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Transports aériens et maritimes : vers une nouvelle flambée des prix en Corse ?


Léana Serve le Lundi 14 Avril 2025 à 17:07

Face à l’augmentation des taxes écologiques et des normes européennes sur les carburants, les prix des transports aériens et maritimes devraient prochainement connaitre une hausse sensible pour les résidents corses. Lors de son conseil d'administration, ce lundi matin, l'Office des Transports de la Corse a alerté sur les conséquences sociales et économiques de cette évolution et a à nouveau demandé à l’État de réindexer l’enveloppe de continuité territoriale.



Archive CNI
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Le prix des billets d'avion et du fret maritime vont ils prochainement connaitre une nouvelle envolée ? À l'occasion du conseil d'administration de l’Office des Transports de la Corse (OTC), ce lundi matin à Bastia, son président, Jean-Félix Acquaviva a tiré la sonnette d’alarme. En effet, selon lui l’augmentation des coûts des transport aériens et maritimes entre la Corse et le continent vont prochainement connaître une hausse du fait de l’instauration de nouvelles taxes écologiques et à de nouvelles normes européennes sur les carburants. Une augmentation des prix qui aura notamment un impact visible sur le tarif résident dans l'aérien.

En effet, si dans la dernière Délégation de Service Public - votée fin 2023 pour les liaisons entre les quatre aéroports corses et Marseille et Nice début 2024 pour la desserte de Paris - les prix  avaient été maintenus à un niveau raisonnable malgré les incertitudes pesant sur la réindexation de l'enveloppe de continuité territoriale - une aide octroyée par l’État pour faciliter la mobilité des résidents entre l’île et le continent - différentes taxes vont bientôt avoir un effet délétère. “À cause de la hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion votée par l’Assemblée nationale, un aller-retour vers Paris va coûter 14,80€ de plus”, déplore ainsi tout d'abord Jean-Félix Acquaviva. Mais plus loin, le prix des billets d'avion va également être impact par de nouvelles normes européennes sur les carburants, qui imposent aux compagnies aériennes et maritimes d’utiliser des carburants moins polluants, mais plus chers que ceux utilisés jusqu’alors. De quoi ajouter encore une dizaine d'euros à un aller-retour vers Paris. Enfin, les taxes aéroportuaires à Nice, Marseille et Paris vont également augmenter. Au résultat, “le billet d’avion pour Paris va passer de 190 à 230 euros, voire 240€ TTC”, s’alarme Jean-Félix Acquaviva. “Pourtant, le tarif hors taxes est resté à 132€, ce qui signifie qu’on a plus de 100€ de taxes. C’est la même chose pour le bord à bord, puisqu’on va passer d’un billet à 99€ à un billet à 130€ TTC.”

Les conséquences de ces nouvelles normes ne s’arrêtent pas là, puisque le fret maritime étant aussi touché par ces augmentations. Si depuis 2015, les prix du transport de marchandises a diminué pour favoriser les entreprises exportatrices, avec des tarifs passant “de 46€ hors taxes par mètre linéaire à 20€ hors taxes”, l'augmentation des taxes liées à la réglementation environnementale pourrait entraîner une hausse des prix du fret “de 9 à 14 %”, menaçant ainsi la compétitivité des entreprises corses, notamment dans des secteurs comme la viticulture ou l’agroalimentaire. “C’est un vrai sujet politique qui touche économiquement et socialement la Corse, puisqu’augmenter le fret, c’est aussi impacter négativement le pouvoir d’achat”, indique le président de l’OTC.


Réindexer l’enveloppe de continuité territoriale

Face à cette situation, l’OTC appelle l’État à prendre des mesures urgentes pour “réindexer l’enveloppe de continuité territoriale”, qui n’a pas été ajustée depuis 2009, ce qui rend son montant insuffisant face à l’augmentation des taxes. “Les 33 millions d’euros injectés par l’État il y a trois ans, les 40 millions d’euros il y a deux ans, et les 50 millions d’euros cette année, ont été présentés comme un luxe par l’État, alors qu'il s'agit simplement de rattraper le fait que l’enveloppe n’était plus indexée depuis 2009”, dénonce Jean-Félix Acquaviva. L’OTC demande donc à ce que cette enveloppe soit abondée “sur une base de 237 millions d’euros sur la TVA dès 2026”, afin de garantir la pérennité de la continuité territoriale. “Il est nécessaire de réindexer l’enveloppe de continuité territoriale pour assumer l’ensemble des contrats de service public dans les secteurs maritime et aérien. Si nous n’avons pas cette indexation sur la TVA, qui est quelque part une autonomisation fiscale avant l’heure, nous ne pourrons pas assumer le principe de continuité territoriale.”

Jean-Félix Acquaviva souligne que sans cette réindexation, “toutes les personnes qui se déplacent pour se soigner vont être impactées, et le monde économique sera également impacté”. “La destination touristique risque d’être hors concurrence, parce que les tarifs vont aussi être à la hausse sur les compagnies low cost”, précise-t-il. Le président de l’OTC alerte ainsi sur une approche nationale des finances publiques qui, selon lui, ne tient pas suffisamment compte des contraintes liées à l’insularité. “Si l’intérêt de l’État est de considérer qu’il ne faut plus de continuité territoriale vis-à-vis de la Corse, qu’il ne faut plus de tarif résident et qu’il ne faut pas atténuer le surcoût d’insularité pour les entreprises, nous sommes sur deux visions de la société totalement divergentes", développe-t-il avant de conclure : “Il faut que l’État revienne à la raison, sinon nous serions obligés d’être dans la mobilisation et le combat. Le transport maritime et aérien, c’est l’intérêt vital d’une île, et nous ne laisserons pas l’État dire n’importe quoi sur ce sujet.”