Retraites : à Ajaccio, le député RN Laurent Jacobelli dénonce "une réforme injuste, inhumaine et iinutile"

- Quelle est la position du RN sur la réforme des retraites ? 
Laurent Jacobelli : Face à une réforme injuste, inhumaine et surtout inutile, nous y sommes opposés et nous nous battons à l’Assemblée nationale pour que jamais cette réforme ne passe. C’est pour cela que nous avons déposé une motion référendaire qui sera votée lundi pour que les Français puissent se prononcer. In fine, c’est leur système social qui est en cause, une programmation de casse sociale et elle ne peut se faire sans les Français. 

- La motion référendaire déposée par le RN qui vise à soumettre la réforme aux suffrages des Français par voie de référendum sera débattue lundi prochain à l’Assemblée. Pensez-vous que la gauche votera une proposition de l'extrême droite qui rejoint la sienne ? 
- La gauche tartuffe qui dépose tellement d’amendements que l’on ne pourra même pas étudier le projet à l’Assemblée nationale a ses limites. Cette gauche qui, dans la rue, dit avec Jean-Luc Mélenchon qu’il faut absolument voter la motion référendaire de la Nupes mais pas celle du RN. Cette gauche est le meilleur allié du Président Macron et qui, par sa violence verbale et son incapacité à agir, lui déroule le tapis rouge. 

- Discret dans les cortèges contre la réforme des retraites, le RN mise sur l'Assemblée nationale pour se faire entendre ? 
- Il y a un front du refus et toutes les volontés doivent être mobilisées. Si les syndicats font grève, c’est leur façon à eux de dire qu’ils sont contre cette réforme. Les Français qui défilent dans la rue expriment le même mécontentement. Nous autres, parlementaires, faisons le travail à l’Assemblée nationale, mais je crois que ce front du refus est nécessaire. Il faut partout et toujours répéter que cette réforme va casser des Français qui ont travaillé toute leur vie alors qu’ils pourraient aspirer à vivre des jours heureux. 


- Des députés RN ont appelé jeudi à poursuivre la mobilisation. Jusqu’où et avec quels moyens ? Faut-il durcir en bloquant le pays s’il le faut ? 
- On a deux limites. D’abord la légalité bien évidemment et tout ce qui est coupure d’électricité sauvage, casse, attaque de policiers. Nous y sommes opposés tout comme au blocage. Les Français sont les premiers qui vont souffrir de la réforme des retraites, il ne faudrait pas leur infliger une double peine. Il convient de rester dans le raisonnable comme cela a été le cas jusqu’ici. Le message passe et il passe dans le respect des règles de notre République. 

- Quelles sont vos propositions concrètement ? 
- Pour nous, la retraite est plus qu’une histoire de calculettes ! C’est une histoire de vie après le travail. Plus on a travaillé jeune, plus tôt on part. À l’âge de 62 ans et 42 annuités au maximum.Cela permet de reconnaître la pénibilité et d’avoir une carrière pleine. C’est tout à fait finançable et nos caisses sont d’ailleurs en excédent et une vie heureuse au terme de cette carrière.

 

 

- Au niveau national, le RN se fait rare et discret dans les cortèges en raison, sans doute, d’une certaine hostilité des syndicats. Qu’en est-il en Corse ?
- Francois Filoni : J’ai, pour ma part, participé à tous les défilés ici et je n’ai rencontré aucun problème. Je respecte les syndicats et j’y vais en tant que syndicaliste. Aujourd’hui, nous sommes sur le terrain politique et je suis là pour donner les explications sur les retraites. Il faut prendre en compte que 13 millions de personnes ont voté pour Marine Le Pen lors des Présidentielles, 58 % des votants en Corse, on fait normalement grossir les rangs des manifestants en Corse comme ailleurs.

- La Corse est la région la plus pauvre de France. Quelle seraient, selon vous, les conséquences de cette réforme dans l’île ?
- Cette réforme serait catastrophique pour la Corse ! Nous avons les salaires les plus bas de France, donc les cotisations les plus basses pour les caisses de retraite. Il n’y aura pas de compensation pour la Corse, dixit Gérald Darmanin. Cela signifie que si la Corse est autonome ce sera une autonomie pleine et entière. Où allons-nous prendre l’argent pour payer les retraites ?

- Peut-on parler de spécificité corse par rapport aux retraites ?
- Bien sûr dans la mesure où notre ile est vieillissante. Aujourd’hui, nous avons beaucoup de retraités et peu d’actifs. En outre, les actifs qui travaillent sont dans l’uberisation et beaucoup ne sont pas déclarés. A cela s’ajoute la concurrence déloyale effectuée par des entreprises venues d’ailleurs qui prennent le travail ici mais ne cotisent pas chez nous.

- Quelles seraient, selon vous, les meilleures propositions pour la Corse ?
- La Corse doit rester dans le régime de l a solidarité nationale. D’autant, contrairement à ce que dit le Gouvernement, que le compte administratif de la caisse de retraite laisse apparaître un excédent de 4,1 milliard d’euros pour 2021 et 2022. Tout ce qui est avancé n’est qu’invention. On évoque une dette de 30 milliards, c’est faux !