Seule représentante de Nazione à l'Assemblée de Corse, Josepha Giacometti ne participera pas au dîner à Beauvau lundi prochain, lors duquel Gérald Darmanin doit présenter sa propre copie afin de "conclure" le processus de Beauvau (Photo : Archives CNI)
- Après des mois de négociations, dans une interview accordée à nos confrères de Corse Matin en fin de semaine dernière, Gérald Darmanin affirme qu’il est temps de conclure le processus de Beauvau et annonce qu’il présentera prochainement sa propre proposition de texte aux élus corses. Une déconvenue ?
- C'est un piège qui se referme. Depuis le début, si nous écoutions bien les différents propos du ministre de l'Intérieur et du Président de la République, la vision de ce processus pour l'État français était une vision a minima de l’évolution de la Corse y compris dans un cadre constitutionnel, sauf pour ceux qui ne voulaient pas l'entendre. Conjuguée à cela, la stratégie de la majorité territoriale a été de répondre systématiquement à toutes les injonctions de Paris et à ne pas opposer un véritable rapport de force politique. Elle s'est laissée imposer des calendriers, des ordres du jour, des dates de rendu de copies par deux fois. Je ne suis pas particulièrement attaché à la délibération du 5 juillet, mais elle a été balayée par le Président de la République française lors de sa venue le 26 septembre dernier. Là aussi, qu'est-ce que la majorité a proposé dans le cadre de la conférence des présidents ? Cela a été d'aller rechercher un consensus au plus petit dénominateur commun. Tous ceux qui ont participé à la conférence des présidents, et c'est leur droit, l'ont fait dans le sens d'essayer d'aboutir à un texte commun, tout en disant que chacun ne voulait pas renier ses bases. Or, la recherche de ce texte a conduit à ce qu’aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur français n'attende même pas de ramasser la copie, il dit, selon son expression, « il faut conclure » et il propose son propre texte. Je dirais que nous sommes au bout de la stratégie.
- Afin de présenter ce texte aux élus de la Corse, un dîner est prévu le 26 février prochain à Beauvau. Participerez-vous à cette réunion ?
- Pour l'instant, je suis invitée par le biais de l’interview à Corse Matin. Si je lis les propos du ministre de l'Intérieur, lors de ce repas il va nous proposer son texte donc qui sera éventuellement amendable, donc sa copie sur laquelle on pourra faire quelques remarques là, et puis il vérifiera si nous avons bien atteint le consensus, au mépris total du fait démocratiquement exprimé par les Corses depuis 2015. Pour ma part, je ne participerai pas à un dîner mondain ayant pour objectif de nous entraîner à marche forcée dans un consensus mou au plus petit dénominateur commun.
- Selon vous, le fait d’imposer le départ la recherche d’un consensus mettait-il dès le départ du plomb dans l’aile du processus, tant on sait que les intérêts peuvent être antinomiques entre les revendications portées par le courant nationaliste et la position de la droite d’Un Soffiu Novu ?
- Je pense qu'on s'est effectivement laissé enfermer. Où dans une démocratie demande-t-on l'unanimité ? Une démocratie c’est le respect du fait minoritaire, mais surtout la mise en œuvre du fait majoritaire. Mais c'était à la majorité territoriale de faire respecter l'Assemblée de Corse comme étant la matrice, puisque je le rappelle c’est le ministre qui lundi va nous donner sa copie. Les institutions de la Corse ne sont pas respectées, loin de là, le ministre décidant de qui il va inviter ou qui il n'invite pas. Il y a une responsabilité de l'État, elle est évidente, c'est la vision qu'il a toujours eue l'État de ce pseudoprocessus, mais il y aussi la façon dont on a conduit les choses au cours Grandval. La recherche du consensus au plus petit dénominateur commun est un piège dans lequel l'État a voulu faire tomber ceux qui y ont participé. Parce que pour ma part, je crois qu'avoir toujours eu une position constante. D'ailleurs, ces derniers temps, j'ai pris acte du fait de ne pas être conviée à la conférence des présidents, peut-être parce qu’effectivement ma présence gêne la recherche d’un consensus au plus petit dénominateur commun. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas négocier, mais qu'à un moment donné, on doit négocier sur un socle fort. On ne peut pas descendre en dessous de ce que les Corses ont démocratiquement exprimé et de ce pour quoi 70 % des gens qui composent cet hémicycle ont été mandatés. Mais malheureusement, depuis le début de ce processus, on a exclu cela. Il y a un peu une illusion dans les propos qui continuent à parler de solution politique, de reconnaissance du peuple corse, de co-officialité, ou de pouvoir législatif sans lequel il n'existe pas d'autonomie. Quand j'écoute le Président de la République française en septembre, quand je lis les propos du Premier ministre Attal en réponse à Michel Castellani, quand je lis l'interview de Gérald Darmanin, moi, ce n'est pas tout à fait ce que j'entends, et de plus et c’est ce qui a été exclu finalement depuis le début de ces pseudonégociations.
