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Sous l'eau turquoise de Corse, la bataille de Mare Vivu contre les microplastiques


Cécile Orsoni le Samedi 6 Juillet 2024 à 12:22

Chaque année, l'association Mare Vivu organise la mission CorSeaCare, un tour de Corse de trois semaines à bord de deux trimarans pour sensibiliser le grand public à la question de la pollution en Méditerranée. Ce vendredi 5 juillet, les huit membres de l’équipe ont fait escale final à Ajaccio pour une conférence autour de la problématique des microplastiques.



Crédit photo Mare Vivu
Crédit photo Mare Vivu
Sous les bois flottés de la plage de Centuri, du microplastique. Ce vendredi 5 juillet, à l’Office du tourisme d’Ajaccio, la conférence de l’association environnementale Mare Vivu s’ouvre sur une image choc. Depuis 9 ans, les équipes de la mission CorSeaCare font le tour de la Corse à bord de deux trimarans pour sensibiliser le grand public à la lutte contre la pollution plastique. L’escale a pris fin aujourd’hui dans la cité impériale, après trois semaines de navigation engagée. Léa Bourglan, 24 ans, responsable scientifique de l’association, dresse un bilan alarmant de cette neuvième mission : « Quand on pense à la pollution, on imagine des bouteilles ou des sacs qui flottent à la surface de l’eau, mais ce que l’on retrouve de plus en plus, ce sont des microplastiques (moins de 5mm), invisibles à l’œil nu et issus des secteurs de l’emballage et de la production de nos objets du quotidien. Cette matière pollue nos écosystèmes et les organismes sur son passage. Le plastique ne disparaît jamais de l’environnement. Il s’infiltre dans nos vies et dans nos veines. Sa production augmente de manière exponentielle. Entre la Corse et l’Italie, on a retrouvé des concentrations de microplastiques 4 fois supérieures à celle du septième continent. Les plastiques vont se dégrader dans la mer et vont se fragmenter petit à petit, ils vont se miniaturiser et vont être ingérés par les espèces marines. Au bout de cette chaîne alimentaire, il y a l’homme. Chaque être humain ingère 5 grammes de plastique chaque semaine. » déplore-t-elle.

Accompagner citoyens et politiques pour lutter contre ce fléau
À l’origine, les équipes de la mission de CorSeaCare ramassaient les déchets pour les recycler. Puis ils se sont mis à faire de la collecte de données sur une dizaine de plages du Cap corse, comme l’explique Pierre-Ange Giudicelli, 31 ans, co-fondateur de l’association Mare Vivu : « Le recyclage est utile, mais il a ses limites. Le plastique recyclé va être utilisé pour créer de nouveaux objets... Grâce à ces échantillonnages scientifiques, on analyse les déchets pour construire une base scientifique incontestable et soutenir les leviers d’actions que l’on va ensuite présenter aux élus et aux entreprises pour les motiver à agir en amont. » Car les ambitions de CorSeaCare dépassent la seule responsabilisation du citoyen : « Nous souhaitons explorer l’action collective à l’échelle de la Corse et essayer de pousser l’ensemble des organisations majeures à s’organiser autour d’un mode de consommation moins dépendant de ce plastique jetable. » poursuit Pierre-Ange Giudicelli.

À ces fins, Mare Vivu a mis en place le programme Riparu, qui a pour vocation d’accompagner citoyens et politiques pour lutter contre ce fléau. « On ne se bat pas contre des hommes, mais contre des pratiques. C’est avec plein de petites actions que l'on arrive à quelque chose. » rappelle l'activiste. Un premier travail a été entamé dans trois communes du Cap corse : « On a fait un état des lieux avec les services municipaux et on leur a proposé des solutions à mettre en œuvre. » détaille Léa Bourglan. Parmi elles, l’installation de cendriers urbains pour limiter la dispersion des mégots, la remise en fonction de fontaines d’eau potable pour remplir les gourdes, ou encore l’instauration de vidéo surveillance dans les décharges sauvages. L’association travaille également à la production d’une série documentaire issue de ces neuf années de navigation en Méditerranée. Chaque épisode sera accompagné d’un guide pratique condensé. « Il n’y aura pas de retour en arrière, aidez-nous à préserver la Méditerranée. » conclut Léa Bourglan.