Francis Beretti est agrégé d'Anglais et Professeur Emérite de l'Université de Corse. Il a publié près d'une centaine d'articles historiques couvrant les XVIIIème, XIXème et XXème siècles ainsi que des livres dans le domaine de l'étude du XVIIIème siècle et des voyageurs britanniques en Corse. Il a publié "Pascal Paoli et l'image de la Corse au XVIIIème siècle - Le témoignage des voyageurs". Il est aussi l'auteur d'une biographie de Giovan Francesco Galeazzi, qui fut un proche de Pascal Paoli "Un notable dans la tourmente de la Révolution (1757-1829)."
Francis Beretti est devenu historien pour son plaisir, depuis les années 1970. Sa passion pour James Boswell a été déterminante dans sa quête de documents historiques.
Son dernier ouvrage "Pascal Paoli en Angleterre, Trente-trois années d'exil et d'engagement" (éditions Alain Piazzola - Università di Corsica) a nécessité un travail de plusieurs années de recherches et de rédaction.
Double questionnement
Le lecteur de ce livre est d'abord intrigué par les deux noms d'auteurs inscrits sur la couverture, Francis Beretti et Frances Vivian. Frances Vivian était une historienne anglaise qui était l'auteure d'un article de 1949 consacré à Pascal Paoli en Angleterre. Cet article est excessivement bien écrit, très fin, très approfondi et aussi très accessible. Francis Beretti n'a jamais rencontré physiquement la co-auteure de cet ouvrage. Il l'a connue par l'intermédiaire d'une amie, et les deux historiens ont échangé une longue et fructueuse correspondance, jusqu'au décès de Frances Vivian survenu en 2001. Frances Vivian, grande érudite, avait effectué un énorme travail, consacré à Pascal Paoli et a laissé à sa mort un manuscrit très fourni dont les références s'arrêtent en 1986. Elle était l'auteure d'un ouvrage consacré au Consul Joseph Smith (1682-1770), collectionneur de tableaux provenant d'Italie et aussi un ouvrage sur Frédéric Prince de Galles (1707-1751) lui aussi grand collectionneur de tableaux. Frances Vivian était férue d'art et de littérature. Elle s'est également intéressée à la vie de Pascal Paoli et à son exil en Angleterre car elle connaissait la Corse où elle est venue en 1943. Elle était aussi passionnée par l'Italie, la peinture, la musique... L'éditeur a souhaité inscrire son nom sur la couverture de l'ouvrage, en tant que co-auteur, par prudence vis à vis de ses héritiers et aussi pour lui rendre hommage car elle avait effectué un gros travail.
Le second questionnement concerne le tableau de Benbridge qui illustre la couverture du livre. Pascal Paoli, sur le champ de bataille, est censé recevoir d'un messager l'information de la défaite de Ponte Novu. Mais cette toile est bien énigmatique. Il s'agit d'un tableau très intéressant, presque de propagande sur lequel Pascal Paoli est représenté comme un chef d'Etat et non comme un chef de guerre. Henry Benbridge était un peintre américain missionné par James Boswell pour faire deux tableaux de Pascal Paoli. Celui-ci, visible à Morosaglia, et un portrait en pied du Général Corse.
Francis Beretti est devenu historien pour son plaisir, depuis les années 1970. Sa passion pour James Boswell a été déterminante dans sa quête de documents historiques.
Son dernier ouvrage "Pascal Paoli en Angleterre, Trente-trois années d'exil et d'engagement" (éditions Alain Piazzola - Università di Corsica) a nécessité un travail de plusieurs années de recherches et de rédaction.
Double questionnement
Le lecteur de ce livre est d'abord intrigué par les deux noms d'auteurs inscrits sur la couverture, Francis Beretti et Frances Vivian. Frances Vivian était une historienne anglaise qui était l'auteure d'un article de 1949 consacré à Pascal Paoli en Angleterre. Cet article est excessivement bien écrit, très fin, très approfondi et aussi très accessible. Francis Beretti n'a jamais rencontré physiquement la co-auteure de cet ouvrage. Il l'a connue par l'intermédiaire d'une amie, et les deux historiens ont échangé une longue et fructueuse correspondance, jusqu'au décès de Frances Vivian survenu en 2001. Frances Vivian, grande érudite, avait effectué un énorme travail, consacré à Pascal Paoli et a laissé à sa mort un manuscrit très fourni dont les références s'arrêtent en 1986. Elle était l'auteure d'un ouvrage consacré au Consul Joseph Smith (1682-1770), collectionneur de tableaux provenant d'Italie et aussi un ouvrage sur Frédéric Prince de Galles (1707-1751) lui aussi grand collectionneur de tableaux. Frances Vivian était férue d'art et de littérature. Elle s'est également intéressée à la vie de Pascal Paoli et à son exil en Angleterre car elle connaissait la Corse où elle est venue en 1943. Elle était aussi passionnée par l'Italie, la peinture, la musique... L'éditeur a souhaité inscrire son nom sur la couverture de l'ouvrage, en tant que co-auteur, par prudence vis à vis de ses héritiers et aussi pour lui rendre hommage car elle avait effectué un gros travail.
