Ainsi durant plusieurs semaines, les recherches ont permis d'une part de vérifier l’absence de vestiges anciens sur cette partie de la route mais d'autre part d'y découvrir de rares objets néolithiques : des outils taillés dans différentes natures de pierre comme l'obsidienne, la rhyolithe, le quartz et plus rarement du silex, de la céramique modelée, ainsi que des éléments plus récents tels que des fragments de briques et de tuiles, et de la céramique tournée, plusieurs objets du mobilier néolithique. " Ceux-ci sont remaniés. Ils ont été mélangés a des niveaux plus récents, notamment au tardo medievio (fin du Moyen-Äge). Ces perturbations sont liées à la construction de la route survenue dans les années 1850, précédant la construction du phare en 1857. Cet aménagement récent a engendré dans un premier temps le remaniement d’une partie du site néolithique puis une nouvelle fois lors de son goudronnage qui a été fait bien plus tard" continue Folrian Soula.
A proximité du site où ont travaillé maintes fois Michel-Claude Weiss et Jean Sicurani, les fouilles préventives ont permis de découvrir un creusement de trou de poteau. " Il est possible que ce trou soit relatif à l'occupation néolithique. Il ne présente aucune perturbation liée aux périodes successives", précise Florian Soula. Des études complémentaires seront effectuées en laboratoire et une datation au radiocarbone sera réalisée afin de vérifier cette hypothèse. " Il indique probablement la présence d'un bâtiment, dont la chronologie reste à verifier", ajoute-t-il.
Sur des périodes plus récentes, les chercheurs ont pu identifier et documenter les différentes étapes de construction de la route, notamment celle de sa préparation avec la mise en place d'un sol en terre battue, de son chemin et de son goudronnage. Aucun autre aménagement ancien n'ayant été révélé, les travaux pourront donc avoir lieu sans risque d'impacter des vestiges du patrimoine archéologiques Corse.
Les aménagements du Conservatoire du Littoral
Le Conservatoire du littoral et ses partenaires, la Collectivité de Corse, la Commune de l’Ile Rousse et la CCI, travaillent de concert depuis plusieurs années sur le projet de rendre plus agréable la promenade qui mène au phare de A Petra et ce dans le respect des paysages et des dynamiques naturelles.
" Le tracé de la promenade sera sécurisé, mis en valeur. Les griffes de sorcières et le mobilier public vétuste seront retirés" précise Stéphanie Marchetti, du conservatoire du littoral.
En septembre 2022, Jean Sicurani dirigera la toute dernière fouille programmée de l'île de A Petra. " Il y a une certaine émotion que de quitter ce site et beaucoup de regrets car j'ai moi même fait le tout premier sondage en 1983. Aujourd'hui, nous avons recueilli énormément d'éléments. La fouille de l'inrap vient en complètement des nôtres. En 2005 nous étions allés sous l'asphalte mais que de façon embryonnaire, sur une petite partie et effectivement, nous avions trouvé des niveaux remaniés" explique Jean Sicurani, archéologue.
Des travaux de construction de route qui a l'époque ont déterré de nombreux éléments du site archeologique et permis sa découverte, il y a plus de 40 ans. " Des éléments ont été découverts en surface, car ils ont été bouleversés. Un mal pour un bien au final", continue Jean Sicurani.
Ainsi, après avoir révélé presque tous ses secrets, le site de A Petra pourrait devenir le lieu de mémoire des premières populations d'éleveurs et d'agriculteurs de Corse.
Michel-Claude Weiss, archéologue qui avait dirigé les premières fouilles organisées lors de la découverte du site, décédé depuis, souhaitait sa mise en valeur.
" Nous avons préservé tout le site sous des bâches dans le but de le valoriser un jour", relate l'archéologue. Des fonds de cabanes, des foyers qui pourraient être ainsi révélés à tous sous un système de sol en verre. " La valorisation sera menée, c'est certain. Nous ne pouvons pas faire autrement sur un site comme celui-là. Nous avons le projet de créer un lieu d'interprétations" explique Stéphanie Marchetti.
Dédié à son histoire mais aussi à celle des îles et des hommes qui y ont vécu, le phare de A Petra, situé au sommet, abritera recherches et documentations. " Dans le phare, toute l'histoire sera restituée. Nous prendrons également de informations auprès de ceux qui ont l'habitude de valoriser ce genre d'endroit, qui parlent difficilement auprès du grand public, pour être conseillés au mieux".
Un travail qui se fera également en synergie avec l'office du tourisme, l'interco ainsi que la mairie, pour une diffusion touristique, à travers notamment la formation des guides.
Pour l'heure, pas de date précise pour le début des travaux d'aménagements. Cependant, le Conservatoire du Littoral, précise qu'ils débuteront avant la fin de l'année 2022 pour se terminer sous 2 ans.