Corse Net Infos - Pure player corse

Quelles formations professionnelles quand on vit dans l’Extrême-Sud ?


le Lundi 14 Octobre 2024 à 15:22

Vendredi, la Mission locale de Porto-Vecchio organisait la 5e édition du « Forma Game », un événement qui recense les opportunités de formations dans une micro-région qui se situe à deux heures et demie de route de Bastia ou d’Ajaccio, les principaux pôles de formation professionnalisante en Corse.



Organisé par la Mission locale de Porto-Vecchio, le Forma Game met en relation les organismes de formation avec un public jeune en recherche de qualifications.
Organisé par la Mission locale de Porto-Vecchio, le Forma Game met en relation les organismes de formation avec un public jeune en recherche de qualifications.
« Monter à Ajaccio ou à Bastia, ça les démotive et ils arrêtent. » C’est le constat qu’a pu faire Fatima Chiker, responsable de l’offre de formations à l’antenne porto-vecchiaise de l’Institut de formation et recherche en travail social, médico-social et sanitaire (IFRTS). Alors même que le lycée de Porto-Vecchio délivre un bac professionnel Accompagnement, soins et services à la personne (ASSP), les lycéens diplômés ne poursuivent pas forcément dans ce secteur d'activité car « à la sortie, il n’y a pas de continuité... », regrette la formatrice. Pourtant, à Porto-Vecchio, « le secteur médico-social est sous tension » et les offres d’emploi ne manquent pas. Mais depuis l’an dernier, l’IFRTS a ouvert deux nouvelles formations qui débouchent sur un diplôme d’État d’auxiliaire de puériculture ou d’aide-soignant, en alternance, « pour ne pas concurrencer les formations initiales bastiaises et ajacciennes », explique Fatima Chiker.

"Raccrocher le wagon"

Adjoint au maire de Porto-Vecchio et trésorier de la Mission locale, Vincent Gambini connaît les besoins en matière de formation locale : « On a ici à Porto-Vecchio un taux de décrochage scolaire qui est important. On a la responsabilité d’offrir des perspectives à tous ces jeunes qu’on ne connaît pas forcément. Je parle des invisibles : ceux qui ne suivent pas de formation actuellement, qui n’ont pas d’emploi ou qui ne sont pas qualifiés. » C’est pour que ces « invisibles » se rendent visibles que le Forma Game a été conçu. Vendredi, ils ne furent guère qu’une petite quinzaine à franchir les portes de l’Alta Game, où était organisé l’événement. « C’est toujours ça de pris, relativise Vincent Gambini. Ces jeunes vont pouvoir raccrocher le wagon. A la Mission locale, on accompagne plus de 1 000 jeunes sur le territoire. »

Principale structure de formation dans l’Extrême-Sud, l’AFPA se dit soucieuse de coller à « la force de travail du territoire », souligne Sophie Tomasini, formatrice. Autrement dit, le tourisme et l’hôtellerie. Cette année, une nouvelle formation d’accompagnateur et guide touristique va voir le jour à Porto-Vecchio.  Parmi les autres formations dispensées : barman, connaissance des vins ou de la cuisine corse, gouvernant en hôtellerie, réceptionniste, conciergerie... Hors métiers propices à la saisonnalité, l’AFPA forme aux métiers du tertiaire (secrétaire, comptable, assistant de vie aux famille…). Autre secteur d’activité qui a le vent en poupe à Porto-Vecchio : le BTP. « Ca constitue une bonne partie de notre clientèle », reconnaît Alexandre Terrazzoni, le directeur de TAC Formation. Son organisme ne forme pas directement aux métiers du bâtiment, mais à la sécurité au travail, qui entoure principalement ce type d’activité : « Dans 90 % des cas, ce sont les employeurs qui inscrivent leurs employés, car ils ont l’obligation de les former à la sécurité. »

Pré-incubateur

Au collège Léon-Boujot de Porto-Vecchio, a lieu une formation gratuite qui a la cote : l’apprentissage du français langue étrangère (FLE). « On voit qu’il y a, à Porto-Vecchio, un problème de main d’oeuvre durant la saison », note Valérie Mondoloni, agent administratif du GRETA, l’organisme qui dispense la formation. Pour ces formations FLE, elle dénombre actuellement « une cinquantaine de personnes » sur liste d’attente. » Ces personnes viennent « d’Afrique noire, d’Europe de l’Est, d’Afrique subsaharienne, du Portugal ou de Sardaigne », précise Valérie Mondoloni. « Comme il y a du travail ici, à pourvoir immédiatement, elles viennent en Corse, même si derrière, elles doivent loger dans de mauvaises conditions. L’été, elles travaillent et l’hiver, elles en profitent pour apprendre le français, en vue de se perfectionner pour la saison suivante. »

Kedge Corsica, le pôle formation de la Chambre de commerce et d’industrie, lancera en début d’année prochaine un pré-incubateur à Porto-Vecchio, en partenariat avec Sud Corse Cowork. Il s’agit d’un parcours d’accompagnement à la création d’entreprise, d’une durée de six mois. « Il y aura un atelier par mois, durant lesquels les porteurs de projet échangeront, sous la forme d’un brainstorming, explique Nicolas Girolami, chargé de développement commercial à la CCI. Le but, c’est de pouvoir passer de l’idée au projet. » Un incubateur existe déjà à Bastia, mais la CCI a identifié des besoins précis à Porto-Vecchio, au regard de la forte saisonnalité de l’emploi : « On voit très bien qu’il y a un manque, ici. Des jeunes sortent du bac, prennent un travail de saisonnier pendant trois mois et puis en octobre, ils se retrouvent sans rien... »

Si les Porto-Vecchiais en quête de nouvelles qualifications ne peuvent pas se rendre à Ajaccio ou à Bastia, c’est la formation qui, parfois, vient à eux. Le campus AgriCorsica propose ainsi des sessions de formation courte : « Ca peut être dans la viticulture, le domaine environnemental ou l’accueil en milieu rural », énumère Justine Tauvel, formatrice. Dès que la demande est suffisante, un groupe de formation est constitué, et des dates fixées. Sur le même principe, la fédération sportive Ufolep délivre des cours à la demande, avec la clé un certificat de qualification professionnelle d’animateur de loisir sportif. Ce certificat permet d’encadrer la pratique du sport dans les écoles, les centres aérés, les établissements pour personnes âgées, les équipements municipaux, les associations et clubs sportifs. Et la demande est forte à Porto-Vecchio dans ce secteur d'activité...