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Réchauffement climatique : un rapport alerte sur les conséquences extrêmes en Corse


le Samedi 21 Septembre 2024 à 16:26

Dans une récente publication, le réseau Action Climat France en partenariat avec l'ADEME réalise un panorama des impacts du changement climatique dans toutes les régions de France, et s'intéresse notamment à la Corse.



(Archives CNI)
(Archives CNI)
Dès 2050, « la zone côtière de la Corse sera soumise à un climat qui ressemble à celui de Tunis aujourd’hui ». C’est l’une des conclusions du rapport consacré à la Corse que le réseau Action Climat  France vient de réaliser en partenariat avec l’ADEME dans le cadre d’un panorama des impacts du changement climatique dans toutes les régions de France. 
 
S’il rappelle que le climat de la Corse « présente la particularité d’être à la fois très influencé par son littoral et par ses zones montagneuses », ce document note en premier lieu une « hausse des températures observée dans toute l’île » qui est cependant « loin d’être uniforme entre ces deux types d’espaces ». « Par rapport aux années 1970, ce réchauffement est estimé à +1°C sur la côte et à +2°C au-dessus de 500 mètres d’altitude », observe Action Climat en annonçant que « dès 2050, la température devrait atteindre +1,4°C à +1,9°C par rapport à 1976-2005 » et qu’ « en fin de siècle, le réchauffement de la Corse atteindrait jusqu’à +4°C – et donc encore plus en montagne – selon le pire scénario ». Dans ce droit fil, alors que 30 vagues de chaleur ont eu lieu depuis l’année 2000, dans ses projections le réseau estime que « d’ici 2100, la Corse connaître 35 à 63 journées chaudes (dont la température dépasse les 25°C) supplémentaires par an par rapport à la fin du XXème siècle selon notre niveau d’émissions de gaz à effet de serre ». « Les zones autour des massifs montagneux d’Evisa et Zonza seraient les plus exposées de l’île », affirme-t-il. 
 
« Les 46°C, voire plus, seront vraisemblablement atteints »
 
En outre, l’organisme annonce que « d’ici 2050, 9 habitants sur 10 connaîtront plus de 30 nuits tropicales – dont la température ne descend pas sous les 20°C – par an, avec de réelles répercussions sur les organismes, qui récupèrent mal lors de ces épisodes de chaleur ». « En Corse, qui abrite la population la plus âgée de France, cela représente un risque majeur de santé publique, en particulier dans les territoires urbanisés et les grandes villes qui subissent un effet d’îlot de chaleur urbain », s’alarme-t-il en assurant en outre que le record de chaleur actuel de 43,4°C enregistré à Sartène en 2009, devrait être « largement dépassé dans les décennies à venir ». « Les 46°C, voire plus, seront vraisemblablement atteints », projette-t-il. 
 
Pis, selon Action Climat, « en haute altitude, ce réchauffement va encore plus vite : la température a bondi de +5,2°C depuis 1970 à 2000 mètres d’altitude ». « À ce rythme-là, les conséquences sur les écosystèmes sont désastreuses, tout comme sur le cycle de l’eau », déplore Action Climat en déroulant : « Les précipitations tombent de plus en plus sous forme de pluie au détriment de la neige, qui fond également plus vite. Par conséquent, l’enneigement est en forte baisse, ce qui impacte l’alimentation des cours d’eau ». Si le cumul des pluies ne baisse pas, le réseau relève toutefois qu’elles sont « moins bien réparties au cours de l’année et les épisodes de précipitations extrêmes se multiplient ». « Dans ces cas, en plus d’entraîner un risque de débordement des cours d’eau, la pluie tombe en trop grande quantité pour être absorbée par les sols et une proportion importante est donc évacuée directement dans la mer », pointe-t-il. 
 
« À Porticcio, on perdrait 3 à 6 mètres de plage pour une hausse du niveau de la mer de 30 cm »
 
Par ailleurs, l’organisme constate que l’évapotranspiration favorisée par la hausse des températures entraine une baisse du taux d’humidité des sols, et cause des épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents qui impactent notamment directement le secteur de l’agriculture. En outre, ces sécheresses récurrentes et les fortes chaleurs « sont également deux ingrédients qui nourrissent le risque de feux de forêts, réunissant les conditions propices à leur déclenchement, leur maintien et leur propagation ». « Ce risque devra augmenter de 10 à 30% d’ici la fin du siècle selon les estimations du Cerema », souligne Action Climat en notant que que les « paysages forestiers sont par ailleurs amenés à changer, avec des végétations plus basses se rapprochant de garrigues ». 
 
Les littoraux sont pour leur part en proie aux risques de submersion marine et à l’érosion des sols, deux phénomènes aggravés par l’élévation du niveau de la mer. « Ce dernier augmente à un rythme estimé de plus de 3mm par an, qui continue d’accélérer avec le réchauffement climatique. Cela accélère l’érosion côtière qui grignote peu à peu les plages et espaces littoraux. À Porticcio, par exemple, on perdrait 3 à 6 mètres de plage pour une hausse du niveau de la mer de 30 cm », soulève le réseau en évaluant qu’à ce rythme, « 10 à 20% de la plage pourrait avoir disparu en 2050 ». 
 
Des conséquences dramatiques sur la biodiversité 
 
Enfin, le rapport met également évidemment en exergue que le réchauffement climatique met la riche biodiversité de l’île en danger en entraînant « un véritable bouleversement des écosystèmes lié à la hausse des températures, au stress hydrique, ou encore aux évènements extrêmes ». « Les milieux d’eau douce sont particulièrement affectés par la baisse du débit des cours d’eau ainsi que leur réchauffement », explique Action Climat. Mais la hausse des températures a aussi pour impact direct de modifier les aires de répartition des espèces aussi bien en eau douce qu’en mer, causant la disparition de certaines espèces sous la pression de nouvelles concurrences. Les herbiers marins, indispensables à la biodiversité sous-marine, sont eux-aussi particulièrement menacés, tandis que les canicules marines entraînent des épisodes de mortalités massives pour de nombreuses espèces et a notamment un impact certain sur les coraux. « On estime que la réserve naturelle de Scandola a déjà perdu 70% de son effectif corallien », appuie Action Climat avant de conclure : « comme indiqué par un rapport de l’UICN de 2018, « les conséquences du changement climatique provoqueront la disparition des principaux monuments naturels de Corse » ».