De nouvelles habitudes
Entre publications sponsorisées, concours en ligne et partages sur les réseaux, la Saint-Valentin 2.0 s’immisce dans le quotidien des jeunes Corses. Paul, 20 ans, admet ainsi avoir participé à plusieurs jeux pour l’occasion. « Si je peux remporter un cadeau pour ma copine, c’est tout bénéfice. » Avant même de connaître les résultats, il a déjà prévu fleurs et dîner : « Comme mes parents ! », s’amuse-t-il.
Plus que les achats, la digitalisation transforme aussi la rencontre. « Aujourd’hui, tout est plus facile sur les réseaux », observe Cédric Daudon, psychologue cognitive au centre Sur un nuage à Ajaccio. Les échanges amoureux se digitalisent « Que l’on ait 14 ans, 30 ans ou 72 ans, la mécanique de l’amour est la même. Cela dit, derrière un écran, tout est plus facile. On a beaucoup moins peur de “se prendre un râteau” sur les réseaux. »
Rencontres virtuelles avec souvent des faux profils : la Gen Z n’hésite plus à entamer une histoire en ligne. Paul utilise Tinder et Hinge, tout en avouant sélectionner une tranche d’âge supérieure à la sienne pour éviter de croiser des connaissances à Ajaccio.
Le phénomène est parfois teinté de malaise sur l’île : Paul admet cibler une tranche d’âge supérieure sur les applications de rencontres, pour éviter de croiser des connaissances à Ajaccio. Le spécialiste n’en est pas surpris : « En Corse, j’appelle ça le syndrome de la salle d’attente. Certains redoutent d’y croiser des gens qu’ils connaissent… qui sont pourtant là pour la même raison. Les esprits évoluent, mais avec un léger décalage par rapport aux grandes métropoles. »
Des relations réinventées
Pour le psychologue, ces nouveaux modes de communication bousculent aussi la sexualité. À travers les « sextos », chacun se dévoile davantage avant de franchir le cap. Une pratique sans gravité apparente mais qui peut être dangereuse. « Ce n’est pas négatif en soi, mais il faut être conscient des risques de diffusion involontaire d’images », met en garde le psychologue.
Malgré ces évolutions, l’essence même de l’amour perdure. « La finalité, c’est qu’il n’y a pas d’âge pour le chercher », conclut Cédric Daudon, rappelant que les outils numériques permettent également aux séniors de se lancer. Une preuve que même en Corse, l’ère digitale ne freine pas la quête de l’âme sœur, bien au contraire.