Le second questionnement concerne le tableau de Benbridge qui illustre la couverture du livre. Pascal Paoli, sur le champ de bataille, est censé recevoir d'un messager l'information de la défaite de Ponte Novu. Mais cette toile est bien énigmatique. Il s'agit d'un tableau très intéressant, presque de propagande sur lequel Pascal Paoli est représenté comme un chef d'Etat et non comme un chef de guerre. Henry Benbridge était un peintre américain missionné par James Boswell pour faire deux tableaux de Pascal Paoli. Celui-ci, visible à Morosaglia, et un portrait en pied du Général Corse.
Les exils du général Pascal Paoli
Après la défaite de Ponte Novu, Pascal Paoli quitte la Corse par Porto-Vecchio et s'embarque pour Livourne sur un navire anglais. D'après Frances Vivian ce départ n'était pas programmé. Le capitaine du bateau ne fait pas partie de la Navy, c'est un civil. Pascal Paoli ne sait pas encore où il va se rendre, ce n'est qu'à La Haye qu'il va prendre contact avec l'ambassadeur de Grande Bretagne.
Pourquoi est-il parti à Livourne? Deux éléments semblent favorables à ce choix. Le premier est qu'il y a une importante communauté corse à Livourne composée de groupes de personnes fidèles et actives (Rivarola). Il s'y trouve aussi des anglais, surtout des négociants favorables à Pascal Paoli et très défavorables à Choiseul! Le Consul de Grande-Bretagne à Livourne est par exemple très favorable à Pascal Paoli. Cela était du en grande partie à la visite en Corse de James Boswell qui avait écrit une sorte de "best-seller" de l'époque : "Le journal d'un tour de Corse, et mémoires de Pascal Paoli", qui a amplifié la lutte de Pascal Paoli qui représente deux idées fortes : la liberté et la patrie. Boswell est très enthousiaste.
Pascal Paoli est acclamé par la foule lorsqu'il arrive à Livourne. Il passe en Toscane et essaie de voir Frédéric afin d'obtenir une aide. Lorsqu'il arrive en Angleterre, la situation est très complexe. Le roi George III ressent de la gêne vis à vis de Pascal Paoli car celui-ci est un rebelle. Les partisans de la lutte de Pascal Paoli l'ont aidé grâce à une collecte de fonds qui lui ont servi ainsi qu'aux réfugiés corses.
A la même époque en Angleterre, il y a aussi un problème de politique extérieure, on assiste au début de la grogne des colons d'Amérique qui va déboucher sur l'Indépendance.
Pascal Paoli est accueilli par James Boswell et Andrew Burnaby, Consul à Livourne, qui avait effectué un voyage en Corse. James Boswell aidera Pascal Paoli de 1769 jusqu'à la fin. C'est grâce à lui qu'il a eu un buste et une plaque d'ans l'abbaye de Westimster. Pascal Paoli sera témoin, par la signature, au mariage de Boswell en 1769, et il se rendra effectivement en Ecosse en 1771.
Pendant son exil des lettres et correspondances attestent qu'il s'informe de la situation en Corse. Il correspond avec des gens importants. Ainsi, il reçoit une lettre de Catherine II qui lui demande de venir en Russie en 1770 et lui offre un poste important. A Londres, il est reçu par de grands aristocrates qui connaissent un longue tradition de voyages. Ces anglais fortunés et instruits aimaient se rendre en Italie pour de longs mois. L'Italie était une "terre promise" pour l'art, la peinture, la sculpture, la musique, la littérature... Ce sont des connaisseurs d'art, appartenant à des cercles lettrés de Londres, qui rapportent chez eux des chefs d'oeuvres italiens. Ceci créé un lien naturel. L'Italie se trouve transportée à Londres. Les aristocrates londoniens baignent dans cette atmosphère. De ce fait Pascal Paoli va lui aussi fréquenter des artistes, compositeurs, hommes de lettres très connus. Il se trouve introduit dans les cercles les plus distingués. Il fréquente par exemple Samuel Janson qui est un auteur de dictionnaire très célèbre. Pascal Paoli s'intéresse aussi beaucoup à la littérature et à la philosophie et en débat très régulièrement.
