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Sotta : La FDSA dénonce l'éviction d'un agriculteur et "l'urbanisation sauvage" de la commune


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Vendredi 21 Avril 2023 à 18:08

Vendredi 21 avril, la FDSEA de Haute-Corse a mené une action sur le terrain, à Sotta, pour dénoncer l’éviction d’un agriculteur de la terre qu’il exploite.



Crédit photo Core in Fronte
Crédit photo Core in Fronte
Guy Pacini est éleveur à Sotta. Depuis cinquante ans, il exploite un terrain sur la commune – une terre que son père exploitait déjà avant lui. A soixante-dix-huit ans, il a pris sa retraite, et sa femme, également agricultrice, lui a succédé. Le couple pensait passer le relais à leur fils : la troisième génération… Mais voilà, il y a quelques mois, Guy Pacini a découvert un panneau de permis de construire sur sa parcelle.

Renseignements pris à la mairie, il apprend qu’un exploitant forestier va y construire une scierie. Malgré l’autorisation initiale qui avait été accordée à son père et qui a été renouvelée tacitement depuis l’origine, la mairie de Sotta qui a délivré le permis de construire lui explique qu’elle est chez elle, qu’elle n’a aucun bail ou contrat avec lui et que, pour elle, ce terrain n’était pas exploité.

Entre légalité et moralité
La FDSEA de Haute-Corse a été saisie. Après enquête, elle a pris la décision de soutenir cet agriculteur, chassé de son terrain sans préavis. D’autant que toute son exploitation pourrait bien être menacée : il serait question – même si rien n’est encore confirmé – que d’autres parcelles sur lesquelles il travaille, au moins sur les communes de Sotta et Surbullanu, soient, elles aussi, récupérées par les mairies. « Même si la mairie a le droit d’agir ainsi d’un point de vue légal, explique le président de la FDSEA de Haute-Corse, Joseph Colombani, nous estimons que, moralement, elle n’en a pas le droit. C’est un vieil agriculteur, il y a tout un contexte… ».

La FDSEA était présente sur place, vendredi, pour dénoncer cette situation aussi dénoncée par des groupes politiques.




Un accord trouvé ?
Les choses seraient-elles en train de s’arranger ? Certains agriculteurs qui devaient initialement participer au rassemblement ne sont finalement pas venus : ils ont en effet expliqué qu’un accord avait été trouvé et qu’une compensation foncière serait proposée à Guy Pacini et sa femme. « Les Pacini ne sont pas au courant. Nous non plus. Mais si c’est le cas, nous nous félicitons que notre action ait pu servir à ça », précise Joseph Colombani.
Quoi qu’il en soit, Madame Pacini a fait faire – et a payé – sa déclaration de surface, il y a quinze jours, à la Chambre d’Agriculture de Corse-du-Sud, comme elle le fait tous les ans : les parcelles contestées y sont toujours incluses.

Le commencement de l’urbanisation de la zone ?
Mais pour Joseph Colombani, les interrogations vont au-delà du cas précis de cet agriculteur : « Nous continuons de penser que ce projet de scierie serait plus à sa place sur une zone industrielle, analyse-t-il. Et que, de plus, même si on devait le réaliser sur un terrain agricole, il serait vraiment bizarre de choisir un terrain comme celui-ci, au milieu de nulle part. Pour nous, si la mairie a choisi de l’implanter là, c’est un cheval de Troie : le commencement de l’urbanisation de cette zone. Et ce n’est pas la présence alibi de quelques exploitations qui nous fera penser le contraire. Quand on regarde la commune de Sotta et le contexte de l’extrême sud, on est en droit de penser que tout va y passer ! La commune de Sotta a déjà commencé son urbanisation sauvage. Nous, syndicalistes politiques, nous ne pouvons pas laisser à la seule clandestinité la responsabilité de la lutte contre la spéculation foncière et immobilière. »

​Affaire à suivre.