L’été 2022 aura été la parfaite piqûre de rappel : l’eau est une ressource essentielle. Sa gestion l’est tout autant. Pourtant, chaque année, des millions de mètres cubes se perdent dans les réseaux de canalisations. Notamment ceux de l’eau potable.
Comme chaque année depuis 2009, l’Observatoire national des services d’eau et d'assainissement, qui dépend de l’Office français de la biodiversité (OFB), dresse le bilan des services et de leur performance. Selon le document 2022, qui concerne les données de 2020, “à l’échelle de la France entière, les pertes par fuite annuelles représentent près d'un milliard de mètres cubes, l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 18,5 millions d’habitants”. Soit 20 % du volume d’eau potable perdu sur tout le territoire national. Sur 5 litres injectés dans le réseau, 1 litre n’arrive jamais jusqu’au robinet des consommateurs.
Un chiffre à revoir à la hausse sur l’île de beauté. Surtout en Haute-Corse où le rapport est plutôt de 1 sur 3.
Venzolasca championne de France de la perte d’eau potable
La Haute-Corse occupe le haut du classement des départements où les fuites sont les plus importantes par rapport à l’eau potable injectée dans le réseau avec 32,2 % de pertes. À quelques points des Alpes-de-Haute-Provence et ses 36,2 % mais aussi de la Guadeloupe et de ses 43,3 % qui trônent au sommet du classement.
Selon les données de ce même rapport, sur toutes les communes, intercommunalités et syndicats mixtes français ayant fourni des données, Venzolasca est celle qui souffre le plus des fuites sur son réseau d’eau potable en 2020. Elle perdrait 122,70 m³ par km de réseau et par jour. Quelques places derrière, les communes de Rutali et de Pietra-di-Verde se trouvent à la 17e et 18e place, suivies, 20 places plus loin, de la commune de Brando.
Un réseau vétuste
En 2019, la Corse était la région avec le taux moyen de renouvellement du réseau d’eau potable le plus haut de France avec environ 1%. Les nouvelles conduites doivent donc durer 100 ans. C’est presque l’âge moyen du réseau déjà en place.
Comme pour une grande partie du territoire national, le réseau d’eau potable corse a plus de 50 ans en moyenne. Matériaux inappropriés, absence de cartographie, connaissance approximative du réseau, conduites délabrées, corrosion. Les causes des fuites sont nombreuses et la seule solution à long terme est le renouvellement et la modernisation du réseau. Une opération qui a un coût.
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Chaque kilomètre de canalisation renouvelé peut coûter entre 150 et 450 000 euros d’investissement, voire beaucoup plus lorsque l’opération est en plein centre urbain.
La loi NOTRe pour seule réponse ?
La problématique impacte plus les petites communes rurales. Elles n’ont pas toujours les moyens d’investir des millions d’euros tous les ans pour renouveler leur réseau et se contentent de chasser la fuite et de la boucher.
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Si certaines d’entre elles ont déjà sauté le pas en confiant la compétence aux intercommunalités auxquelles elles sont rattachées, toutes devront le faire obligatoirement en 2026. Comme le prévoit la loi NOTRe (Nouvelle Organisation Territoriale de la République), votée en 2015.
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De quoi avoir une force de frappe financière plus importante. En contrepartie, certaines communes seront privilégiées en termes chronologiques.