Ce témoignage reflète le sentiment partagé par de nombreux voyageurs qui ont opté pour le train pour se déplacer pendant leurs vacances. Les Chemins de fer de la Corse (CFC) constatent avec satisfaction que la fréquentation en 2023 est similaire à la période pré-pandémique. "Au mois de mai et de juin, la fréquentation des trains a augmenté de 4%", confirme Jean-Baptiste Bartoli, directeur général des CFC. Il ajoute que la fréquentation de juillet est "stable" par rapport à l'année précédente, générant près de 630 000 € de recettes. Parmi les destinations prisées, la liaison entre Calvi et l'Île Rousse en Balagne se démarque avec une forte augmentation de fréquentation. Les liaisons Ajaccio-Corte, Ajaccio-Vizzavona et Bastia-Vizzavona connaissent également une popularité grandissante pendant la saison estivale.
Une alternative économique
Outre l'attrait des paysages, l'aspect économique joue un rôle essentiel dans le choix du train comme moyen de transport sur l'île. Marfa, une Italienne de 36 ans, explique avoir hésité à prendre un taxi, mais les prix l'ont refroidie "le chauffeur de taxi m’a dit que ça me coûterait plus de 300€" soupire la jeune femme qui vient sur l’île pour la première fois.. Elle a finalement opté pour le train, soulignant que le coût de son trajet s'élève à seulement 21 €. Cette perspective est partagée par Camille et Marc, deux étudiants de 20 ans aux moyens financiers limités, qui ont parcouru la Corse en train : "C'est le plus économique pour se déplacer. Pour aller jusqu’à Corte, on a payé 20 € à deux, je pense qu’on ne pouvait pas trouver mieux en termes de prix." L’argument économique joue en faveur du chemin de fer en ce qui concerne les déplacements sur l’île, "parce que le train est un moyen de transport abordable pour les touristes", rappelle Jean-Baptiste Bartoli, mettant ce mode de déplacement en concurrence avec le bus ou la voiture. "Si vous voulez aller de Calvi à l’île Rousse, ça vous coûte à peine 6€, ça s’adapte à la bourse de chacun", souligne-t-il.
Néanmoins, malgré ces avantages, selon les usagers le faible nombre de courses reste un point faible du système ferroviaire insulaire. Steve, un saisonnier niçois est arrivé à la gare à 10 heures et a déchanté lorsqu’il a compris la situation: "la femme au guichet m’a indiqué que le prochain train pour Algajola est à 17 heures, c’est pour ça que j’attends dans la gare, soupire-t-il. C’est vrai que c’est économique comme moyen de transport sur l’île quand on n’a pas de voiture, mais c’est une galère pour avoir un train". Les CFC ont pris cela en compte et travaillent sur le raccourcissement des délais en introduisant une commande centralisée de voie unique, prévue pour septembre 2024. "Tout ça doit évoluer avec l’arrivée de la commande centralisée de voie unique, qui doit voir le jour en septembre 2024", assure Jean-Baptiste Bartoli.
Ce projet, qui est déjà en place entre Bastia et Casamozza, permettra de réguler le trafic ferroviaire automatiquement, en contrôlant à distance les aiguillages des tronçons, ce qui n’est pas encore le cas sur tout le réseau. "Grâce à cela, nous pourrons augmenter le nombre de rotations de trains dans les périurbains d’Ajaccio et de Balagne, ainsi que sur la grande ligne. En mettant plus de moyens au regard des nouveaux besoins de mobilité, cela amènera plus de fréquentations, mais également davantage de trains", promet le dirigeant.