Corse Net Infos - Pure player corse

Mort d’Yvan Colonna : le rapporteur public pointe la responsabilité de l’État


VL le Mardi 7 Janvier 2025 à 07:51

Saisi par la veuve et les enfants d’Yvan Colonna, tué en 2022 à la prison d’Arles, le tribunal administratif de Marseille doit déterminer si l’État porte une responsabilité dans ce drame. Le rapporteur public, dans ses conclusions rendues ce lundi 6 janvier, a estimé que les manquements de l’administration pénitentiaire justifient une condamnation de l’État.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni

Le tribunal administratif de Marseille doit se prononcer sur une potentielle responsabilité de l’État dans la mort d’Yvan Colonna, tué en 2022 par par un codétenu radicalisé, Franck Elong Abé, é à la prison d’Arles. Le rapporteur public estime que des manquements graves de l’administration pénitentiaire ont permis cet acte de violence extrême, plaidant ainsi pour une reconnaissance de la faute de l’État.

Condamné pour l’assassinat du préfet Claude Érignac, Yvan Colonna, était détenu depuis dix ans à la prison d’Arles lorsqu’il a été mortellement agressé. Au moment des faits, Franck Elong Abé, son agresseur, était classé comme « détenu particulièrement signalé » (DPS) en raison de sa dangerosité et de son passé de violence. Il purgeait une peine pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste et était éligible à une libération en décembre 2023.

Selon le rapporteur public, qui a rendu ses conclusions ce lundi 6 janvier,  les conditions de surveillance et la gestion de cet individu représentent des échecs manifestes de l’administration pénitentiaire. Il déplore notamment le fait qu’un détenu connu pour sa radicalisation ait bénéficié d’une certaine liberté au sein de l’établissement et ait pu occuper un emploi d’auxiliaire. La magistrate a également souligné des défaillances liées à la vidéosurveillance, aucun agent n’ayant pu observer en direct l’attaque.

Des indemnisations réclamées
La famille d’Yvan Colonna demande 200 000 euros en réparation du préjudice moral et physique. Avant l’audience, l’État avait proposé une somme de 45 000 euros, jugée insuffisante par la veuve et les enfants du défunt. Le rapporteur public préconise quant à elle une indemnité de 60 000 euros pour le préjudice physique, estimant que Colonna a enduré une douleur maximale lors de l’agression. Il propose également une somme de 15 000 euros pour le préjudice moral, évoquant l’angoisse de mort imminente et le sentiment d’abandon ressenti par la victime.
La décision du tribunal est attendue pour la mi-février.

Cette audience intervient après la publication d’un rapport parlementaire en mai 2023, qui avait déjà mis en lumière de nombreuses défaillances dans la gestion de la prison d’Arles, ainsi qu’une rigueur excessive dans le traitement carcéral d’Yvan Colonna.