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Marwan Berghouti citoyen d'honneur de Cuttoli-Corticchiato, Osani et Bocognano : Son épouse en Corse pour plaider sa cause


Laurina Padovani le Mardi 12 Mars 2019 à 20:07

Fadwa Barghouti, épouse de Marwan Barghouti, homme politique palestinien condamné 5 fois à perpétuité par l’Etat Israélien depuis 2002, est en Corse depuis ce mardi matin. Trois communes de Corse-du-Sud, Cuttoli-Corticchiato, Osani et Bocognano, ont répondu favorablement à l’appel de l’association Corsica-Palestina pour adhérer au réseau Marwan Barghouti et lui décerner le titre de citoyen d’honneur. Fadwa Barghouti, avocate de profession, se bat pour faire libérer son mari et les prisonniers palestiniens à travers une campagne internationale.



(Photos Michel Luccioni)
(Photos Michel Luccioni)
A la suite de la visite de l’ambassadeur de Palestine, Salman El Herfi, en avril 2017 et la motion relative aux conditions d’incarcération des prisonniers palestiniens adopté à l’unanimité par l’Assemblée de Corse, trois communes de Corse-du-Sud ont accepté de recevoir Fadwa Barghouti, l’épouse de Mawan Barghouti incarcéré en Israël pour avoir orchestré des attentats terroristes meurtriers pendant la seconde Intifada. Dirigeants tanzaniens de la Cisjordanie reconnu coupable d’avoir tué et blessé de nombreux civils israéliens et condamné à cinq fois à la prison à perpétuité, il est néanmoins considéré comme un dirigeant modéré par les palestiniens. Ces derniers lui font confiance pour conduire à un accord de paix avec Israël. Certains éléments politiques de gauche ainsi que des intellectuels israéliens ont réclamé sa libération de prison. Engagée dans le combat pour la libération des prisonniers palestiniens aux côtés de son époux, Fadwa Barghouti parcours le monde et s’est rendue sur l’île aujourd’hui.

- On vous avait interdit de voir  Marwan Barghouti pendant plus de 2 ans. Avez-vous pu le voir dernièrement? Comment va t’il aujourd’hui?
 
- Je ne l’ai pas revu depuis le début de sa grève de la faim, en 2017. Lors de ma dernière visite, il m'a informé que, depuis l'extérieur, il y avait des actions à mener afin de faire pression sur les autorités pénitentiaires pour obtenir les réponses à nos revendications. L’une d’entre elle était d’obtenir un droit de visite à ses petits-enfants. Avant cela, ma fille m'avait accompagnée. Rouba était inquiète pour son père qui voulait entamer la grève de la faim. Il lui a répondu qu’il faisait cette grève pour pouvoir voir ses petits-enfants, son fils et ses gendres qu’on lui interdisait de voir. Cette grève était également en soutien à tous les prisonniers privés de leurs familles. Il faut savoir que seuls les enfants et les conjoints sont autorisés à visiter les détenus. 


- Arrive t-il à continuer son combat pour la libération de la Palestine depuis sa prison ? Donne t-il toujours des conférences politiques aux détenus ?
- Marwan continue ses conférences en prison, mais aussi les débats avec les détenus. Les balades autorisées dans la cour sont devenues des débats politiques.
Il continue aussi d'avoir des correspondances avec des dirigeants palestiniens. Nous lui transmettons les messages. Il ne faut pas oublier qu'il reste membre du Conseil national Palestinien.  

- Parlez nous de l’Etat palestinien, la situation actuelle. Où en est la question des prisonniers politiques ?
- La situation politique actuelle est compliquée et dure, notamment depuis les dernières déclarations et décisions de Donald Trump. Ces décisions ne sont pas de bon augure pour le futur. Les événements dans le monde arabe ont des incidences sur nous également. Auparavant, la Palestine était plus prégnante sur la scène internationale. Aujourd'hui, elle est noyée par les problématiques dans le monde arabe.


- La vision du monde sur les prisonniers palestiniens a changé. Les gens sont de plus en plus à l'écoute et solidaires de la Palestine. Comment expliquez vous ce changement ?
 - Les associations palestiniennes, les organisations politiques restent très actives. Dans le monde, je sais que la solidarité est solide et grande car les peuples refusent les injustices et voient la vérité. Avec les réseaux sociaux, les gens ont accès à toutes les informations. La guerre de l'information est une réalité dure en Palestine. Nous avons besoin de cette solidarité pour montrer une autre image que celle véhiculée par les autorités et l'armée israéliennes. 
Je ne sais pas s'il s'agit d'un changement, mais plus d'une amplification de la solidarité avec les prisonniers. La grève de la faim des prisonniers en 2017 a aussi eu un retentissement important. Elle a donné une visibilité et un visage à tous ces prisonniers qui avaient des revendications d'ordre social et médical. Il faut savoir qu'en Palestine, presque toute les familles sont touchées. Depuis 1967, 850 000 Palestiniens sont passés par les prisons israéliennes soit 20% de la population. 


- Combien de villes ont élevé Marwan Barghouti au rang de citoyen d'honneur ? A quoi sert cette reconnaissance ?
- Il y a une quarantaine de villes qui ont pris cette décision courageuse. C'est un acte de solidarité et de visibilité qui donne du poids à notre cause, qui permet aussi de sensibiliser l'opinion publique et de montrer aussi un autre visage de la Palestine, différent de ce qu’Israël veut montrer de nous. C'est une marque de solidarité qui relève aussi de l'importance de cette question au plan international.


- Votre campagne a commencé depuis l'arrestation de votre mari, il y a 17 ans. Comment comptez vous la continuer?
- Mon combat a commencé dès mes 18 ans avec mon activisme autour des questions des femmes palestiniennes. J'ai milité dans des associations et de nombreuses institutions, dont l'Association des femmes pour le Travail social. 
Depuis que Marwan a été arrêté, j'ai redoublé d'efforts pour la cause des prisonniers palestiniens, tout comme mes enfants. Je continuerai tant que tous les prisonniers ne seront pas libérés.