa part annoncer des mesures fortes à l’instar de la mise en place de 50 personnels de justice supplémentaires dans l’île au cours des prochains mois, et le lancement d’une réflexion sur un pôle de lutte contre la criminalité à Bastia. Des mesures qui vont dans le bon sens pour les deux collectifs anti-mafia de l’île. 
 
« C’est un moment que j’ose qualifier d’historique », souffle Léo Battesti du collectif a Maffia nò, a vita iè, « On voit qu’il y a eu une unité contre le système mafieux. Il y a bien sûr parfois des approches plus nuancées, mais tout le monde a décidé d’en découdre et c’est ce que l’on recherche. On l’a vu au travers les interventions ce matin qui ont été remarquables, que ce soit celle de Leoluca Orlando qui a fait un discours très instructif pour nous Corses, mais aussi les annonces du Garde des Sceaux, sa détermination à lutter contre la mafia, je pense qu’elles sont de bon aloi », ajoute-t-il en se disant « très satisfait » par ces prises de parole. 
 
De son côté, Jean-Toussaint Plasenzotti, du collectif Massimu Susini constate « un contraste saisissant avec un ministre qui tient des propos clairs et offensifs contre le crime organisé et la plupart des élus, en particulier ceux de la majorité qui tiennent des discours évasifs rappelant l’histoire de la Corse et les luttes qui n’ont rien à voir avec le sujet d’aujourd’hui ». « Ce sont des discours fuyants qui ne sont absolument pas à la hauteur de l’enjeu et le contraste est saisissant. C’est bien que cette session soit télévisée pour que les Corses voient la réalité de ce qui se passe dans leur pays », grince-t-il en insistant : « Dans son discours, Leoluca Orlando a analysé le phénomène mafieux, il a dit en quoi il était dangereux et que ce n’est pas une criminalité commune mais bien singulière avec pour objectif le pouvoir. Et que ce type de criminalité corrompt l’indépendantisme, la démocratie, le socialisme, le libéralisme. Il serait étonnant que ceux qui l’ont invité ne prennent pas le temps de réécouter ses propos ». 
 
Pour le co-fondateur du collectif Massimu Susini, ce décalage entre les discours est le fait d’une « imprégnation mafieuse, beaucoup plus importante qu’on ne le pense. « Pas simplement par la menace et l’intimidation, elle est aussi dans les esprits. Il y a peut-être des équilibres qu’on ne veut pas changer en pensant qu’on est capable de les maitriser, or on ne maitrise pas la mafia », souligne-t-il en affirmant : « La mafia peut être apaisée, mais il y a un moment donné où le cours de son histoire sera de s’emparer de l’ensemble des pouvoirs en Corse, parce qu’elle n’est jamais rassasiée ».