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Plan de gestion des déchets : Ecologia sulidaria dénonce « la négation des engagements nationalistes »


Nicole Mari le Mardi 25 Avril 2023 à 20:13

La dernière mouture du Plan territorial de prévention et de gestion des déchets (PTPGD) sera présentée à la session de l’Assemblée de Corse qui se tiendra les 27 et 28 avril. Il entérine la création d’un ou deux centres de tri multifonctions et la valorisation énergétique à travers les CSR. Le mouvement écologiste corse, Ecologia sulidaria, dénonce, dans un communiqué, l’échec de l’Exécutif corse à défendre ses fondamentaux et la prise en main du traitement des déchets par les opérateurs privés.



Photo CNI.
Photo CNI.
« De la part d’une majorité nationaliste, qui aurait pu l’imaginer ? ». C’est le cri du cœur du mouvement écologiste corse, Ecologia sulidaria, devant la dernière mouture du Plan territorial de gestion des déchets (PTPGD) qui sera présentée en fin de semaine à l’Assemblée de Corse. Un nouveau rapport d’étape sur l’état d’avancement de la procédure d’approbation dudit Plan avant son adoption définitive en fin d’année 2023 ou début 2024. Et un long chemin de croix sur un dossier difficile et épineux, champ de bataille de trajectoires politiques et d’intérêts économiques fort divergents. Le Plan territorial, qui pose comme principe premier « la gestion publique des déchets » et comme priorité « le tri à la source », fixe des orientations stratégiques comme le rôle majeur des EPCI, l’économie circulaire, la valorisation des biodéchets, la territorialisation des unités de traitement et de valorisation, l’ouverture de nouveaux centres de stockage de déchets ultimes et la création d’un ou deux centres de tri multifonctions (TMB) qui, précise le rapport « rendent possible la préparation de CSR (combustibles solides de récupération) pour les déchets qui n’ont pu être recyclés dans les conditions techniques et économiques du moment ». Les CSR, déchets résiduels du surtri, sont essentiellement des plastiques non recyclables. Et c’est là que le bât blesse pour Ecologia sulidaria qui, totalement opposé aux TMB et aux CSR, ne cache pas son étonnement. Dans un communiqué, les Verts corses expriment leurs « vives inquiétudes sur la prise en main complète de nos déchets par le secteur privé, et le projet d'incinération des CSR issus de centres de Tri mécano biologique, engageant ainsi notre île bien loin des systèmes les plus performants et économiques de gestion des déchets ».

Un déni de réalité
Ecologia Sulidaria, dont la chef de file, Agnès Simonpietri, a eu en charge l’élaboration du Premier Plan lors de la première mandature nationaliste 2016-2017, rappelle que : « La majorité territoriale a toujours défendu le principe d’une gestion publique des déchets basée sur le tri à la source, le refus de l’incinération, la maitrise financière pour les contribuables ». Dans sa ligne de mire : la construction par le Syvadec des deux centres de surtri de Monte et d’Aiacciu sous maîtrise privée, malgré l’opposition affichée de l’Exécutif nationaliste. « L’Exécutif réaffirme, comme une litanie, sa volonté de gestion publique des déchets, mais la réalité est exactement inverse ! », assènent les Verts corses. Et d’expliquer : « Le transport des déchets en vrac des quais de transfert vers les sites de stockage est déjà aux mains du privé. L’Exécutif a-t-il demandé au Syvadec une étude sur une régie publique de transport qui pourrait casser les monopoles et les prix ? L’enfouissement des déchets est aussi privé : STOC pour le Fium’orbu, Lanfranchi pour Vighjaneddu. Pour la construction et la gestion des centres de surtri dits « multifonctions », en réalité du Tri mécano biologique avec incinération, les appels d’offres ont déjà été lancés – avant même la promulgation du Plan - et il n’a jamais été question de construction et gestion sous maîtrise publique ; ils sont déjà en cours d’attribution à des consortium d’entreprises du secteur ! ». Donc affirmer à ce stade le principe de gestion publique des déchets est, tout simplement pour les Verts, « un déni de la réalité. De fait, nos déchets sont déjà aux mains des opérateurs privés sur toute la filière, et la décision de l’Exécutif d’entériner les centres de tri « multifonctions » conforte une fois de plus leur mainmise, et en conséquence les risques de dérive ».
 
L’échec nationaliste
Les Verts corses estiment que les centres de tri multifonctions bafouent les fondamentaux sur lesquels les Nationalistes ont été élus : « dès 2007, ils ont combattu l’incinération en raison des graves dangers qu’elle entraîne pour la santé et l’environnement. Aujourd’hui, quel que soit le nom utilisé – incinération, brûlage de Combustibles solides de récupération - les rejets du brûlage des déchets résiduels (mâchefers, Refiom, fumées) restent toujours aussi dangereux. Et aussi coûteux ! Quel sera le prix des chaudières, qui s’ajoutera à celui déjà exorbitant des centres de tri ? ». Et d’ajouter : « Diminuer les volumes résiduels en créant de nouvelles formes de pollution n’a pas de sens ». Les Verts taclent la lenteur dans la mise en place du tri à la source. « Pour les biodéchets, c’est une incantation depuis 10 ans : les trier à la source est désormais une obligation, mais on peine encore à écarter de l’enfouissement 10 % du gisement ! ». Pour y remédier, l’Exécutif corse, a proposé, en octobre dernier, d’aider financièrement les intercommunalités qui s’engagent dans le tri à la source et la diminution des biodéchets, à travers des conventions d’objectifs et de moyens. Néanmoins, Ecologia Sulidaria affirme que « Par ces centres de « surtri », le futur Plan entérine l’échec de l’Exécutif à imposer à certains EPCI et au Syvadec la vision qui était la sienne et qui réussit pourtant de façon remarquable si près de nous, en Toscane et en Sardaigne, avec des taux de tri supérieurs à 70 % ». Et de conclure qu’il s’agit « comme on l’a toujours fait, de mettre les déchets sous le tapis, pour pouvoir continuer sans entraves le développement du tourisme et la consommation tous azimuts. Avec la bénédiction de l’Etat et au plus grand profit des opérateurs privés ».