Corse Net Infos - Pure player corse

Livre : "Charlotte Chérie", premier thriller psychologique de Sandrine Lucchini"


Philippe Jammes le Lundi 26 Août 2024 à 17:05

Après « Tarot Sanglant », l’auteure Sandrine Lucchini publie à Hachette Fiction, collection Blacklab, « Charlotte chérie », un thriller psychologique noir à visée sociologique… Rencontre.



Auteure, réalisatrice de reportages d’investigation, directrice d’équipes et de collections, scénariste… Sandrine Lucchini possède de multiples talents. Sa première fiction, Ma fille est innocente, a été récompensée par le Prix de la Fondation Beaumarchais et le Prix de la Fiction de La Rochelle. Passionnée par l’humain, les faits divers, la justice et les problématiques sociétales, elle se consacre depuis 2019 à l’écriture de son premier roman, un thriller psychologique mêlant ses connaissances en psychopathologie à une intrigue haletante.

Quelles sont vos racines corses ?
Je suis née à Ajaccio, d’une mère ajaccienne et d’un père originaire de l’Alta Rocca, plus précisément d’Aullène et de Monacia d’Aullène. Mon lien à la Corse est très fort, et je partage mon temps entre l’île et Paris.

Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière en réalisant des reportages d’investigation pour des chaînes comme TF1, France TV, M6 ou C8, avant de diriger des équipes en tant que rédactrice en chef ou chef de projet. Ce travail de terrain m’a conduite à écrire ma première fiction, Ma fille est innocente, pour TF1. Ce film s’inspire des histoires réelles de jeunes que j’ai rencontrés dans des prisons en Amérique du Sud et en Asie, où ils étaient incarcérés pour trafic de drogue. Ce qui m’intéressait, c’était d’explorer les mécanismes psychologiques qui permettent à l’héroïne de surmonter une situation aussi extrême que la prison. En arrière-plan, le film posait cette question : jusqu’où des parents sont-ils prêts à aller pour sauver leur enfant ? J’ai ensuite coécrit et dirigé la première création originale française de Scripted RealitySi près de chez vous sur France 3, ainsi que le concept de la comédie policière Police de Caractères, également pour France 3. Plus récemment, j’ai repris mes études et obtenu un diplôme en psychopathologie en octobre 2023, pour me consacrer à la psychothérapie.

Comment en êtes-vous venue à l’écriture ?
J’ai toujours été attirée par les questions sociales et humaines. C’est cette curiosité qui m’a poussée à raconter des histoires, d’abord à travers des reportages, puis via l’écriture de fictions. Mais le roman me paraissait hors de portée, jusqu’à ce que je décide de me lancer. Devant mon clavier, j’ai commencé à « composer ». Alors que le cinéma et la télévision s’appuient sur l’image pour raconter une histoire, le roman repose entièrement sur les mots. J’ai découvert que l’écriture romanesque offre une plus grande liberté créative, permettant de connecter le lecteur à son imaginaire et à ses émotions. En somme, écrire est une aventure, et lire, un voyage.

Pouvez-vous nous parler de votre dernier livre, Charlotte Chérie ?
Charlotte Chérie est un thriller immersif qui suit le groupe Lebon de la Crim' du Bastion, le nouveau 36, dans leur enquête sur le meurtre sordide d’une jeune femme et la disparition inquiétante d’une autre. Très vite, l’équipe s’intéresse à un groupuscule masculiniste animé par une haine violente envers les femmes. Le capitaine Lebon, déjà présent dans mon premier roman Tarot Sanglant, évolue ici, gagnant en profondeur tout en conservant ses contradictions humaines. Il incarne un « chasseur » et un « combattant », fidèle à ses valeurs de justice et d’équité, mais reste un homme en quête d’équilibre.

Quelle est l’idée à l’origine de ce roman ?
Il y a trois ans, un article canadien a éveillé ma curiosité. Le sujet des masculinistes entrait déjà dans mes recherches en psychopathologie sur les formes de radicalisation. L’aspect criminologique et psychologique du thème m’a immédiatement semblé fertile pour un polar. Ces groupuscules, qui s’opposent au féminisme et prônent la domination masculine, deviennent particulièrement dangereux lorsque leurs discours se transforment en idéologie. Leur présence sur les réseaux sociaux, où l’anonymat déchaîne la violence verbale, est alarmante. Mon roman s’inspire de la branche la plus radicale des Incels (célibataires involontaires), qui considèrent les femmes responsables de leur solitude.

Comment avez-vous mené vos recherches ?
J’ai commencé par une investigation journalistique classique, puis j’ai créé une fausse identité sur Internet, celle d’un jeune homme de 18 ans, correspondant au profil type de ces communautés : isolé, en quête de lien, mal dans sa peau et en colère. Cela m’a permis d’échanger directement avec certains membres. Ce travail a également nourri mon mémoire de Master 2 en psychanalyse à l’Université Paul Valéry, où j’ai exploré la mécanique psychologique de ces groupes. Tout cela m’a aidée à construire l’univers de Charlotte Chérie, car ce que j’aime par-dessus tout, c’est imaginer et raconter des histoires.

Quels sont vos prochains projets ?
Je travaille actuellement sur un nouveau roman qui abordera une autre problématique sociale. L’équipe du capitaine Lebon sera de retour, et l’intrigue nous plongera davantage dans la vie personnelle de ce personnage, révélant des facettes inédites.

Sandrine Lucchini sera en dédicace à la librairie Alma, à Bastia, le samedi 31 août à partir de 17h30.