En Corse, 48 100 emplois, soit 28 % des postes salariés, sont jugés compatibles avec le télétravail. C’est ce que révèle une étude de l’Insee, publiée ce mardi 19 novembre. Ce pourcentage, en retrait de cinq points par rapport à la moyenne nationale (33 %), illustre les spécificités économiques de l’île, où prédominent des secteurs peu compatibles avec le télétravail.
Un tissu économique qui freine le télétravail
La structure économique insulaire joue un rôle central dans ce retard. L’hébergement-restauration et la construction, qui représentent 23 % de l’emploi en Corse contre 11 % à l’échelle nationale, nécessitent une présence physique importante, rendant difficile l’adoption du télétravail, note l'étude. Les métiers de cuisinier, serveur, employé d’hôtellerie ou ouvrier du bâtiment restent majoritaires dans ces secteurs.
À l’inverse, les services dits à haute valeur ajoutée, tels que la finance, la comptabilité, ou les activités scientifiques et techniques, bien plus enclins au télétravail, ne représentent que 7 % des emplois insulaires, contre 14 % au niveau national. Dans ces secteurs, près de deux tiers des postes sont télétravaillables, mais leur faible poids dans l’économie corse limite l’impact global.
L’administration publique et l’enseignement se distinguent toutefois comme des bastions du télétravail sur l’île. Selon l’étude, 56 % des emplois y sont compatibles avec ce mode de travail, notamment grâce à la nature informatisée des tâches administratives et de gestion. Ces deux secteurs représentent la moitié des emplois télétravaillables en Corse, bien que cela ne concerne qu’un quart des emplois totaux.
Ajaccio et Bastia en tête, des disparités territoriales marquées
Les deux principales agglomérations corses concentrent une large part des emplois télétravaillables. À elles seules, Ajaccio et Bastia regroupent 57 % de ces postes, contre 48 % de l’emploi total insulaire. Cette surreprésentation s’explique par la forte implantation de l’administration publique, de l’enseignement et des services à haute valeur ajoutée, qui totalisent un tiers des emplois dans ces zones, contre un quart dans le reste de l’île.
La communauté de communes du Centre Corse, présente également un potentiel notable, avec 42 % d’emplois télétravaillables. La présence de l’Université de Corse, dont les activités s’appuient sur des outils numériques et des tâches dématérialisées, joue un rôle clé, selon l'INSEE.
Cependant, dans de nombreuses intercommunalités rurales et touristiques, le télétravail reste une exception. Dans l’Alta Rocca, le Cap Corse ou encore la communauté de communes du Taravo, moins de 20 % des emplois peuvent être exercés à distance. L’hébergement-restauration et l’agriculture, prédominants dans ces territoires, freinent cette transition. À titre d’exemple, dans la Communauté de communes de l'Oriente, 43 % des emplois sont liés à l’agriculture, un secteur difficilement compatible avec le télétravail.
Les nouveaux enjeux du travail à distance
En Corse, Bien que son adoption soit limitée, le télétravail, fortement accéléré par la crise sanitaire de 2020, ouvre de nouvelles perspectives en matière de gestion des déplacements domicile-travail, de répartition territoriale de l’emploi, et même d’évolution du marché immobilier. L’étude de l’Insee met également en lumière les inégalités sociales liées à ce mode de travail. Comme le souligne le rapport, « les services à haute valeur ajoutée et administratifs regroupent la moitié des emplois télétravaillables, un potentiel qui reste à exploiter pleinement. »