- Pour vous, l’échec du processus de Beauvau est donc acté ?
- On voudrait nous désigner comme les oiseaux de mauvais augure, se félicitant de l'échec annoncé, mais nous restons pour notre part attachés à une vraie solution politique. Je crois qu'il est temps aujourd'hui de redresser la barre. Est-ce qu'aujourd'hui on est prêt à poser les bases d'un rapport de force politique, en rappelant ce qu'a été la volonté exprimée par les Corses, quel est le contenu de cette solution politique, et de dire voilà ce que nous voulons ? Nous, si c'est cela, nous avons toujours été au rendez-vous de la recherche d'une solution politique. Si c'est la recherche d'un consensus mou, qu'on essayera de vendre aux Corses comme étant la réussite et un statut d'autonomie, ça non. Nous ne participons pas aux illusions, mais voulons participer à la construction d'une solution politique. L'objectif, ce n'est pas de se féliciter de l'échec ou de désigner les coupables de l'échec. L'objectif, c'est de poser les bases d'une solution politique. Alors oui, le piège s'est refermé, oui il est de la responsabilité partagée et conjuguée de l'État et de la façon dont la majorité territoriale a porté les choses, mais non, il ne faut pas se contenter de dire cela. Il faut ouvrir des perspectives pour la recherche d'une véritable solution politique.
- C'est un piège qui se referme. Depuis le début, si nous écoutions bien les différents propos du ministre de l'Intérieur et du Président de la République, la vision de ce processus pour l'État français était une vision a minima de l’évolution de la Corse y compris dans un cadre constitutionnel, sauf pour ceux qui ne voulaient pas l'entendre. Conjuguée à cela, la stratégie de la majorité territoriale a été de répondre systématiquement à toutes les injonctions de Paris et à ne pas opposer un véritable rapport de force politique. Elle s'est laissée imposer des calendriers, des ordres du jour, des dates de rendu de copies par deux fois. Je ne suis pas particulièrement attaché à la délibération du 5 juillet, mais elle a été balayée par le Président de la République française lors de sa venue le 26 septembre dernier. Là aussi, qu'est-ce que la majorité a proposé dans le cadre de la conférence des présidents ? Cela a été d'aller rechercher un consensus au plus petit dénominateur commun. Tous ceux qui ont participé à la conférence des présidents, et c'est leur droit, l'ont fait dans le sens d'essayer d'aboutir à un texte commun, tout en disant que chacun ne voulait pas renier ses bases. Or, la recherche de ce texte a conduit à ce qu’aujourd'hui, le ministre de l'Intérieur français n'attende même pas de ramasser la copie, il dit, selon son expression, « il faut conclure » et il propose son propre texte. Je dirais que nous sommes au bout de la stratégie.
- Afin de présenter ce texte aux élus de la Corse, un dîner est prévu le 26 février prochain à Beauvau. Participerez-vous à cette réunion ?
