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Olivese : la vente d'un terrain agricole à près de 100 000 € suscite l'ire du maire


le Lundi 3 Avril 2023 à 16:53

Inquiet de voir la spéculation gagner toujours plus de terrain sur l’île, le maire de ce petit village de l’Ornano a porté l’affaire à la connaissance du public ce dimanche, via le réseau social Facebook. Un cri d’alarme qui n’a pas manqué de susciter de nombreuses réactions. Si Jean-Luc Millo appelle aujourd’hui au calme, il est néanmoins déterminé à faire mettre la vente en pause et souhaite que le propriétaire revienne à la raison.



Le village d'Olivse (Photo Thomas Peydro)
Le village d'Olivse (Photo Thomas Peydro)
C’est une publication postée sur le réseau social Facebook par la mairie d’Olivese ce dimanche qui a porté l’affaire sur la place publique. Dans ce petit village de l’Ornano qui compte un peu plus de 200 habitants, un terrain agricole inconstructible de 39 609 m2 est actuellement en vente au lieu-dit Pisali. Jusqu’ici rien d’exceptionnel. Mais c’est le prix affiché de 97 139€ qui suscite l’ire du maire de la commune, Jean-Luc Millo. En outre, le même vendeur propose également, via une agence immobilière, deux autres terrains environnants de 2 518 m2 et 3 260 m2 pour les sommes respectives de 6 039€ et 7 672€, alors que selon les données de la Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt Corse (DRAAF), le prix moyen d’un hectare de « terre labourable libre » sur l’île s’établissait à 5 610 euros en 2021.

« Nous sommes obligés en tant que conseil municipal de réagir à cette affaire », souffle ainsi Jean-Luc Millo. « Ce sont des trois parcelles agricoles, inconstructibles et très loin des lieux de vie. Si aujourd’hui à Olivese, village qui est situé dans le rural assez profond, on laisse passer ces choses-là, c’est la fin de tout », déroule-t-il en alarmant sur la spéculation qui gagne du terrain. Il dévoile par ailleurs avoir, en amont de sa réaction sur le réseau social, tenté de prévenir l’agence immobilière qu’il ne pouvait accepter que des terrains inconstructibles puissent être vendus à de tels prix sur sa commune. « On m’a répondu que c’était la propriétaire qui avait fixé ce prix », déplore-t-il en soulignant que le vendeur est bien originaire du village, même s’il est « expatrié depuis très longtemps ». À ce jour, le maire regrette ne pas avoir pu avoir d’échanges avec ce dernier, qu’il appelle « à revenir à la raison ».



 

« Je n’ai pas été élu pour vendre ma commune. Ce n’est pas un problème d’opinion politique, mais bien un problème de conscience. Mon rôle est de faire que la vente soit mise en pause, que des négociations s’engagent avec le vendeur. Je ne céderai pas. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir. J’ai d’ailleurs contacté la Safer et ai écrit au président du Conseil exécutif et à tous les groupes de l’Assemblée de Corse car j’estime qu’au-delà des ambitions politiques nous devons tous avoir un même but : sauver ce pays des mains ravageuses. Il n’y a pas que l’argent dans la vie, il y a aussi une façon d’être, de vivre. On ne peut pas tout laisser faire », martèle le maire d’Olivese. « Nous n’avons rien contre personne. Nous souhaitons juste que dans notre commune et dans notre canton les choses se passent de manière normale. Nous n’empêchons pas les gens de vendre et de faire leurs affaires, mais il y a des limites à tout cela. Ce pays a été secoué depuis trop longtemps par des problèmes de ce type et il faut que nous soyons vigilants pour que les générations futures puissent s’y retrouver. Et qui mieux que l’élu local pour agir dans ce domaine. Nous sommes obligés de réagir. Si je ne le fais pas, c’est que j’aurais vendu mon âme et que je n’aurais plus de conscience », instille-t-il encore. 
 
Face aux nombreuses réactions, parfois menaçantes à l’égard de l’agence immobilière notamment, qui ont suivi sa publication sur Facebook, il souhaite aujourd’hui appeler au calme et à laisser le conseil municipal gérer cette affaire. « Mais j’en appelle aussi à la raison du côté du vendeur et de l’agence immobilière », conclut-il.