José Poggioli et Jean-Baptiste Arena.
Faire de la politique autrement. Ne plus accéder au pouvoir, mais accéder aux responsabilités. Pour Jean-Baptiste Arena et José Poggioli, double tête de liste candidate à l’élection municipale de Patrimoniu, la nuance est d’importance. Elle dépasse largement le cadre habituel d’une simple démarche d’union et d’ouverture. La liste « Una scelta pè l’avvene », qu’ils conduisent ensemble, transcende, comme dans bien d’autres communes, les clivages politiques au nom d’une même volonté d’agir dans l’intérêt général. « Notre démarche d’union est de vouloir faire quelque chose, tous ensemble, chacun avec ses différences et ses atouts. Tout le monde doit arriver à un vivre ensemble dans un même but, sans problème, pour le bien du village », précise, d’emblée, José Poggioli, adjoint au maire, en rupture de ban (cf interview ci-après). La liste, d’ailleurs, entend refléter un nouveau maillage du village et rassembler des compétences diverses.
Une alternance à mi-mandat
Mais le duo va plus loin. Il propose une charte de déontologie avec des engagements bien précis de transparence, de collégialité, d’impartialité, d’intégrité et d’exemplarité. « Nous nous engageons à travailler dans la transparence au service de l’intérêt général. Toute décision du Conseil municipal sera expliquée », poursuit José Poggioli.
Et, surtout, ils innovent en s’engageant sur un partage et une limitation du pouvoir : Jean-Baptiste Arena et José Poggioli alterneront à la tête de la commune à mi-mandat. « C’est une manière de dire que nous ne sommes pas là pour accéder au pouvoir, mais pour accéder aux responsabilités. Nous nous engageons à exercer ces responsabilités en alternance, 3 ans chacun, et à ne pas exercer plus de deux mandats. Nous sommes en train de réaliser un rêve qui a débuté, il y a 15 ans. Nous avons besoin de toutes les forces vives du village pour avancer ensemble et pour bâtir les fondations de l’avenir », enchaîne Jean-Baptiste Arena.
A Via Sancti Martini
Pour cela, les deux candidats fixent plusieurs priorités : améliorer les relations entre les élus et les administrés, faire de l’école un outil d’intégration dans un village en plein essor démographique, sécuriser le réseau routier, protéger l’environnement à travers, notamment, une charte paysagère, environnementale et toponymique, élaborer un PLU (Plan local d’urbanisme), revitaliser les hameaux en créant des logements à loyer modéré, mettre en place des marchés de producteurs… Ils entendent, également, développer le tourisme durable en intégrant la commune dans la Via Sancti Martini, l’itinéraire culturel du Conseil de l’Europe dédié à Saint-Martin de Tours. Cet itinéraire, qui se définit comme une bande verte et citoyenne, passera, dès l’an prochain, par la Corse en faisant de Patrimoniu son pôle de référence. Autre innovation : la création à titre consultatif d’un Conseil des sages pour collecter et conserver les savoirs concernant, notamment, le patrimoine, l’histoire et la toponymie.
Un modèle à promouvoir
« C’est plus qu’un programme, c’est un projet de société qui nous engage sur de nombreuses années », précise Jean-Baptiste Arena. Le public, venu nombreux, a écouté avec attention avant d’interroger les deux candidats, notamment sur la question de la transparence et de la concertation avec les élus. Un souci qui prouve à quel point l’attente de démocratie est importante au sein de la population corse.
Au-delà des enjeux électoraux locaux que les habitants de Patrimoniu jugeront par les urnes, la démarche d’« Una scelta pè l’avvene » initie une nouvelle manière de penser la politique. Ses auteurs espèrent qu’elle servira de modèle dans une île où la captation des pouvoirs est un sport quasi-collectif pour nombre d'élus, où la démocratie n’est, trop souvent, qu’un hochet qu’on agite pour mieux en fouler les principes et où les maires se retrouvent, pour la plupart, coincés entre l’enclume de l’intérêt collectif et le marteau électoral des intérêts très particuliers. Affaire à suivre…
N.M.