Dans ses premières lettres, Pascal Paoli se montre très enthousiaste de l'Angleterre qu'il apprécie pour ses paysages, ses moeurs, le caractère de la population (les anglais étant des gens apaisés) et aussi pour le système constitutionnel de la Grande Bretagne, qui est une démocratie à l'écoute des citoyens.
Pourquoi Pascal Paoli ne s'est-il pas engagé en faveur des rebelles américains? Par fidélité certainement pour la Grande Bretagne qui l'avait reçu et aussi sans doute parce qu'il nourrissait l'espoir que les britanniques allaient changer d'orientation politique vis à vis de Louis XV
1790 voit la fin du premier long exil de Pascal Paoli.
Il repart en Corse à cette date, mais quitte à regret Londres où il avait connu le confort, l'amitié, la reconnaissance...
Il vit en Corse l'épisode de la Révolution. Il connait les amitiés des Bonaparte et de Saliceti qui se délitent en 1793.
Avec le royaume anglo-corse (1794-1796) Pascal Paoli est évincé de la scène politique. On assiste à la montée en puissance de Charles-André Pozzo di Borgo, homme intelligent et très fin qui s'attire les bonnes grâces du vice-roi Elliot.
1795 marque la fin du pouvoir politique de Pascal Paoli. Il connait un nouvel exil. Il est rappelé par le roi George III qui lui concède une pension. Pascal Paoli de retour à Londres veut maintenir son "décoro" et veut être traité avec la dignité qui convient à sa situation. C'est un homme vieillissant, qui n'est plus un chef de guerre, mais un intellectuel et un homme de cour... Il meurt en 1807. Son buste est sculpté par John Flaxman, qui a réalisé un monument de l'amiral Nelson. Une plaque commémorative est apposée dans une nef de l'église qui se trouve au coeur de l'histoire britannique, Westminster. Et cet honneur au vieux général corse mort en exil est loin d'être insignifiant.
Pourquoi est-il parti à Livourne? Deux éléments semblent favorables à ce choix. Le premier est qu'il y a une importante communauté corse à Livourne composée de groupes de personnes fidèles et actives (Rivarola). Il s'y trouve aussi des anglais, surtout des négociants favorables à Pascal Paoli et très défavorables à Choiseul! Le Consul de Grande-Bretagne à Livourne est par exemple très favorable à Pascal Paoli. Cela était du en grande partie à la visite en Corse de James Boswell qui avait écrit une sorte de "best-seller" de l'époque : "Le journal d'un tour de Corse, et mémoires de Pascal Paoli", qui a amplifié la lutte de Pascal Paoli qui représente deux idées fortes : la liberté et la patrie. Boswell est très enthousiaste.
Pascal Paoli est acclamé par la foule lorsqu'il arrive à Livourne. Il passe en Toscane et essaie de voir Frédéric afin d'obtenir une aide. Lorsqu'il arrive en Angleterre, la situation est très complexe. Le roi George III ressent de la gêne vis à vis de Pascal Paoli car celui-ci est un rebelle. Les partisans de la lutte de Pascal Paoli l'ont aidé grâce à une collecte de fonds qui lui ont servi ainsi qu'aux réfugiés corses.
A la même époque en Angleterre, il y a aussi un problème de politique extérieure, on assiste au début de la grogne des colons d'Amérique qui va déboucher sur l'Indépendance.
Pascal Paoli est accueilli par James Boswell et Andrew Burnaby, Consul à Livourne, qui avait effectué un voyage en Corse. James Boswell aidera Pascal Paoli de 1769 jusqu'à la fin. C'est grâce à lui qu'il a eu un buste et une plaque d'ans l'abbaye de Westimster. Pascal Paoli sera témoin, par la signature, au mariage de Boswell en 1769, et il se rendra effectivement en Ecosse en 1771.
Pendant son exil des lettres et correspondances attestent qu'il s'informe de la situation en Corse. Il correspond avec des gens importants. Ainsi, il reçoit une lettre de Catherine II qui lui demande de venir en Russie en 1770 et lui offre un poste important. A Londres, il est reçu par de grands aristocrates qui connaissent un longue tradition de voyages. Ces anglais fortunés et instruits aimaient se rendre en Italie pour de longs mois. L'Italie était une "terre promise" pour l'art, la peinture, la sculpture, la musique, la littérature... Ce sont des connaisseurs d'art, appartenant à des cercles lettrés de Londres, qui rapportent chez eux des chefs d'oeuvres italiens. Ceci créé un lien naturel. L'Italie se trouve transportée à Londres. Les aristocrates londoniens baignent dans cette atmosphère. De ce fait Pascal Paoli va lui aussi fréquenter des artistes, compositeurs, hommes de lettres très connus. Il se trouve introduit dans les cercles les plus distingués. Il fréquente par exemple Samuel Janson qui est un auteur de dictionnaire très célèbre. Pascal Paoli s'intéresse aussi beaucoup à la littérature et à la philosophie et en débat très régulièrement.
