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Sartenais-Valincu : La problématique de l’irrigation de la vallée du Rizzanese et de la plaine de Baracci


Nicole Mari le Dimanche 14 Mai 2023 à 12:45

La nouvelle politique territoriale de l’eau a été adoptée lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, fin avril. Le 4 mai, le président de l’Office d’équipement hydraulique de la Corse (OEHC), Gilles Giovannangeli, était à Santa Lucia di Talla pour le lancement d’un Comité de pilotage (Copil) sur la création de deux réseaux d’eau brute pour irriguer les cultures sur la vallée du Rizzanese et la plaine de Baracci. Il revient pour Corse Net Infos sur la problématique de l’eau agricole dans le Sartenais-Valincu. Prudent sur le niveau de remplissage des barrages, il appelle les usagers à limiter dès aujourd’hui leur consommation d’eau pour éviter les pénuries estivales.



Barrage du Rizzanese. Photo site EDF Corse.
Barrage du Rizzanese. Photo site EDF Corse.
- Où en êtes-vous du projet d’irrigation des terres agricoles du Sartenais-Valincu ?
- La réunion du 4 mai à Santa Lucia di Talla concernait justement l’aménagement hydraulique du Rizzanese et du Baracci et s’inscrit dans un projet global de territoire sur l’ensemble du Sartenais-Valincu. Elus comme agriculteurs nous avaient clairement exprimé leur souhait de voir réaliser des aménagements hydrauliques afin de pérenniser et de développer l’activité agricole sur ce territoire. Pour mettre en œuvre ces projets, nous avons souhaité établir une méthode. L’ODARC et l’OEHC ont présenté cette démarche globale concernant l’ensemble du territoire en mai 2022 au lycée agricole de Sartène. Il s’agissait aussi de démontrer notre volonté de lancer concrètement les dossiers, alors au point mort, de l’irrigation de la vallée du Rizzanese et de la plaine de Baracci, comme celle de la vallée de Conca. La mise en application de la méthode s’est traduite en novembre 2022 par le lancement du Comité de pilotage (Copil) pour l’extension du réseau d’eau agricole vers la vallée de Conca. Une deuxième réunion de ce Copil est d’ailleurs programmée le 24 mai. La réunion de Santa Lucia di Talla a abouti, sur le modèle de celui de la vallée de Conca, à la création d’un comité de pilotage concernant le suivi de la création de deux réseaux d’eau brute agricole, basés sur le droit d’eau dont dispose l’OEHC sur le barrage EDF du Rizzanese. L’un sur la haute vallée du Rizzanese concerne notamment une agriculture de montagne et des oliveraies. L’autre sur les vallées médiane et basse du Rizzanese et la plaine de Baracci concerne une agriculture plus productive avec notamment de l’élevage, du fourrage, des prairies et du maraîchage.
 
- Quels sont les besoins d’eau pour la vallée du Rizzanese et la plaine de Baracci ?
- Le droit d’eau, dont dispose l’OEHC sur le barrage EDF du Rizzanese, est fixé à 1,6 million de m3 de mai à octobre, selon une répartition mensuelle convenue. Cela déterminera une surface irrigable en fonction des types de cultures et des techniques d’irrigation utilisées. Le protocole de mise à disposition des volumes d’eau par EDF à l’OEHC prévoit que 10% du droit d’eau soit consacré à l’irrigation de la partie haute de la vallée et que 90% soit consacré au reste de la vallée et à la plaine de Baracci. Une première étude sommaire nous laisse penser que ce droit d’eau sera suffisant pour irriguer les cultures présentes sur les deux vallées et permettre un développement agricole. Il est suffisant également pour pourvoir, comme prévu, à la construction du barrage et assurer les besoins en eau domestique des communes en demande, mais aussi la défense incendie. Cette première étude théorique doit, aujourd’hui, être confirmée par une étude de terrain plus importante et plus précise auprès des agriculteurs par nos partenaires de l’ODARC et de la Chambre d’agriculture. Une étape que nous avons décidé de lancer immédiatement à l’issue de la réunion du 4 mai.

Gilles Giovannangeli. Photo CNI.
Gilles Giovannangeli. Photo CNI.
- Quelle est la problématique du droit d’eau dont dispose l’OEHC sur le barrage du Rizzanese ?
- Le protocole, liant l’OEHC à EDF concernant les conditions de mise à disposition du droit d’eau, engendre des conséquences sur les infrastructures à réaliser par l’OEHC. En ce qui concerne l’irrigation de la haute vallée du Rizzanese, les études peuvent être immédiatement lancées. Cet aménagement ne nécessitera pas de lourdes infrastructures, mais uniquement la pose de canalisations permettant l’irrigation de parcelles à identifier lors de l’enquête de terrain. L’OEHC pourra ainsi définir le tracé et le dimensionnement des canalisations. Pour les médiane et basse vallée du Rizzanese et la plaine de Baracci, la situation est, pour l’heure, plus contraignante techniquement et financièrement. Afin de remédier à cette situation, avec les élus et les agriculteurs, nous avons convenu durant la réunion du 4 mai, d’entamer des négociations avec EDF afin de trouver un accord permettant une livraison du droit d’eau, en pression, juste avant l’usine hydroélectrique.
 
- Quel est l’état global des barrages ? Faut-il craindre des pénuries d’eau cet été ?
- Le remplissage de nos ouvrages est sensiblement le même que celui de l’année dernière à la même époque. Il est désormais indéniable, bien que les précipitations demeurent en volume assez similaires d’une année sur l’autre, qu’elles sont moins bien réparties dans le temps et dans l’espace. Le réchauffement climatique, lui, se poursuit et aggrave des sécheresses agricoles bien plus sévères qu’auparavant, engendrant des besoins en eau toujours plus conséquents qui pèsent fortement sur nos stockages. Il est donc, pour l’heure, compliqué de prédire ou non des pénuries d’eau pour cet été mais, à l’image de la campagne de sensibilisation que nous avons lancée la semaine dernière, nous invitons l’ensemble des usagers - professionnels, particuliers, agriculteurs - à adopter, chacun à leur niveau, des comportements responsables et à optimiser au maximum l’utilisation de l’eau pour tous les usages en limitant les consommations au strict nécessaire. Il est possible en améliorant nos pratiques et en adaptant nos habitudes à la nouvelle donne climatique de limiter nos consommations. La sobriété dans les usages doit désormais être au cœur des préoccupations de tous pour mettre toutes les chances de notre côté afin d’éviter les situations de pénurie.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.

Réunion COPIL à Santa Maria di Talla.
Réunion COPIL à Santa Maria di Talla.