« Nous espérons que cet exemple pourra se propager dans toute la Corse »
- Vous êtes adjoint au maire sortant. Pourquoi avez-vous décidé de faire équipe avec Jean-Baptiste Arena ?
- José Poggioli : Rester adjoint du maire sortant ne m’a plus convenu parce que nous n’étions au courant de rien. Le Conseil municipal ne se réunissait que pour entériner les décisions prises à l’avance par le maire. Cette façon de procéder est d’un autre temps ! On ne peut pas continuer à accepter, comme cela, les diktats d’un maire ! Le rôle d’un Conseil municipal est de faire des propositions, de discuter des projets et de voter. Le maire, doit, ensuite, exécuter les décisions. A Patrimoniu, c’est l’inverse : le maire commande, exécute et réalise !
- Pourquoi avez-vous choisi de vous engager sous ce concept d’alternance ?
- Jean-Baptiste Arena : Déjà, pour partager les responsabilités. Ensuite, pour nous mettre des garde-fous parce que le pouvoir corrompt les plus purs. Nous pensons que la classe politique, dans son ensemble, doit commencer à réfléchir à d’autres schémas. Peut-être ce changement doit-il venir de la base, des petites mairies qui peuvent donner l’exemple ? Nous pensons que deux mandatures sont suffisantes. 12 ans, c’est énorme dans une vie ! Ça nous laisse le temps de travailler et de réaliser des projets tout en permettant à la démocratie de vivre et de s’exprimer. D’autres personnes prendront le relais, peut-être dans la continuité pour continuer ce que nous avons entrepris, peut-être pas… En tous cas, cette manière de faire évitera certaines dérives.
- José Poggioli : Ce choix de l’alternance à mi-mandat et de deux mandatures est volontaire et réfléchi. Nous sommes arrivés à la conclusion que le partage de la place de maire est un acte très important. Il nous permet d’avoir un cheminement mental différent. J’espère que cet exemple servira dans d’autres communes et pourra même se propager dans toute la Corse. De toute manière, ce choix va dons le bon sens, celui de la loi du non-cumul des mandats qui vient d’être votée, dans le sens d’une plus grande démocratie, évidemment, participative.
- Vous avez présenté votre programme. Quelle est, pour vous, la priorité ?
- José Poggioli : Pour moi, la priorité, c’est l’école et les réseaux. Le reste viendra obligatoirement.
- Jean-Baptiste Arena : L’école est la priorité parce qu’elle permet de construire le Patrimoniu de demain. Un Patrimoniu qui ne renie pas ses racines, qui ne renie pas ses origines pour mieux les partager avec les nouveaux arrivants Le village compte déjà presque 800 habitants. Il ne faut pas se leurrer : la proximité de Bastia et de Saint-Florent fera exploser la démographie dans les prochaines années. L’école reste le meilleur outil d’intégration, c’est pour cela qu’elle est la locomotive de notre projet.
- Un autre problème crucial pour une commune littorale et touristique comme Patrimoniu est le foncier. Comptez-vous élaborer un PLU ?
- José Poggioli : Tout-à-fait. Elaborer un PLU est, aussi, une priorité. Ce PLU s’intègrera dans le classement du vignoble qui est en cours. Le village, qui est une région urbanisée, a été exclu de ce classement. Notre objectif est de maîtriser l’emprise foncière et de privilégier un développement raisonné et harmonieux. Nous allons appliquer la loi littorale et créer une zone d’aménagement différée (ZAD) qui nous donnera un droit de préemption sur les terrains en vente.
- Jean-Baptiste Arena : Nous élaborerons un PLU de concert avec le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse). Il faudra avoir le courage politique de classer certaines terres. L’une des raisons de notre engagement à ne pas dépasser deux mandatures est de nous donner la possibilité de faire certaines choses. Un maire, qui doit penser sans cesse à sa réélection, ne pourra pas, n’aura pas le courage de dire « Non » à certaines personnes et à certains projets.
- Vous êtes adjoint au maire sortant. Pourquoi avez-vous décidé de faire équipe avec Jean-Baptiste Arena ?
