Du haut de ses vingt-cinq mètres, u campanili di Livia se réjouissait de voir a Piazzona pièna di mondu et toutes ces personnes endimanchées les jours de grand-messe. Il exprimait la joie villageoise avec sa volée dominicale ou sa volée de mariage toutes cloches en mouvement. La semaine et les jours ordinaires, il distillait le tintement des heures, de l’angélus ou du glas qui répandait la mauvaise nouvelle : « Quali sara mortu ? ».
Il nous arrivait d’entendre le tocsin lorsqu’un villageois s’était égaré ou n’était pas rentré la nuit tombée. Cette alerte rassemblait les gens sur la place de l’église pour l’organisation des recherches. Le son de ses cloches n’était un secret pour personne, son code était connu, le village battait au rythme du clocher.
Son souffle a changé. S’il donne encore l’heure à son cadran, les cloches s’engourdissent et ne sonnent que très épisodiquement, le plus souvent a murtoriu. (le glas) Il annonce encore quelque fête lorsqu’un moine venu d’ailleurs se trouve disponible pour un passage à Lévie. Comme la foi, la joie n’est plus ce qu’elle était, les habitudes se sont perdues, les gens s’interrogent : « Chi sò si campani ? ».
Seuls les touristes s’émerveillent encore, Kodak en main, en visitant à ses pieds l’église Saint Nicolas et son atmosphère froide toujours chargée d’histoire.
Simon DOMINATI