Dans ses premières lettres, Pascal Paoli se montre très enthousiaste de l'Angleterre qu'il apprécie pour ses paysages, ses moeurs, le caractère de la population (les anglais étant des gens apaisés) et aussi pour le système constitutionnel de la Grande Bretagne, qui est une démocratie à l'écoute des citoyens.
Pourquoi Pascal Paoli ne s'est-il pas engagé en faveur des rebelles américains? Par fidélité certainement pour la Grande Bretagne qui l'avait reçu et aussi sans doute parce qu'il nourrissait l'espoir que les britanniques allaient changer d'orientation politique vis à vis de Louis XV
1790 voit la fin du premier long exil de Pascal Paoli.
Il repart en Corse à cette date, mais quitte à regret Londres où il avait connu le confort, l'amitié, la reconnaissance...
Il vit en Corse l'épisode de la Révolution. Il connait les amitiés des Bonaparte et de Saliceti qui se délitent en 1793.
Avec le royaume anglo-corse (1794-1796) Pascal Paoli est évincé de la scène politique. On assiste à la montée en puissance de Charles-André Pozzo di Borgo, homme intelligent et très fin qui s'attire les bonnes grâces du vice-roi Elliot.
1795 marque la fin du pouvoir politique de Pascal Paoli. Il connait un nouvel exil. Il est rappelé par le roi George III qui lui concède une pension. Pascal Paoli de retour à Londres veut maintenir son "décoro" et veut être traité avec la dignité qui convient à sa situation. C'est un homme vieillissant, qui n'est plus un chef de guerre, mais un intellectuel et un homme de cour... Il meurt en 1807. Son buste est sculpté par John Flaxman, qui a réalisé un monument de l'amiral Nelson. Une plaque commémorative est apposée dans une nef de l'église qui se trouve au coeur de l'histoire britannique, Westminster. Et cet honneur au vieux général corse mort en exil est loin d'être insignifiant.
Quatrième de couverture
La période d'activité politique de Pascal Paoli concernant son gouvernement de la Corse face à la domination génoise (1755-1769) est bien étudiée et documentée, par les historiens et biographes du chef corse, ainsi que le rôle qu'il a joué pendant la période révolutionnaire, et sous le régime du royaume anglo-corse (1790-1795).
En revanche, les deux séjours que Paoli a effectués en Angleterre, de 1769 à 1790, et de 1795 jusqu'à sa mort survenue en 1807, sont longtemps restés dans l'ombre. On en comprend aisément la raison : à ces moments-là, Paoli n'est plus en position de peser sur les événements, et les Etats pour qui la Corse pourrait représenter un enjeu ne s'intéressent pas au général en exil.
On se propose dans le présent ouvrage de mieux éclairer la "période anglaise" de Paoli en s'appuyant sur sa correspondance, toujours en cours de publication, sur la monumentale édition des "papiers" de James Boswell dirigée par l'Université de Yale, et sur un manuscrit dactylographié inédit d'une historienne anglaise, Mrs Frances Vivian.
On voit que Pascal Paoli était reçu parmi l'élite de la nation anglaise, dans un pays où le roi George III et certains cercles littéraires et aristocratiques lui prodiguèrent un accueil respectueux et généreux; dans un pays où, en définitive, il passa près de la moitié de sa vie.
En revanche, les deux séjours que Paoli a effectués en Angleterre, de 1769 à 1790, et de 1795 jusqu'à sa mort survenue en 1807, sont longtemps restés dans l'ombre. On en comprend aisément la raison : à ces moments-là, Paoli n'est plus en position de peser sur les événements, et les Etats pour qui la Corse pourrait représenter un enjeu ne s'intéressent pas au général en exil.
On se propose dans le présent ouvrage de mieux éclairer la "période anglaise" de Paoli en s'appuyant sur sa correspondance, toujours en cours de publication, sur la monumentale édition des "papiers" de James Boswell dirigée par l'Université de Yale, et sur un manuscrit dactylographié inédit d'une historienne anglaise, Mrs Frances Vivian.
On voit que Pascal Paoli était reçu parmi l'élite de la nation anglaise, dans un pays où le roi George III et certains cercles littéraires et aristocratiques lui prodiguèrent un accueil respectueux et généreux; dans un pays où, en définitive, il passa près de la moitié de sa vie.