- José Poggioli : Rester adjoint du maire sortant ne m’a plus convenu parce que nous n’étions au courant de rien. Le Conseil municipal ne se réunissait que pour entériner les décisions prises à l’avance par le maire. Cette façon de procéder est d’un autre temps ! On ne peut pas continuer à accepter, comme cela, les diktats d’un maire ! Le rôle d’un Conseil municipal est de faire des propositions, de discuter des projets et de voter. Le maire, doit, ensuite, exécuter les décisions. A Patrimoniu, c’est l’inverse : le maire commande, exécute et réalise !
- Pourquoi avez-vous choisi de vous engager sous ce concept d’alternance ?
- Jean-Baptiste Arena : Déjà, pour partager les responsabilités. Ensuite, pour nous mettre des garde-fous parce que le pouvoir corrompt les plus purs. Nous pensons que la classe politique, dans son ensemble, doit commencer à réfléchir à d’autres schémas. Peut-être ce changement doit-il venir de la base, des petites mairies qui peuvent donner l’exemple ? Nous pensons que deux mandatures sont suffisantes. 12 ans, c’est énorme dans une vie ! Ça nous laisse le temps de travailler et de réaliser des projets tout en permettant à la démocratie de vivre et de s’exprimer. D’autres personnes prendront le relais, peut-être dans la continuité pour continuer ce que nous avons entrepris, peut-être pas… En tous cas, cette manière de faire évitera certaines dérives.
- José Poggioli : Ce choix de l’alternance à mi-mandat et de deux mandatures est volontaire et réfléchi. Nous sommes arrivés à la conclusion que le partage de la place de maire est un acte très important. Il nous permet d’avoir un cheminement mental différent. J’espère que cet exemple servira dans d’autres communes et pourra même se propager dans toute la Corse. De toute manière, ce choix va dons le bon sens, celui de la loi du non-cumul des mandats qui vient d’être votée, dans le sens d’une plus grande démocratie, évidemment, participative.
- Vous avez présenté votre programme. Quelle est, pour vous, la priorité ?
- José Poggioli : Pour moi, la priorité, c’est l’école et les réseaux. Le reste viendra obligatoirement.
- Jean-Baptiste Arena : L’école est la priorité parce qu’elle permet de construire le Patrimoniu de demain. Un Patrimoniu qui ne renie pas ses racines, qui ne renie pas ses origines pour mieux les partager avec les nouveaux arrivants Le village compte déjà presque 800 habitants. Il ne faut pas se leurrer : la proximité de Bastia et de Saint-Florent fera exploser la démographie dans les prochaines années. L’école reste le meilleur outil d’intégration, c’est pour cela qu’elle est la locomotive de notre projet.
- Un autre problème crucial pour une commune littorale et touristique comme Patrimoniu est le foncier. Comptez-vous élaborer un PLU ?
- José Poggioli : Tout-à-fait. Elaborer un PLU est, aussi, une priorité. Ce PLU s’intègrera dans le classement du vignoble qui est en cours. Le village, qui est une région urbanisée, a été exclu de ce classement. Notre objectif est de maîtriser l’emprise foncière et de privilégier un développement raisonné et harmonieux. Nous allons appliquer la loi littorale et créer une zone d’aménagement différée (ZAD) qui nous donnera un droit de préemption sur les terrains en vente.
- Jean-Baptiste Arena : Nous élaborerons un PLU de concert avec le PADDUC (Plan d’aménagement et de développement durable de la Corse). Il faudra avoir le courage politique de classer certaines terres. L’une des raisons de notre engagement à ne pas dépasser deux mandatures est de nous donner la possibilité de faire certaines choses. Un maire, qui doit penser sans cesse à sa réélection, ne pourra pas, n’aura pas le courage de dire « Non » à certaines personnes et à certains projets.
La liste « Una scelta pè l’avene »
Aux côtés de Jean-Baptiste Arena et José Poggioli : Thérèse Andreani, Audrey Grossi, Marie-Christine Luciani, M-Dominique Moroni, Yves Andreani, Gérard Bernard, Emilie Delaire, Brigitte Olmeta, Emmanuelle Olmeta, Monique Preziosi, David Demoro, Castrenze Di Maggio et François Fratacci.