Littérature - "LOra di i Tonti" une quête de soi-même

Ce samedi avait lieu dans les locaux de la Médiathèque L'Animu à Portivechju, l'Inguirnata rendez-vous littéraire proposé par les Éditions Òmara fondées par Marcu Biancarelli. L'occasion d'évoquer le bilan, ainsi que les perspectives d'avenir, mais également de rencontrer l'auteure Philippa Santoni qui vient de publier "LOra di i Tonti. Un ouvrage qui fait suite à  Da Parighji sin'à Tè dans le sens où le dialogue entamé entre Lilina et la narratrice reprend. 
Un deuxième roman, sans doute un peu plus intimiste écrit au cœur de l'été 2023 un hommage aussi à la grand-mère de l'écrivaine, soutenu par une écriture puissante où le choc des mots n'est pas anodin. Une écriture qui questionne, qui nous questionne sur le sens de nos vies et l'importance des choses.

- Philippa Santoni, la première question qui peut venir à l'esprit en lisant votre livre est la suivante: où se situe la frontière entre la réalité et la schizophrénie ?

- Justement, je ne sais pas. C'est la raison pour laquelle j'ai voulu que l'on ressente la narratrice comme ayant une fissure mentale. Petit à petit au fil de la lecture on se rend compte que l'on arrive à une sorte d'apaisement et que l'on arrive finalement à gérer des sortes de crise qui sont, en fait, des moments de réflexion.

- On a le sentiment qu'une fois passée la période des douces illusions les relations entre les humains ne se conçoivent que sous un angle douloureux ?

- C'est vrai, c'est ce côté-là  qui ressort aussi bien dans Da Parighji sin'à Tè que dans l'Ora di i Tonti, mais finalement on se rend compte que la relation entre la narratrice et la grand-mère est quand même basée sur des rapports apaisés et remplis d'amour

- Tout au long des pages la "prof" que vous êtes apparaît également ?

- Un petit peu c'est vrai, mais on parle toujours de ce que l'on connaît et au fil des pages et surtout à la fin du livre on ressent bien que c'est une déclaration d'amour à mon métier

- L'échange entre la narratrice et Lilina semble être une recherche d'un paradis perdu ?

- Ce peut être cela, mais au-delà, le personnage de Lilina c'est l'objet, le sujet du livre que la narratrice est en train d'écrire et en même temps une réflexion supplémentaire au niveau de la relation avec le territoire. Dans Da Parighji sin'à Tè on avait la narratrice qui se posait énormément de questions sur sa relation à Paris, au territoire et elle pensait connaître sa Corse, mais lorsque Lilina revient en Corse elle se rend compte qu'elle va lui apprendre d'autres choses sur un territoire qu'elle pensait maîtriser

- Dans ce livre mais, pour vous peut-être aussi, l'existence demeure une quête de soi-même difficile à atteindre comme est difficile à concevoir la cryptozoologie ?

- En fait, cela est dû au fait que quand j'écrivais, j'avais ce livre sur la cryptozoologie  face à moi dans ma bibliothèque. J'ai quelques livres sur ce thème, c'était un sujet qui suscitait mon intérêt quand j'étais plus jeune. Cela a inspiré ce passage dans le livre; Pour ma part, à la fin du livre la narratrice parvient à mieux se comprendre elle-même et à mieux comprendre les autres parce qu'il y a eu cette réflexion tout le long. Cela peut paraître destructurer mais au final il y a beaucoup de structure. Il y a des retours en arrière et quand tout cela s'enchaîne on se rend compte que l'on arrive au bout de quelque chose et d'une réflexion

- Cette quête, cette introspection on a quand même du mal à la concevoir aujourd'hui dans une société "fast food" ?

- On en a tous besoin. L'introspection est aussi un style d'écriture qui me convient que l'on retrouve dans mes précédents ouvrages et encore plus dans l'Ora di i Tonti. Ces moments d'introspection sont importants. Ce sont des moments où l'on se pose où l'on se recentre sur soi-même pour rêvasser tout simplement .