- Pour l'instant, je suis invitée par le biais de l’interview à Corse Matin. Si je lis les propos du ministre de l'Intérieur, lors de ce repas il va nous proposer son texte donc qui sera éventuellement amendable, donc sa copie sur laquelle on pourra faire quelques remarques là, et puis il vérifiera si nous avons bien atteint le consensus, au mépris total du fait démocratiquement exprimé par les Corses depuis 2015. Pour ma part, je ne participerai pas à un dîner mondain ayant pour objectif de nous entraîner à marche forcée dans un consensus mou au plus petit dénominateur commun.
- Selon vous, le fait d’imposer le départ la recherche d’un consensus mettait-il dès le départ du plomb dans l’aile du processus, tant on sait que les intérêts peuvent être antinomiques entre les revendications portées par le courant nationaliste et la position de la droite d’Un Soffiu Novu ?
- Je pense qu'on s'est effectivement laissé enfermer. Où dans une démocratie demande-t-on l'unanimité ? Une démocratie c’est le respect du fait minoritaire, mais surtout la mise en œuvre du fait majoritaire. Mais c'était à la majorité territoriale de faire respecter l'Assemblée de Corse comme étant la matrice, puisque je le rappelle c’est le ministre qui lundi va nous donner sa copie. Les institutions de la Corse ne sont pas respectées, loin de là, le ministre décidant de qui il va inviter ou qui il n'invite pas. Il y a une responsabilité de l'État, elle est évidente, c'est la vision qu'il a toujours eue l'État de ce pseudoprocessus, mais il y aussi la façon dont on a conduit les choses au cours Grandval. La recherche du consensus au plus petit dénominateur commun est un piège dans lequel l'État a voulu faire tomber ceux qui y ont participé. Parce que pour ma part, je crois qu'avoir toujours eu une position constante. D'ailleurs, ces derniers temps, j'ai pris acte du fait de ne pas être conviée à la conférence des présidents, peut-être parce qu’effectivement ma présence gêne la recherche d’un consensus au plus petit dénominateur commun. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas négocier, mais qu'à un moment donné, on doit négocier sur un socle fort. On ne peut pas descendre en dessous de ce que les Corses ont démocratiquement exprimé et de ce pour quoi 70 % des gens qui composent cet hémicycle ont été mandatés. Mais malheureusement, depuis le début de ce processus, on a exclu cela. Il y a un peu une illusion dans les propos qui continuent à parler de solution politique, de reconnaissance du peuple corse, de co-officialité, ou de pouvoir législatif sans lequel il n'existe pas d'autonomie. Quand j'écoute le Président de la République française en septembre, quand je lis les propos du Premier ministre Attal en réponse à Michel Castellani, quand je lis l'interview de Gérald Darmanin, moi, ce n'est pas tout à fait ce que j'entends, et de plus et c’est ce qui a été exclu finalement depuis le début de ces pseudonégociations.
- Pour vous, l’échec du processus de Beauvau est donc acté ?
- On voudrait nous désigner comme les oiseaux de mauvais augure, se félicitant de l'échec annoncé, mais nous restons pour notre part attachés à une vraie solution politique. Je crois qu'il est temps aujourd'hui de redresser la barre. Est-ce qu'aujourd'hui on est prêt à poser les bases d'un rapport de force politique, en rappelant ce qu'a été la volonté exprimée par les Corses, quel est le contenu de cette solution politique, et de dire voilà ce que nous voulons ? Nous, si c'est cela, nous avons toujours été au rendez-vous de la recherche d'une solution politique. Si c'est la recherche d'un consensus mou, qu'on essayera de vendre aux Corses comme étant la réussite et un statut d'autonomie, ça non. Nous ne participons pas aux illusions, mais voulons participer à la construction d'une solution politique. L'objectif, ce n'est pas de se féliciter de l'échec ou de désigner les coupables de l'échec. L'objectif, c'est de poser les bases d'une solution politique. Alors oui, le piège s'est refermé, oui il est de la responsabilité partagée et conjuguée de l'État et de la façon dont la majorité territoriale a porté les choses, mais non, il ne faut pas se contenter de dire cela. Il faut ouvrir des perspectives pour la recherche d'une véritable solution politique.