Olivier Long, Brasil, huile sur toile, 130x97 cm, 2013.
"L’insulaire lancé sur la vague sombre, dans l’immensité qui ne dit rien rencontre pourtant l’autre rive. La lumière de l’horizon devient son destin, son étoile. Pour tragique et redouté que soit l’exil, quand le large existe, il n’est pas que drame. Alors que les marins se révoltent sur les caravelles en route vers les Indes surgit une terre. L’horizon n’est pas simple vide. Par-delà le fux et rfllux, suivant la courbe de la terre, le rivage est passage. Loin de tout exotisme, brille une imprévue lumière qui fait de l’autre rive un seuil et un soleil.
Ce seuil, je le peins" dit-il.
"Mare a mare c’est le chemin qu’empruntaient les anciens de l’Alta-rocca pour remonter les fruits du jardin de la plage ; d’une mer à l’autre c’est l’autre chemin qui fait se rejoindre deux rivages. J’ai peint ici les plages du sud de l’île qui bordent d’été l’écume de nos souvenirs d’enfance. J’ai peint aussi la côte portugaise que je fréquente entre hiver et printemps. De ces rives proviennent ces vues, d’une vue à l’autre, un horizon se le, se dessine, véritable parcours pour le regard.
Dans ces peintures, entre abstraction et guration, les formes se disent à peine : tout est flou, humide, incertain. L’eau, l’air, la lumière déploient leur étendue. Au grè des transitions de couleurs, le regard mute, un rythme s’installe ; l’émotion vient alors d’un foyer lointain, antérieur à toute description. Dans cet espace fluide, (entre mer et jungle lointaine : on pense à Gauguin et aux nabis), un trajet cherche son issue.
Entre ici et ailleurs, le dauphin, danse sur l’onde et fend l’unité du flot : une dynamique se crée.
Ces figures peintes, en voie de formation, en deçà de toute représentation, n’est-ce pas l’image d’une mondialisation qui se cherche et que la peinture, - à l’origine de toute image -, est à même de dire en sa formation? Ici l’imagination est un travail. Et n’est-elle pas maintenant devenue universelle cette expérience que font depuis toujours les Corses quand ils se retrouvent ici et ailleurs à la fois? De la mer de Chine à celle du Japon, de l’Inde au Pacique, tous vivent maintenant, d’une mer à l’autre cette même expérienceoù l’on devient soi-même et autre.
Ce que les Corses savent de longue expérience, c’est qu’entre ombre et lumière, la mer lumineuse cache ainsi l’espérance d’une possible rencontre. Quand les formes anciennes se forment et se déforment, à la limite de l’implosion, dans une perpétuelle croissance, la peinture, au sein de l’immense déterritorialisation qu’est le monde tel qu’il va, est à même de célébrer l’espace d’une possible transformation."
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Mare a mare Exposition Olivier Long du 5 au 27 septembre 2013 Galerie Gour-Beneforti 8, rue Napoléon Bastia
Ce seuil, je le peins" dit-il.
"Mare a mare c’est le chemin qu’empruntaient les anciens de l’Alta-rocca pour remonter les fruits du jardin de la plage ; d’une mer à l’autre c’est l’autre chemin qui fait se rejoindre deux rivages. J’ai peint ici les plages du sud de l’île qui bordent d’été l’écume de nos souvenirs d’enfance. J’ai peint aussi la côte portugaise que je fréquente entre hiver et printemps. De ces rives proviennent ces vues, d’une vue à l’autre, un horizon se le, se dessine, véritable parcours pour le regard.
Dans ces peintures, entre abstraction et guration, les formes se disent à peine : tout est flou, humide, incertain. L’eau, l’air, la lumière déploient leur étendue. Au grè des transitions de couleurs, le regard mute, un rythme s’installe ; l’émotion vient alors d’un foyer lointain, antérieur à toute description. Dans cet espace fluide, (entre mer et jungle lointaine : on pense à Gauguin et aux nabis), un trajet cherche son issue.
Entre ici et ailleurs, le dauphin, danse sur l’onde et fend l’unité du flot : une dynamique se crée.
Ces figures peintes, en voie de formation, en deçà de toute représentation, n’est-ce pas l’image d’une mondialisation qui se cherche et que la peinture, - à l’origine de toute image -, est à même de dire en sa formation? Ici l’imagination est un travail. Et n’est-elle pas maintenant devenue universelle cette expérience que font depuis toujours les Corses quand ils se retrouvent ici et ailleurs à la fois? De la mer de Chine à celle du Japon, de l’Inde au Pacique, tous vivent maintenant, d’une mer à l’autre cette même expérienceoù l’on devient soi-même et autre.
Ce que les Corses savent de longue expérience, c’est qu’entre ombre et lumière, la mer lumineuse cache ainsi l’espérance d’une possible rencontre. Quand les formes anciennes se forment et se déforment, à la limite de l’implosion, dans une perpétuelle croissance, la peinture, au sein de l’immense déterritorialisation qu’est le monde tel qu’il va, est à même de célébrer l’espace d’une possible transformation."
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Mare a mare Exposition Olivier Long du 5 au 27 septembre 2013 Galerie Gour-Beneforti 8, rue Napoléon Bastia
Une vie de peintre et d’exilé
Olivier Long enseigne la pratique de la peinture et l’ « esthétique des peintres » à la Sorbonne (Université Paris 1). Son œuvre a été accueillie dans des lieux prestigieux en Europe. (Pinakoteke der moderne à Munich, Art Fair 21 à Cologne, Fondation Gulbenkian à Lisbonne, Galerie Froment et Putman et Cité de la Musique à Paris, mais aussi à la galerie Annie Wable à Lille, à la galerie Schutz de Fontainebleau, ainsi qu‘au musée Fabre à Montpellier).
En France, de nombreux articles ont fait état de son travail (dans Artpress, Artension, Le Point, La Voix du Nord). Récemment Kaltio, la plus importante revue d’art finlandaise a consacré un grand article à son travail. À l’occasion de la publication de son livre L’œuvre comme exercice spirituel (éditions Hermann) un grand entretien avec Olivier Long a été réalisé par Alain Veinstein, (émission Du Jour au lendemain du 18 juin 2013). Il est disponible sur le site de France Culture.
Le travail d’Olivier Long est actuellement présent dans de nombreuses collections privées. Olivier Long est d’origine bastiaise. D’une rive à l’autre, les retours perpétuels dans sa famille ont marqué sa vie de peintre et d’exilé. Le choix de faire une exposition à la galerie Gour-Beneforti de Bastia est donc pour lui un hommage à la terre d’où il vient.
En France, de nombreux articles ont fait état de son travail (dans Artpress, Artension, Le Point, La Voix du Nord). Récemment Kaltio, la plus importante revue d’art finlandaise a consacré un grand article à son travail. À l’occasion de la publication de son livre L’œuvre comme exercice spirituel (éditions Hermann) un grand entretien avec Olivier Long a été réalisé par Alain Veinstein, (émission Du Jour au lendemain du 18 juin 2013). Il est disponible sur le site de France Culture.
Le travail d’Olivier Long est actuellement présent dans de nombreuses collections privées. Olivier Long est d’origine bastiaise. D’une rive à l’autre, les retours perpétuels dans sa famille ont marqué sa vie de peintre et d’exilé. Le choix de faire une exposition à la galerie Gour-Beneforti de Bastia est donc pour lui un hommage à la terre d’où il vient.